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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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comprend-elle le pouvoir de ma canne, s'esclaffa Waxtal. La sagesse ne s'acquiert jamais sans douleur.
    12
    — Ces trois sculptures et un ventre de lion de mer d'huile, dit Waxtal.
    Le plus vieux des commerçants, celui qui portait des lignes noires tatouées sur les joues, s'empara d'une des figurines qu'il fit tourner dans ses mains.
    — C'est toi qui as fait ça ?
    Waxtal acquiesça d'un signe de tête.
    — On nous a dit que ta fille sculpte.
    Waxtal ricana. Qui d'autre que Samig raconterait pareille ineptie. Samig était un crétin. Il ferait mieux d'oublier Kiin. Il était préférable pour elle d'être la femme du Corbeau que d'appartenir à Samig, surtout maintenant qu'il avait une main abîmée. Mais peut-être les commerçants s'étaient-ils autrefois rendus au village du Corbeau et l'y avaient-ils vue.
    — C'est la femme d'un chaman — le Corbeau, des Chasseurs de Morses. Vous avez visité ce village ?
    — Possible.
    Waxtal s'éclaircit la gorge et tenta de se rappeler le nom des marchands. Tout le monde aime s'entendre appeler par son nom. Le plus vieux était Hibou, oui. Quant au plus jeune, son nom avait également trait aux oiseaux.
    — Ce sont tes sculptures, pas les siennes ? s'enquit le plus jeune.
    La chaleur se répandit sur le visage de Waxtal qui répondit le plus calmement possible :
    — Ce sont mes sculptures.
    Hibou se dirigea vers son ik d'où il extirpa plusieurs paquets pour trouver enfin une sculpture en bois. C'était un phoque. Elle était lisse, sans le moindre grain, et Waxtal voyait bien qu'elle ne portait aucune trace de couteau — comme si la mer elle-même l'avait façonnée.
    — Ta fille est Kiin ?
    Waxtal hocha la tête.
    Le commerçant montra la sculpture sur sa paume tendue.
    — C'est une des siennes.
    Waxtal voulut la prendre mais au moment où ses doigts effleurèrent la figurine, le bois était brûlant. Il recula la main.
    Le commerçant leva les sourcils.
    — Tiens, tu peux la soupeser si tu veux.
    Le cœur de Waxtal battit à tout rompre, ainsi que ses tempes, ses poignets et même l'intérieur de ses genoux. Il y avait là un esprit qu'il ne comprenait pas. Quelque chose dans le bois. Il tourna la tête pour cracher mais il avait la bouche sèche. Alors il toussa. Se tournant à nouveau vers Hibou, il dit :
    — J'ai déjà vu le travail de ma fille. Qui lui a tout appris, à ton avis ?
    Le commerçant haussa les épaules et rangea la statuette.
    — Nous nous rendons chez les Chasseurs de Baleines.
    — Ainsi que tu me l'as dit.
    — Alors tu sais que nous n'avons nul besoin d'huile excepté pour notre usage personnel. Si les Chasseurs de Baleines ont besoin d'huile de phoque pour leur nourriture, ils s'en procurent à la chasse. Et qui a besoin d'huile de phoque quand il possède de l'huile de baleine ?
    — Les Chasseurs de Baleines aiment les sculptures.
    — Pourquoi échanger contre les tiennes quand on peut obtenir celles de ta fille ?
    Waxtal éclata de rire.
    — Tu crois qu'ils accepteraient l'œuvre d'une femme de préférence à celle d'un chasseur, Hibou ?
    — Qui leur dira que ces sculptures sont l'œuvre d'une femme ? rétorqua le plus jeune avec un sourire.
    — Trois figurines et deux ventres d'huile, grogna Waxtal.
    — On pourrait penser que ce n'est pas assez, objecta Hibou.
    Avant que Waxtal n'ait le temps de faire une autre offre, les deux hommes s'éloignèrent.
    13
    Qui ferait confiance à cet homme ? songea Kayugh. Mais quel mal y avait-il à accéder à sa demande ? Maintenant qu'Amgigh était mort, il leur fallait quelqu'un pour façonner leurs têtes de lance et leurs couteaux. Mieux valait encore que Waxtal fasse des armes que des sculptures. Quel inconvénient à lui prêter le panier contenant les pointes d'andésite d'Amgigh ?
    — Je te les rendrai, dit Waxtal. C'est seulement que j'apprendrai plus vite en les étudiant de près. Tu sais que je ne serai jamais aussi bon que ton fils, ajouta-t-il en plongeant les yeux dans ceux de Kayugh.
    Pour une fois, il y eut dans ce regard une honnêteté que Kayugh pouvait respecter.
    — Peut-être son talent te viendra-t-il de ces pierres, lui dit ce dernier en tendant le panier.
    — Trois sculptures, deux ventres de lion de mer d'huile et ceci.
    Waxtal tendit à Hibou le panier de têtes de harpon. L'homme fouilla, tendant à l'occasion une pointe à son frère.
    — Elles sont bien... Mais les Chasseurs de Baleines auront peut-être mieux, se hâta d'ajouter

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