Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
ceinture défensive de premier ordre, décide de tout
tenter pour faire tomber Quéribus sous le contrôle royal. Il nomme Pierre d’Auteuil
sénéchal de Carcassonne et lui confie la mission de mener l’opération à bien.
    Les événements qui se déroulent alors sont mal connus et
demeurent assez obscurs : les textes qui concernent le siège et la chute
de Quéribus sont assez vagues et souvent contradictoires. Une chose est sûre, cependant :
au mois de mai 1255, Pierre d’Auteuil commence à encercler le château de
Quéribus.
    Ce n’est pas plus facile qu’à Montségur. Quéribus est construit
sur une sorte de piton rocheux qui domine lui-même une crête escarpée. Ses
défenses naturelles sont impressionnantes : ceinturée de vide, protégée
efficacement du côté le moins abrupt de la crête par un donjon massif, la
forteresse peut braver longtemps les efforts d’une armée nombreuse. De plus, le
sénéchal a eu du mal à lever le contingent nécessaire à l’action. Il semble que
les prélats du Languedoc lui refusent leur aide, sans doute par pur chantage, le
clergé de la région étant alors en conflit avec les sénéchaux du roi pour de
sordides raisons d’intérêt matériel. Pierre d’Auteuil demande alors assistance
à l’archevêque de Narbonne. Celui-ci ne répond pas. Pierre d’Auteuil envoie un
message auprès de Louis IX pour protester, mais le roi ne peut rien faire d’autre
que d’ordonner au sénéchal de Beaucaire d’aller secourir son collègue de
Carcassonne. L’aide demandée par Pierre d’Auteuil s’explique non pas par le
siège lui-même, qui ne nécessitait qu’un millier d’hommes bien répartis, mais
par la menace que faisait peser le roi d’Aragon, lequel faisait savoir qu’il n’hésiterait
pas à traverser le Languedoc avec son armée pour aller à Montpellier, où ses
sujets s’étaient révoltés. Or le roi d’Aragon avait toujours entretenu d’excellents
rapports avec le défenseur de Quéribus, Chabert de Barbaira. Finalement, après
bien des tergiversations, l’archevêque de Narbonne envoie des secours, « parce
que le château de Quéribus est le refuge des hérétiques et des larrons et qu’ainsi
cette affaire concerne l’Église ».
    Mais les conditions dans lesquelles se déroule le siège ne
sont pas favorables au sénéchal de Carcassonne. D’une part, il comprend qu’il
ne pourra jamais venir à bout de la résistance de Chabert de Barbaira dans sa
forteresse, parce qu’on ne peut même pas l’approcher, comme à Montségur, pour
installer une pierrière ; d’autre part, il s’inquiète de ce qui se passe
de l’autre côté de la frontière catalane : immobilisé sous Quéribus, il
laisse le champ libre aux entreprises du roi d’Aragon. Le danger principal
étant ailleurs, Pierre d’Auteuil lève le siège de Quéribus en septembre 1255, bien
décidé à ne pas recommencer une aventure inutile. Pourtant, à la fin de l’année,
la forteresse de Quéribus est officiellement restituée au roi de France qui l’avait
achetée – théoriquement – à son propriétaire Nuno Sanche, en 1239. Que s’est-il
donc passé ?
    Une hypothèse a toutes les chances de présenter une version
correcte des faits, et cette hypothèse met en scène Olivier de Termes, l’un de
ceux qui, en compagnie de Raymond Trencavel, ont déclenché la révolte des faidits de 1239 afin de récupérer les terres qui
leur avaient été confisquées. Par suite des hésitations de Raymond VII de
Toulouse, la révolte avait tourné court : Trencavel et Olivier de Termes
avaient été contraints de se rendre. Et Olivier s’était définitivement
réconcilié avec le roi de France, l’accompagnant ensuite à la Croisade et s’y
comportant en héros. Bénéficiant des faveurs de Louis IX, et probablement
bien payé, il avait quelque peu oublié qu’il était le fils de ce Raymond de
Termes qui était mort dans les cachots de la cité de Carcassonne, après la
prise de son château en 1211, lors de la première Croisade contre les Albigeois.
Il avait également oublié qu’il était le neveu de l’évêque cathare Benoit de
Termes, réfugié à Quéribus et mort en 1241.
    Selon toute vraisemblance, Olivier de Termes, qui connaît
très bien les montagnes des Corbières pour y avoir souvent mis à mal les
troupes royales, attire Chabert de Barbaira dans un guet-apens. Fait prisonnier,
Chabert de Barbaira échange sa liberté et sa vie contre la

Weitere Kostenlose Bücher