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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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était gravée
profondément dans le roc. Sa direction indiquait le lac qui brillait au loin.
    Le lac de Montsalvat…
    — Ce lac est plus loin que Bélesta, dit
Guilhem aux deux hommes. La fontaine est là-bas, mais on ne peut la voir, car
elle est dans une vallée encaissée.
     

Chapitre 27
    A vec
le brancard sur lequel reposait Enguerrand, la descente fut lente et pénible.
Aussi, arrivés en bas, ils se reposèrent un moment, se restaurant avec la
viande qui leur restait.
    — Avons-nous le temps d’aller à la fontaine
avant la nuit ? demanda Wolfram, le frugal repas terminé.
    Guilhem leva les yeux vers le ciel sans nuage. Le
soleil était au-delà du zénith.
    — Midi est passé depuis longtemps. Il reste
au moins six heures de jour. Bélesta est à trois lieues, mais les chemins ne
sont pas mauvais. On y sera dans deux heures.
    — Si nous ne rencontrons pas nos amis,
remarqua Wolfram.
    — Aussi devons-nous remettre nos harnois.
Sanceline, tu enfileras ton haubert et tu prendras ton père en croupe. S’il y a
bataille, fuis au galop.
    Elle se prépara sans discuter.
    — Qu’avons-nous comme cordes, Alaric ?
    — J’en ai une de sept ou huit cannes,
seigneur, et nous avons les longes des montures de bât. En les nouant, on peut
arriver à une vingtaine de cannes.
    — Nous pourrions avoir besoin de plus. Il y a
à Bélesta un maréchal-ferrant et des artisans. L’un d’eux nous vendra des
cordes. Sinon, j’irai en demander au château. J’y suis venu, il y a cinq ans,
avec le comte de Toulouse. Le seigneur Raymond de Bellissen se souviendra de
moi.
    — Ornolac m’a parlé de lui, intervint
Enguerrand qui avait repris un peu de vigueur. Il est de notre religion et les
Parfaits sont les bienvenus chez lui. Il nous aidera.
    — Nous avons aussi besoin d’avoine, seigneur.
Les chevaux n’ont plus rien à manger, et ce n’est pas l’herbe rare d’ici qui
peut les nourrir, intervint Alaric.
     
    Ils suivirent le chemin de Mirepoix, Bélesta étant
à mi-route. Guilhem restait en tête, une arbalète, corde engagée, accrochée au
bât de sa selle. Derrière lui, Wolfram tenait un des chevaux en longe. Plus
loin suivaient Sanceline et son père, sur un second cheval, et enfin Alaric
fermait la marche, son arbalète prête aussi à décocher un trait.
    Après deux heures de chevauchée durant lesquelles
ils ne rencontrèrent personne, ils arrivèrent à l’Hers. Ils longèrent le
torrent dévalant des montagnes jusqu’à ce que Guilhem leur désignât, sur
l’autre rive, un antre voûté de quatre à cinq toises de profondeur au fond
d’une falaise rocheuse. Des filets d’eau sourdaient de toute part pour
s’écouler dans un ruisseau rejoignant l’Hers.
    — C’est l’Orbe, la source des fées,
annonça-t-il.
    Devant la faiblesse de l’écoulement, Wolfram parut
déçu.
    Guilhem expliqua alors que, par moments, un énorme
torrent sortait de la grotte dans un fracas épouvantable. Cela durait très peu
de temps, puis la source revenait à son état normal, avec ces petits filets
d’eau.
    Personne ne savait ce qui provoquait ce brusque
jaillissement, mais les habitants du pays assuraient que des fées habitaient
derrière les rochers. L’eau sortait avec force quand elles lavaient leur robe,
frappant sur leur linge avec des battoirs en or, ce qui provoquait un
incroyable vacarme.
    — A-t-on vu ces fées ? demanda Wolfram,
intrigué.
    — Je l’ignore, mais on m’a raconté qu’une
fermière en aurait rencontré une qui lui aurait proposé de mettre son enfant au
monde dans la grotte. La fée lui aurait offert une baguette magique pour
exaucer ses vœux.
    Les compagnons de Guilhem échangèrent des regards
troublés, mélange de crainte et d’incrédulité. Ils auraient voulu rester plus
longtemps pour assister à la sortie des eaux, mais ils ne disposaient guère de
temps. Aussi poursuivirent-ils jusqu’à Bélesta.
    Le château, simple tour carrée accolée à une salle
et à des écuries protégées par une enceinte se dressait sur une butte devant la
rivière. En contrebas, près du cours d’eau, quelques maisons et ateliers se
serraient contre un moulin. Il y avait un sellier, un bourrelier et un
maréchal-ferrant. De là partait un branlant pont de bois permettant de franchir
l’Hers. Deux hommes du château réclamaient un péage.
    Pendant que Wolfram faisait reclouer un fer à son
cheval et qu’Alaric achetait une provision d’avoine, Guilhem raconta

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