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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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il se rhabilla et compta
cinquante pièces qu’il rangea dans son escarcelle, laissant le surplus à
Sanceline. Sur ses conseils, elle en mit quelques-unes dans son aumônière et
donna le reste à son père.
    Comprenant que leur séparation était maintenant
certaine, elle fondit en larmes. Elle retenait sa peine depuis trop longtemps,
n’ayant pas voulu paraître faible aux yeux de Wolfram ou d’Alaric.
    — Je ne veux pas que tu partes, balbutia-t-elle.
    Il ne répondit pas, ne sachant que dire.
    — Laisse-les avec cette maudite émeraude,
elle appartient au Diable et causera leur perte. Je le sais.
    — Ne dis pas ça, elle t’a ramenée à la vie,
Sanceline !
    Il ajouta, sans chercher à la convaincre :
    — Je dois le faire, tu dois le comprendre.
    Elle ravala un sanglot et essuya ses joues. Ils
descendirent.
    Accompagnés d’Alaric, ils se rendirent à la forge
qu’ils trouvèrent facilement, attirés par le bruit du marteau sur l’enclume.
    C’était une pauvre forge de campagne, un simple
abri de planche accolé à une maison à pans de bois et aux murs en torchis. Tout
un côté de l’abri formait la cheminée. Un gamin l’alimentait en combustible et
l’ouvrier maniait le gros soufflet plat en bois et peau de buffle. Devant une enclume,
le forgeron en tablier de cuir, façonnait une lame. Il s’arrêta de travailler
en les voyant approcher.
    — Dieu te dit bonjour, maître forgeron, fit
Guilhem, chaleureusement.
    — Dieu vous garde, haut et gracieux seigneur,
répondit l’autre, à la fois respectueux et intrigué.
    La nouvelle de leur arrivée s’était vite répandue
dans le village.
    — J’ai besoin d’une épée, ton seigneur m’a
dit que tu avais forgé deux lames. Il a accepté de m’en céder une.
    — C’est vrai, noble seigneur, j’en façonne
une autre en ce moment, toujours pour les gardes.
    — Je veux les voir.
    Le forgeron posa la grosse pince et son marteau,
essuya ses mains et proposa à Guilhem de le suivre dans sa maison.
    Ils entrèrent dans une pièce au sol de terre
recouvert de pierres plates irrégulières. Sur une escabelle, une femme filait
une pelote de laine avec une quenouille. Un enfant dans un berceau dormait à
ses pieds ainsi qu’un gros chien. Un feu de braises se consumait sur des
pierres, chauffant une marmite. La fumée s’évacuait par une ébrasure dans le
mur. Au fond de la pièce se dressait un lit de bois. Il avait deux coffres,
dont un avec quelques sculptures, très simples. Au mur pendaient des ustensiles
de fer et d’osier.
    Le forgeron présenta sa femme avant d’ouvrir le
coffre sculpté. Il en sortit toutes sortes d’objets forgés : des crochets,
un chandelier, des ferrures et des verrous, des fers d’épieu et de marteaux,
des lames et même un casque rond. Enfin ce furent deux épées, très simples,
dans des fourreaux de cuir de buffle.
    C’étaient des lames courtes, larges, épaisses,
avec deux tranchants à peine aiguisés et une garde cruciforme emmanchée sur de
longues poignées de bois sans pommeau. Guilhem en prit une. Lourde, elle tenait
bien en main. Il la posa et dégaina l’autre.
    C’étaient des armes frustes, mais bien trempées,
de bons outils pour frapper à coups de taille, aussi puissantes qu’un marteau
d’armes pour briser un casque ou un écu.
    — Le seigneur te les achète combien ?
    — Cinq deniers d’argent, seigneur.
    — Je prends celle-là. Voici une pièce d’or.
C’est bien plus qu’il te donne. Je prendrai aussi cet épieu.
    Il désigna l’épieu attaché au mur.
    L’artisan n’avait jamais vu d’or. Il fit signe à
sa femme de venir regarder la pièce que Guilhem lui avait glissée dans la main.
    — Tu feras une autre épée pour mon écuyer
Alaric, qui est dehors. Dame Sanceline te la paiera.
    Il attacha le fourreau à son baudrier et
ajouta :
    — C’est dommage que tu n’en aies pas deux.
    — Pourquoi ne pas proposer la tienne au
seigneur ? fit la femme du forgeron, les yeux brillants de convoitise.
    — La mienne ? Mais nous devons tous
garder une arme ici, en cas d’attaque du château.
    — Tu en forgeras une autre dans la semaine.
On ne va pas nous attaquer aujourd’hui !
    — Montre-la-moi, proposa Guilhem.
    Le forgeron alla à son lit, en ouvrit la porte et
sortit un fourreau tressé de la paillasse. Guilhem le prit et dégaina l’épée
qu’il contenait.
    Identique à celle qu’il venait d’acheter, la
poignée était en corne

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