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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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religion différente fût prêchée dans son royaume. Les mages,
qui détestaient évidemment Mani, en profitèrent pour le faire condamner. Emprisonné
et attaché aux murs de sa prison, Mani mourut en 277. Après sa mort, ses
disciples poursuivirent sa prédication et l’étendirent dans tout le
Moyen-Orient. Ils réussirent à constituer une sorte d’Église très bien
structurée qui résista longtemps aux attaques de tous ses adversaires, mazdéens
ou Chrétiens orthodoxes.
    Il ne s’agit pourtant pas de christianisme. La prétention de
Mani était de fonder une religion universelle en tentant de trouver le commun
dénominateur de toutes les grandes religions existantes. Nous connaissons très
bien sa doctrine grâce à des documents de première importance qui ont été
retrouvés dans le Turkestan chinois et en Égypte. Mani se déclare le successeur
du Bouddha, de Zoroastre et de Jésus. Ces trois-là étant des prophètes qui ont
parlé pour leurs peuples respectifs, Mani parle à tous les peuples de la terre.
Il prétend aussi que le Bouddha, Zoroastre et Jésus n’ont apporté qu’un
enseignement partiel : chacun d’eux détenait une partie de la vérité et de
la connaissance, mais la connaissance intégrale, c’est lui, Mani, qui la
détient, parce qu’il est le dernier maillon d’une longue chaîne, l’ultime
messager de Dieu. Et pour que cette connaissance soit diffusée, Mani, contrairement
aux autres prophètes qui se sont contentés de parler à leurs disciples, tient à
écrire lui-même ce que Dieu lui a appris.
    Cependant, le manichéisme n’est pas seulement une synthèse
harmonieuse entre le mazdéisme, le bouddhisme et le christianisme : c’est
aussi une gnose , puisque tout repose sur la Connaissance.
On ne peut pas obtenir le salut sans savoir. Il ne faut pas « mourir idiot ».
Voilà le maître mot de cette doctrine dont les prétentions sont donc hautement
intellectuelles. De plus, le seul problème véritable, mais aussi le plus
difficile à résoudre, c’est celui de l’amalgame d’une parcelle divine, autrement
dit l’âme, avec un corps qui est un produit du monde terrestre, lui-même œuvre
du Démon et cause initiale de l’existence du Mal. Par là est réintroduite la
notion de dualisme absolu.
    En effet, la doctrine de Mani pose l’existence de deux
principes qui n’ont pas été engendrés, qui sont éternels et équivalents : le
Bien et le Mal dont les images les plus simples sont la Lumière et les Ténèbres.
Mais par derrière se profile une formulation beaucoup plus directe : Dieu
est le Bien, la Matière est le Mal.
    C’est là où les difficultés commencent. Apparemment, tout
est simple. Or, si l’on se réfère à saint Augustin qui a longtemps été
manichéen avant de se convertir et de combattre le manichéisme, c’est un peu
différent. Dans son Contra Faustum , il imagine
un dialogue entre lui et le manichéen Faustus de Milève. Et, dans ce dialogue, Faustus
soutient que dans la doctrine de Mani, il n’y a qu’un seul dieu : « Il
est vrai que nous connaissons deux principes, mais il n’y en a qu’un que nous
appelons Dieu ; nous nommons l’autre hylè ou la matière, ou comme on dit plus communément, le Démon. Or, si vous
prétendez que c’est établir qu’il y a deux dieux, vous prétendez aussi qu’un
médecin qui traite de la santé et de la maladie, établit qu’il y a deux « santés » ;
ou qu’un philosophe qui discourt du bien et du mal, de l’abondance et de la
pauvreté, soutient qu’il y a deux « biens » et deux « abondances ».
    Le discours est tortueux, mais il revient à affirmer que les
manichéens, tout en admettant l’existence de deux principes incréés, croient en
l’existence d’un Dieu unique. Tout est une question de terminologie, et cette
terminologie n’a pas toujours été bien reçue par les adversaires du manichéisme,
comme plus tard ce sera le cas pour les Inquisiteurs et les théologiens adversaires
des Cathares.
    En fait, l’existence d’un Dieu unique n’est pas
contradictoire avec l’existence de deux principes incréés. Le Mal, qui est le
Démon, et qui est la matière, est en fait une affirmation opposée au Bien :
c’est une sorte de Non-Être opposé à l’Être. Ces deux principes se trouvent
dans le Dieu unique, mais ce ne sont que des principes et non des divinités. Et
de plus, le Mal n’est que la négation du Bien, ou plutôt, ce qui réapparaîtra
dans

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