Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
aurait demandé Himmler selon son propre rapport.
Niedzialkowski souleva ses lunettes et lui lança un regard dédaigneux.
— De vous, je n’attends et je n’espère rien. Je combats contre vous.
Peu de temps après, Himmler fit fusiller ce fier et irréductible leader des ouvriers.
Le PPS était nourri de l’idéologie marxiste telle qu’elle était à ses débuts, au XIX e siècle, et il n’avait jamais changé de point de vue. Il croyait que les moyens de production doivent être sous le contrôle du gouvernement, il réclamait une économie nationale planifiée et organisée, le partage de la terre entre les paysans et, politiquement, une démocratie parlementaire.
Le Parti national-démocrate était aussi profondément enraciné dans la conscience politique polonaise. Son mot d’ordre « Tout pour la nation » exerça une influence inappréciable dans le combat de la Pologne pour survivre en tant que nation et surmonter ses innombrables tragédies. Il recrutait ses membres dans toutes les classes. Il se fondait sur le catholicisme, l’individualisme et croyait aux principes de l’économie libérale. La personnalité la plus connue de ce mouvement était Roman Dmowski qui signa, au nom de la Pologne, le traité de Versailles restaurant sa présence sur la carte de l’Europe après cent vingt-trois ans.
Fondé à la fin du XIX e siècle, encore au temps des partages, le Parti national-démocrate créait des écoles, réunissait des fonds pour leur entretien, popularisait l’idée de la souveraineté nationale polonaise tant sur le plan politique que sur le plan social, soutenait le paysan sur sa terre et le développement du potentiel économique au moyen d’un capital national.
Historiquement, le Parti paysan était le parti le plus récent. Son plus grand succès avait été d’inculquer aux paysans, qui représentaient plus de 60 % de la population, une conscience politique propre. Pendant des siècles, les paysans polonais étaient restés politiquement passifs, ignorants, menant une vie primitive et n’exerçant aucune influence sur les affaires nationales. Le Parti paysan entreprit de les rendre conscients de leurs droits et du rôle qu’ils seraient appelés à jouer. Il créa des centaines d’écoles et de coopératives.
Comme les deux précédents partis, le Parti paysan est fermement attaché à la démocratie parlementaire. Il a fait comprendre aux paysans que seules des institutions démocratiques et parlementaires leur donneraient la place à laquelle ils avaient droit dans la vie nationale. Il réclame une réforme agraire radicale, l’industrialisation des régions rurales surpeuplées et une émigration vers les villes afin de décongestionner les campagnes. Un de ses leaders les plus éminents, Maciej Rataj lxx , qui avait été président de la Chambre des députés de la République polonaise pendant plusieurs années, fut arrêté et fusillé par les nazis en 1940.
Le Parti chrétien du travail était le quatrième de ces partis ; il s’efforçait de réaliser les principes de la démocratie par référence tout en s’appuyant sur l’enseignement de l’Église catholique. Ce mouvement aux fortes affiliations religieuses et nationalistes mettait l’accent sur les traditions historiques de l’État et de la nation, surtout sur celles qui tendaient à prouver le lien indissociable de la Pologne avec le catholicisme. Son but principal est la mise en pratique des doctrines diffusées par les encycliques pontificales et de la religion catholique en général.
Aucun des quatre partis énumérés n’était représenté dans le dernier gouvernement d’avant la guerre. La situation politique intérieure de la Pologne fit que ces forces avaient refusé de prendre part aux dernières élections parlementaires. Les autorités d’alors avaient estimé que le pays nécessitait un gouvernement à poigne. Le fait que les États voisins étaient dictatoriaux n’a pas été sans influencer ces choix : le gouvernement a estimé qu’il fallait limiter les libertés démocratiques et parlementaires, ce qui s’est inscrit dans les changements institutionnels incarnés par la Constitution de 1935. Scandalisés, ces quatre partis politiques ont refusé de participer aux élections qu’ils estimaient non démocratiques. Et, par conséquent, ils n’ont pas été représentés à la nouvelle Diète ainsi élue lxxi .
Dans la Résistance, qui théoriquement représentait la
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