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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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représentaient l’élite intellectuelle
de l’époque. D’où ce mélange de magie, de philosophie et de mythologie symbolique
qu’on découvre dans toutes les doctrines se réclamant du gnosticisme.
    Les tendances gnostiques se reflétèrent bientôt sur les
autres écoles de pensée, aussi bien sur les néo-Platoniciens que sur les
Pythagoriciens qui n’appartenaient pas au monde chrétien. Mais les églises
chrétiennes ne furent pas exemptes de leur influence, et ainsi se développèrent
des groupes qu’on peut classer comme hérétiques, ne seraient-ce que les
Novatiens d’Afrique du Nord, qui exigeaient de leurs prêtres une pureté absolue
et un détachement complet des liens terrestres allant jusqu’à une impossible
désincarnation. Les théologiens de l’époque, ceux qu’on appellera les « Pères
de l’Église », commencèrent à réagir vigoureusement, et bientôt, le
dualisme ne fut pas considéré seulement comme une hérésie parmi d’autres, mais
comme l’ hérésie majeure et impardonnable.
    C’est une nuance du gnosticisme, le manichéisme , qui a constitué l’exemple le plus
parfait de l’hérésie dualiste, tout en devenant une véritable religion aux
rites et aux dogmes spécifiques. Le nom est devenu célèbre, et a fini par
désigner tout ce qui ressort d’une opposition fondamentale entre deux principes :
il n’est pas rare, par exemple, d’entendre dire à propos d’un film policier, ou
d’un western classique, que les thèmes évoqués dans l’œuvre, bien que n’ayant
aucun rapport avec la religion ou la métaphysique et concernant seulement la
lutte d’un justicier au grand cœur contre un horrible hors-la-loi, sont manichéens.
Finalement, le terme finit par qualifier tout ce qui est tranché, tout ce qui
est divisé, de façon même très primaire, en deux catégories apparemment
distinctes.
    Les noms de manichéens et de manichéisme proviennent du nom
d’un Iranien, Mani, ou Manès, qui naquit en 217 de notre ère dans un bourg de
la Babylonie centrale. Il était le fils d’un certain Patek, et sa mère s’appelait
Maryam. Tous deux étaient d’origine perse et appartenaient, selon toute
vraisemblance, à une famille noble, celle des Arsacides, dynastie qui régnait
alors en Iran. On sait que son père, qui professait officiellement la religion
mazdéenne, était, comme on dit, « en recherche spirituelle ». Il
avait adhéré à une secte gnostique. Mani fut donc élevé dans un milieu qui se
préoccupait de spiritualité, et en tout cas sous une influence gnostique.
    L’histoire de Mani est assez confuse, car des traditions légendaires
se sont mêlées aux éléments authentiques de sa vie. À l’âge de douze ans, il
aurait reçu un message divin. Il aurait eu la vision d’un ange envoyé par le « Roi
du Paradis des Lumières », lequel lui aurait dit ces paroles : « Abandonne
ces hommes (de la secte gnostique). Tu ne leur appartiens pas. Tu es destiné à
régler les mœurs, mais tu es trop jeune et le temps n’est pas encore venu. »
Douze ans plus tard, l’ange lui aurait confié un second message : « Le
temps est maintenant venu. Fais-toi connaître et proclame bien haut ta doctrine. »
Cela suppose que pendant ces douze années, il s’était plongé dans des études
religieuses ou théologiques. Il fit alors un voyage aux Indes, et, à son retour,
il se rendit à la cour de Shappur, de la dynastie des Sassanides, qui venait de
remplacer la dynastie des Arsacides sur le trône de Perse. Il semble que Mani
fut fort bien accueilli dans cette cour qui comportait de nombreux lettrés, car
il y fit des adeptes dans l’entourage du roi et reçut l’autorisation de prêcher
sa doctrine comme il l’entendrait et où il voudrait. On raconte même qu’il
aurait converti le roi Shappur, et la légende ajoute que Mani aurait entraîné
le roi au ciel, et qu’ils seraient restés tous les deux suspendus dans les airs
pendant un certain temps.
    Quoi qu’il en soit, de 242 à 273, Mani parcourut l’empire
perse encore marqué par la vieille religion mazdéenne, et il semble y avoir
fait des adeptes de plus en plus nombreux. Mais Shappur mourut en 273 : Mani
perdait son soutien essentiel. Certes, le fils de Shappur, Ormuzd, continua d’assurer
sa protection au prophète, mais il ne régna qu’un an et fut remplacé par son
frère Bahram, lequel restait entièrement acquis à la religion mazdéenne et ne
tolérait pas qu’une

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