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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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malédiction à ce village et la mort à mon peuple.
    Queue de Lemming s'assit sur les talons. Dyenen était comme une ombre dans ses fourrures. Il s'appuya sur un coude.
    — Dis-moi où est Souriceau et je m'en irai, proposa Queue de Lemming.
    — C'est impossible. Je t'ai donnée aux marchands, ainsi que Shuku.
    La peur enfla dans la poitrine de Queue de Lemming. Il avait osé !
    — Qu'ils emmènent Shuku, mais laisse-moi rester avec toi et Souriceau. J'ai promis de te donner un fils. Tu dois me permettre de tenir ma promesse.
    — Tu m'as promis un fils. J'ai choisi Souriceau.
    — Il ne t'appartient pas, protesta Queue de Lemming. Il n'appartient même pas au Corbeau, bien que le Corbeau ne le sache pas. Donne-le-moi et je le ramènerai à son vrai père.
    — Il est à moi, dit Dyenen. Quitte ma demeure. Quitte mon village. Je ne t'en empêcherai pas. Mais tu ne peux avoir Souriceau.
    Il lui tourna le dos.
    Queue de Lemming prit plusieurs longues inspirations et scruta les murs à la recherche d'une arme à utiliser contre l'homme afin de l'obliger à lui dire où était caché Souriceau. Mais toutes étaient derrière la chambre de Dyenen. Ses yeux s'emplirent de larmes rageuses et les charbons du foyer devinrent comme des boules rouges et orangées. Serrant les dents, elle tira une peau de caribou du sol qu'elle tordit et tint au-des-sus des tisons. Puis elle emporta la peau en feu jusqu'au lit de Dyenen.
    L'homme s'assit sur son séant, le souffle coupé.
    — Dis-moi où est Souriceau ! hurla Queue de Lem-ming en abaissant la flamme juste au-dessus de la tête du vieillard.
    Dyenen leva les yeux.
    — Dans la maison longue au bord extrême du village. Tu connais ce chasseur. C'est Donne de la Viande. Sa femme est Guetteuse de Poissons.
    Queue de Lemming hésita.
    — Je ne mens pas, insista Dyenen. Il y est.
    Elle voulait jeter la peau de caribou dans l'âtre, au milieu du cercle de pierres, mais alors qu'elle se retournait, Dyenen la poussa violemment. Elle tomba sur le cuir brûlant. Le feu lécha son visage et ses mains et elle roula pour se libérer de la peau qui tomba sur les fourrures qui enveloppaient les jambes de Dyenen. Celui-ci battit les flammes de ses mains.
    Queue de Lemming bondit sur ses pieds, s'avança vers lui et s'arrêta. Elle l'observa un moment puis, esquissant un sourire, courut au-dehors.
    Elle entendit Dyenen hurler, s'arrêta, puis reprit sa course en direction de l'habitation de Guetteuse de Poissons.
    Que le vieil homme brûle, se dit-elle. Jamais il ne m'enlèvera Souriceau.
    Le bruit s'infiltra dans les rêves de Samig mais bientôt, Kayugh l'appelait. Samig enveloppa son fils dans une peau et le posa contre le mur le plus éloigné du tunnel d'entrée.
    — Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il à son père qui rampait déjà dehors. Dois-je laisser l'enfant ?
    — Non, répondit Kayugh. Il y a le feu à plusieurs habitations. Il pourrait s'étendre. Prends les outres d'eau.
    Samig retourna à l'intérieur, prit Shuku dans ses bras, tira la bandoulière de ses paquets et fixa le garçon dans son dos, bien serré. Puis il détacha les outres des pieux et suivit son père.
    Dans l'obscurité, les flammes étaient trop vives pour ses yeux.
    — C'est la demeure du vieil homme ! s'écria Kayugh.
    Mais Samig observait les autres hommes. Certains tapaient sur les flammes avec des peaux, d'autres éven-traient des outres d'eau qu'ils jetaient à la base du feu. Samig les imita mais les flammes semblaient prendre des forces et s'étaler.
    — Dyenen est-il sauf? appela Samig.
    Nul ne répondant, Samig comprit que personne ne connaissait la langue des Premiers Hommes.
    — Dyenen ! Dyenen ! s'écria-t-il, jusqu'à ce qu'une femme en larmes pointe du doigt en direction du logis du vieil homme.
    Alors, dans les flammes, Samig vit quelqu'un bouger. Il dénoua la bandoulière de Shuku et tendit l'enfant à Kayugh. Samig prit une outre d'eau des mains d'une femme toute proche, l'ouvrit de son couteau de manche et versa l'eau sur sa tête et le devant de son parka. Il courut à travers les flammes, se déplaçant à vive allure, sentit la brûlure des charbons et de la terre chaude sous ses pieds nus. Il inspira profondément et ce fut comme si le feu répandait ses longs doigts à l'intérieur de sa poitrine. Il attrapa enfin celui qui était dans les flammes. C'était Dyenen, cheveux incandescents, peau noircie, chair rouge et à vif aux endroits où la peau brûlée avait

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