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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Samig. Et à ma mère aussi. Où sont les pointes de lance ?
    — Il les a troquées.
    Tous les hommes regardèrent Coquille Bleue qui se tenait maintenant debout au milieu de ses paniers et de ses nattes d'herbe.
    — Il les a troquées, ainsi que de l'huile et quelques sculptures.
    — Femme ! éructa Waxtal.
    Il se libéra de l'emprise de Samig et plongea vers son épouse. Mais Kayugh et Premier Flocon l'entouraient et Longues Dents se plaça à côté de Coquille Bleue.
    — Contre quoi ? s'enquit Samig dont les mots se bousculaient entre deux respirations, comme s'il courait.
    Coquille Bleue se rendit alors dans la chambre de Waxtal et revint avec une défense de morse presque aussi longue qu'elle.
    — Ceci et une autre.
    — Tu as brisé mon vœu, dit Waxtal. Tu es allée dans ma chambre en mon absence et tu as rompu les promesses aux esprits. Que vais-je sculpter, désormais ? Tu as maudit l'ivoire de tes mains.
    — Tu l'as maudit de tes mensonges, rétorqua Longues Dents à Waxtal.
    — Tu ne fais plus partie de ce village, prononça alors Samig. Tu n'es pas Premiers Hommes. Prends ton ikyak et va-t'en.
    Waxtal dévisagea Samig, ourla les lèvres comme s'il allait cracher, mais Kayugh ouvrit les doigts pour montrer qu'il tenait un couteau de manche dans la main, pointe en avant.
    — Prends tes bottes et ta lampe de chasseur. Prends ta canne. Rien de plus.
    — A manger ? demanda Waxtal.
    — Tu as échangé ta nourriture contre les défenses, remarqua Samig. Prends-les et mange-les. Tu étais prêt à nous faire mourir de faim pour elles. C'est toi qui mourras de faim.
    Kayugh lâcha Waxtal qui se précipita dans sa chambre pour en rapporter la deuxième défense.
    — Femme, dit-il en attachant les défenses avec un lien de varech tressé, va chercher mes bottes et ma lampe. Prends ton suk et tes fourrures de nuit.
    — Non, intervint Longues Dents. Pas question qu'elle meure à cause de tes méfaits. Désormais, elle est mon épouse.
    Coquille Bleue écarquilla les yeux. Pourtant, elle s'approcha de Longues Dents.
    Les lèvres de Waxtal tremblèrent.
    — Je vais mourir.
    — Nous pourrions tous mourir, répondit Samig. Tu aurais dû y penser quand tu as troqué notre huile.
    Waxtal se tut un long moment. Puis il leva les yeux sur Longues Dents et dit :
    — Ordonne-lui d'aller chercher mes bottes et ma lampe. Je ne sais pas où elle les range.
    Longues Dents secoua la tête.
    — Tout homme avec des yeux peut voir où elles sont, dit-il en tirant l'attirail des chevrons pour le tendre à Waxtal qui lança, l'air mauvais :
    — Es-tu femme, maintenant, que tu accomplisses une tâche de femme ?
    Coquille Bleue s'interposa entre les deux hommes et gifla Waxtal.
    — Prends garde à la façon dont tu t'adresses à mon époux.
    Waxtal leva la main et Kayugh crut bien qu'il allait frapper Coquille Bleue. Mais Waxtal laissa tomber son bras et quitta l'ulaq, la marque des doigts de Coquille Bleue rouge sur son visage.
    15
    Waxtal pagaya jusqu'au rivage. Le village était trop loin pour être visible, mais de la fumée blanche sortait des toits, éclairant le ciel. Les vagues de la mer du Nord venaient de l'embouchure de la baie cogner contre les flancs de son ikyak.
    — Ce soir, je reste là, dit-il à voix haute afin que les esprits rôdant non loin sachent qu'il n'avait pas peur de vivre seul.
    Mais sa voix sonnait faiblement dans le tumulte des vagues et du vent.
    Il sortit sa lampe de chasseur. Ils ne lui avaient pas donné d'huile mais il restait une fine couche de suif durci au centre de la lampe. Il en gratta un peu à l'aide de son ongle.
    — Ils croient ne m'avoir rien donné à manger, dit-il avec un rire forcé.
    Il lécha l'ongle de son pouce et fouilla dans sa manche où il avait dissimulé plusieurs morceaux de poisson séché. Il mangea le plus petit puis tira son ikyak dans l'herbe haute sur le bord le plus élevé de la plage.
    Il reconnut une touffe de belle ivraie. Oui, c'était là que Coquille Bleue et les autres femmes venaient couper l'herbe à paniers. Avec une moue, il tira l'herbe par les racines, poignée après poignée, jusqu'à dénuder une zone de la taille d'un ulaq. Qu'elles viennent l'été prochain chercher de l'herbe !
    Il la ramassa par brassées qu'il emporta jusqu'à son bateau. Il étendit alors l'herbe en une couche épaisse. A l'aide d'une corde en fibre de varech tressé, il attacha le bateau sur le flanc puis le coucha contre le vent. Il observa

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