Montségur et l'enigme cathare
récitées face au soleil, et l’on
comprend pourquoi on cherche tant à relier le culte cathare et le « culte »
du Graal (décrit par Chrétien de Troyes comme un vase d’où émane une lumière merveilleuse)
à un antique culte du Soleil, celui-ci étant considéré à la fois comme symbole
de la Lumière spirituelle et comme manifestation visible de la Divinité.
Le manichéisme apparaît donc comme une doctrine de haute
spiritualité, une tentative pour donner une explication cohérente d’un monde en
proie aux contradictions et au Mal. On peut affirmer que c’est une religion à part
entière, une religion spécifique. Mais, curieusement, le manichéisme a déchaîné
contre lui, à plusieurs époques, les répressions les plus féroces. Dioclétien, en
297, a donné le signal de la lutte contre les manichéens qui commençaient à se
répandre en Italie, en Gaule et en Espagne. En 389, Théodose les faisait
condamner à mort.
Le manichéisme, en tant que religion constituée, n’allait
pas tarder à disparaître. Les Chrétiens orthodoxes lui avaient porté les
derniers coups. Mais une religion ne disparaît jamais vraiment. Les idées se
réfugient dans l’ombre et réapparaissent parfois sous d’autres formulations. Et
comme le problème de l’existence du Mal demeure toujours d’actualité, un jour
ou l’autre les solutions manichéennes reviennent à la surface.
Montségur
Quéribus
Peyrepertus
Pilier provenant de l’église de Rennes-le-Château où
l’abbé Saunière découvrit en 1891 les fameux parchemins codés !…
La tour Magdala à Rennes-le-Château
Puilaurens
Termes
Puivert
Carte du pays cathare
IV
LES BOGOMILES
Pendant la période qu’on appelle soit fin de l’Antiquité, soit
haut Moyen Âge, les sectes les plus diverses sont apparues dans l’ensemble du
monde chrétien et sur les régions limitrophes. La théorie dualiste, qui
perdurait, s’est souvent manifestée à travers ces sectes, à côté de dogmes
hérités de toutes les traditions possibles. Les invasions dites barbares et les
brassages de populations favorisaient ce genre de systèmes syncrétiques : au
milieu d’un monde en pleine instabilité et en pleine mutation, il était bien
difficile de se référer à des valeurs sûres, à des valeurs universellement
reconnues. Et pourtant, on cherchait désespérément ces valeurs, on tentait de
découvrir la réponse aux questions angoissées que se posait le monde.
L’Église chrétienne apparaît évidemment comme la plus capable
d’assurer cette universalité des valeurs. Mais l’Église se cherche, elle aussi.
Le dogme qu’elle professe reste encore bien fragile, et, de plus, il est le
résultat d’une série de compromis réalisés entre les grands théologiens de l’époque,
qui ont chacun leur propre façon de voir les choses et d’apprécier le message
évangélique. Ce n’est pas facile de s’y retrouver. C’est seulement face à ceux
que l’on nomme des hérétiques que l’Église trouve une certaine cohésion, d’abord
pour lutter contre un danger matériel (l’Église commence peut-être une
institution temporelle et l’intérêt entre en jeu), ensuite pour clarifier une
doctrine qu’on sent confuse et sans assise inébranlable.
Mais les adversaires de l’Église sont nombreux, principalement
à l’intérieur même de cette Église qu’ils accusent souvent de corruption
spirituelle et morale. Les adversaires de l’Église institutionnelle se
prétendent, comme il se doit, des réformateurs et des détenteurs de la vérité. Et
c’est pour prouver qu’ils détiennent la vérité qu’ils expriment leurs
conceptions en les appuyant sur tout ce qu’ils peuvent trouver dans les textes
sacrés, dans les systèmes philosophiques, dans les traités de morale. Ainsi
apparaît un certain Priscillien, mort en 385. C’était un pieux Espagnol qui
prêchait une vie monastique ascétique à l’image de l’érémétisme venu d’Orient
et qui commençait à se répandre. Priscillien a sa propre interprétation, et il
fait sa propre synthèse en incorporant au dogme chrétien qui est le sien des
préoccupations qui semblent appartenir au paganisme, à l’ancien druidisme en
particulier. Mais, contrairement aux Celtes, il croit à la présence dans le
monde de deux principes opposés, le bien et le mal, et sa doctrine, qui a
recueilli des partisans pendant un certain temps, se révèle
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