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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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rendit compte que c’étaient d’immenses guêpes. Soudain il
s’aperçut qu’elles emmenaient un corps et il sut que c’était Amicie. Il la vit
brusquement tomber.
    Il se réveilla, transpirant et frissonnant. Mais
était-il réveillé, alors que le personnage aux vêtements éclatants était près
de lui ? Se penchant, il reconnut Sanceline bien que son visage fût
livide. En vérité, c’était celui d’une morte.
    Elle s’effaça et l’archevêque d’Auch la remplaça.
Il tenait à la main une pierre brillant de mille feux.
    C’est alors qu’il entendit le coq. Cette fois il
était bien réveillé !
    Il poussa la porte de son lit. Amicie n’était plus
là, mais il avait l’habitude ; elle partait généralement dans la nuit.
    L’esprit en désordre, il s’approcha de l’archère.
Dehors, il faisait nuit mais clair, car c’étaient déjà les premières lueurs de
l’aube.
    Le jour allait chasser les désordres de la nuit,
se rassura-t-il. Il avait déjà fait des cauchemars et il se moquait de ces
rêves. Persuadé d’être le seul maître de sa destinée, il refusait d’entendre
les avertissements du Destin, même s’il reconnaissait que, parfois, la Divine
Providence lui avait joué des tours.
    Il trouva ses chausses et les enfila sur ses
braies, puis serra ses jarretelles. Il dormait en chemise de lin et passa
directement sa robe. Puis il mit ses souliers et serra les boucles de ses
heuses. Il ceignit ensuite son double baudrier, y ajoutant un couteau, son
escarcelle et ses clefs avant de glisser une courte épée dans la ceinture
basse.
    Aujourd’hui, il devait assister à de nouveaux
essais de la poudre que préparait Bartolomeo. Amicie l’avait prévenu, la
veille, qu’elle irait ramasser des baies et des champignons dans la forêt.
    La matinée était chaude et orageuse. Guilhem,
Bartolomeo, Thomas le cordonnier et Geoffroy s’étaient retrouvés près de la
rivière. Bartolomeo et Thomas avaient préparé différents mélanges de soufre et
de fleur de pierre. Le premier brûla avec beaucoup de fumée et le second ne
s’alluma pas. Agacé, Bartolomeo tentait d’allumer le troisième quand un
guetteur les prévint qu’Aignan arrivait du bois en courant ; il était
seul. Or, Aignan accompagnait Amicie et sa servante dans leur cueillette.
    Guilhem sentit l’extrémité de ses membres se
glacer. Il se précipita immédiatement à la rencontre de l’ancien libraire, fou
d’inquiétude. Les autres à sa suite.
    — Seigneur… Seigneur…, criait Aignan,
haletant et suffoqué par les sanglots.
    — Où est Amicie ? hurla Guilhem.
    — Les guêpes, seigneur ! Des guêpes nous
ont attaqués ! implora l’ancien libraire.
    Guilhem était maintenant suffisamment près pour
remarquer alors combien le visage de l’intendant était boursouflé et défiguré
par des piqûres.
    — Notre dame est toujours là-bas, seigneur,
avec sa servante, haleta-t-il dans un gémissement. Je n’ai rien pu faire !
    « Les guêpes étaient trop nombreuses.
    Un grand froid envahit Guilhem. Ces deux vers du Chevalier
de la charrette s’imposèrent dans son esprit :
    À Lancelot vient la novele,
    Que morte est sa Dame et s’amie.
     

Chapitre 6
    I ls
se précipitèrent vers le bois pendant que Jehan courait chercher sa femme qui
savait soigner. En chemin, ils alertèrent ceux qu’ils apercevaient pour qu’ils
les rejoignent avec des secours.
    Après plus d’une demi-lieue harassante sur le
chemin crevassé, ils arrivèrent épuisés à l’endroit du drame. Les deux corps
étaient allongés sur le chemin, recouverts en partie du manteau turquoise
qu’Amicie avait emporté, car il faisait frais, ce matin-là. Quelques grosses
guêpes furieuses bourdonnaient encore autour. S’approchant, Guilhem vit qu’il
s’agissait de frelons. Il les chassa avec une branche, en écrasant rageusement
plusieurs avec ses pieds.
    Tout au long, il n’avait cessé de penser à son
cauchemar. Il était en enfer et les démons, qui avaient pris l’apparence de
guêpes, emportaient Amicie. Il avait déjà perdu tant d’êtres chers, et
maintenant c’était le tour de celle qu’il voulait épouser. Pourquoi le Destin
s’acharnait-il contre lui ? Les cathares étaient dans le vrai : ce
monde était gouverné par Satan.
    Il s’agenouilla et tira le manteau. Les mains et
les visages des deux femmes étaient affreusement gonflés et écarlates, comme si
elles avaient été brûlées. Leurs yeux avaient

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