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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Lancelot.
     
    Le lendemain, dans la même grande salle, Montaut
reçut les hommages des seigneurs dont il était le suzerain. Après quoi, avant
de les inviter à nouveau à sa table, il s’entretint avec quelques-uns d’entre
eux en aparté.
    Guilhem fut de ceux-là.
    — Cela faisait longtemps que je voulais vous
parler, seigneur de Lamaguère, lui dit-il familièrement. Le commandeur du
Temple de Bordères m’a raconté comment vous lui avez repris votre fief et
combien vous avez fait preuve de générosité avec eux. Il est rare de ne pas
s’attirer le ressentiment d’un adversaire vaincu. Je sais aussi combien Raymond
de Toulouse vous estime et j’ai appris que vous aviez prêté hommage lige au roi
de France.
    Il se racla la gorge.
    — Vous êtes quelqu’un de remarquable, et
j’apprécie que vous soyez mon vassal.
    L’archevêque fit une pause, se frottant un instant
le menton pour voir comment son interlocuteur réagissait à cet honorable
discours, mais Guilhem resta impavide.
    — En un an, vous avez transformé votre
seigneurie en une des plus riches du comté… Et je sais pourquoi…
    Cette fois, il soupira.
    — Une partie de vos gens sont des hérétiques.
    — Ce sont de bons chrétiens, seigneur,
intervint immédiatement Guilhem.
    — Ils se disent ainsi, je sais… Et
vous-même ?
    — Je ne suis pas cathare, répondit prudemment
Guilhem.
    — Les cathares sont de plus en plus nombreux
par ici. Beaucoup refusent de payer les dîmes, ce qui met l’Église en péril.
Leurs diacres prêchent la pauvreté et la prière, assurent que les hommes n’ont
pas besoin des prêtres de Rome et certains disent même que l’Église de
Saint-Pierre est satanique.
    « Notre Saint-Père s’est plusieurs fois
plaint à mon prédécesseur des progrès croissants des hérétiques en Gascogne. Il
l’adjurait d’employer tous les moyens nécessaires, y compris celui des armes,
pour y mettre fin. Or, il y a un mois, j’ai reçu un religieux de Cîteaux,
l’archidiacre de Maguelone. Il était envoyé par le nouvel abbé Arnaud Amaury.
Ce moine se nomme Pierre de Castelnau et m’a apporté une lettre du Saint-Père
m’implorant de lutter avec plus d’énergie que mon prédécesseur contre les bons
hommes et les vaudois.
    — Allez-vous le faire, vénérable père ?
    — Comment agir autrement ? Mais je me
refuse à utiliser la force. J’ai donc choisi de rencontrer ceux de mes vassaux
qui laissent se développer l’hérésie pour les mettre en garde et les convaincre
de tout faire pour ramener les âmes égarées dans la sainte Église de Rome.
Beaucoup de ceux qui écoutent les prêches des Parfaits ne l’ont jamais quittée.
Ils vont aussi à la messe et pratiquent les sacrements. Il sera facile de leur
faire comprendre que le Seigneur Dieu est blessé par l’hérésie.
    — Je vous l’accorde, vénérable père, mais…
pour ceux qui refuseront ?
    — Pour eux, j’avoue mon impuissance. Rome me
demande de les expulser de mes terres, mais comment serait-ce possible ?
    Il inspira profondément avant de reprendre :
    — Je leur demande donc de rester discrets.
Qu’ils fréquentent les églises, qu’ils assistent aux messes, qu’ils respectent
le clergé, qu’ils se confessent et qu’ils payent les dîmes. L’hérésie doit
reculer, ou faire semblant, sinon je crains les plus grands malheurs dans ce
pays.
    Guilhem opina du chef, approuvant ces sages
paroles. Il pensait que l’entretien était terminé quand l’archevêque leva une
main.
    — Ce n’est pas tout, seigneur de Lamaguère.
Vous avez reçu la noble dame Amicie de Villemur.
    — C’est vrai, monseigneur. Chassée de son
fief par son beau-frère, elle m’a demandé l’hospitalité.
    — Que ferez-vous si Gilabert de Beaumont
rassemble l’ost contre vous ? Prendrez-vous le risque de miner vos
terres ?
    — Ses vassaux ne le suivront pas, noble père.
Plusieurs ont déjà fait allégeance à dame Amicie. Et quand bien même il
s’attaquerait à moi, je ne le crains pas. Le Seigneur et tous les saints sont à
mon côté.
    — Admettons, fit Montaut sans cacher son
doute. Et si Saint-Gilles et Foix vous désapprouvent ? Vous battrez-vous
contre le monde entier ?
    — Je défendrai ma dame. N’est-ce pas le choix
que fait Lancelot pour la noble Guenièvre ? À l’égard de dame Amicie, je
ne ferai pas moins que le chevalier de la charrette.
    Un sourire amusé apparut sur les lèvres de Bernard
de

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