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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’autre l’ami. Leur amour est réel, mais
illégitime. C’est un amour rare où les sens n’ont pas leur part.
    — Crois-tu vraiment que je puisse être ton
Lancelot ? ironisa-t-il.
    — Les épreuves nous attendent, Guilhem,
répondit-elle, brusquement sérieuse. Je le sais, je les ai rêvées. Mais ces
épreuves nous transformeront et nous rendrons parfaits.
    — Je ne veux pas être parfait, Amicie,
protesta-t-il en plaisantant, même si je veux bien partager une charrette avec
toi…
    Il se leva et l’entraîna vers le lit, un grand
meuble clos dans lequel on entrait par une porte.
    Elle se laissa faire.
     
    Si Guilhem retrouva la maîtresse qu’il avait
connue deux ans auparavant, il prit rapidement conscience des changements
intervenus dans sa personnalité. À la cour de Saint-Gilles, Amicie était une
jeune fille superficielle qui se laissait aller à ses sens et à ses plaisirs.
Elle était devenue une femme réfléchie aux sentiments raffinés. Après de
longues conversations avec elle sur la passion amoureuse, il découvrit la
signification profonde de l’amour courtois. Ce fut elle qui lui montra que
l’élévation du cœur jusqu’à la purification devait prendre le pas sur la
sensualité. Avec Amicie, il apprit combien la communion des âmes pouvait être
plus forte que l’amour charnel.
    Guilhem chantait le fin’amor depuis des années
mais ne l’avait jamais connu. Il le découvrait avec elle, passant des heures en
promenade à discuter de Lancelot et des épreuves qui lui étaient imposées soit
par la Divine providence, soit par Guenièvre. C’est durant ces entretiens
qu’elle lui parla de cet autre conte de Chrétien de Troyes auquel l’archevêque
d’Auch avait fait allusion, le roman du Graal. Une quête que le poète n’avait
pas achevée et dont le héros était le chevalier Perceval le Gallois. Invité
dans le château d’un mystérieux roi pêcheur, Perceval apercevait un graal, un
plateau, portant un objet inconnu.
    Nul ne savait ce que c’était, mais selon Amicie,
il permettrait de sauver l’âme. Comme le consolamentum des cathares.
     
    Si Amicie écoutait avec de plus en plus
d’attention les prêches des Parfaits passant à Lamaguère, elle n’acceptait pas
toute la doctrine des bons hommes , car ce fut elle qui proposa à Guilhem
de l’épouser.
    Il le voulait aussi, et puisqu’il avait l’appui de
l’évêque d’Auch, il écrivit en ce sens à Raymond de Saint-Gilles et aux deux
frères d’Amicie. Quant aux gens du château, ils avaient deviné depuis longtemps
qu’Amicie deviendrait l’épouse de leur maître. Certes elle conservait sa
chambre dans la tour, au-dessus de celle de son seigneur, mais chacun savait
qu’elle venait le retrouver la nuit. Dès lors, on marqua un nouveau respect à
la jeune femme, comme si le fait d’être dame de Lamaguère était un titre
autrement plus honorable que celui de seigneur de Saverdun.
    L’automne arriva avec de belles récoltes de pommes
et d’abondantes vendanges. Mais au début du mois d’octobre vint aussi un
messager de Raymond de Toulouse.
    Guilhem le connaissait. C’était un clerc de la
chancellerie du comté qui avait la confiance de Raymond. Il était escorté d’un
chevalier avec une lance de six hommes d’armes, comme pour afficher
l’importance de sa mission.
    Le clerc rencontra Guilhem et Amicie sans autre
témoin et leur fit part verbalement de la décision du comte de Toulouse.
    Il ne pouvait y avoir de mariage entre eux, car ce
serait un motif pour le comte de Foix d’attiser ses querelles avec Toulouse.
Amicie devait revenir auprès de ses frères. Ensuite se tiendrait une conférence
durant laquelle serait décidé son avenir.
    Amicie refusa et le messager repartit fâché et
presque menaçant.
    Ce soir-là, Guilhem eut un cauchemar, ou plus
exactement une vision.
    À peine était-il endormi, un personnage aux
vêtements éclatants de blancheur lui apparut et lui demanda de l’accompagner.
Avec lui, il escalada de hautes montagnes et aperçut d’immenses lacs de feu d’où
il distingua les âmes noires de ceux qu’il avait tués. Tous étaient suppliciés
et souffraient, mais lui avançait sans contrainte ni douleur. Était-il en
enfer ? Il avait toujours su que son âme y finirait. Mais pourquoi ne
souffrait-il pas ? Une vallée riante s’ouvrit alors devant lui et son
guide disparut. Des diables jaunes et noirs voletaient autour de lui, tentant
de l’attraper. Il se

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