Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
une peau pleine de cicatrices. Certaines étaient en phénicien, d’autres en arabe ou en grec, d’autres encore, en français.
    — Qu’écrirons-nous ? demanda Baudouin, hilare, à Morgennes.
    — Je ne sais pas, Majesté. Ce que vous voudrez.
    Baudouin ramassa un caillou ayant la consistance d’un silex, et grava une phrase sur un rocher. Quand il eut terminé, il tourna son visage bronzé vers Morgennes, et lui demanda :
    — Voulez-vous savoir ce que j’ai écrit ?
    — S’il vous plaît.
    — « Celui qui n’est pas chevalier a servi de monture à un prince pour l’amener jusqu’ici. Ce prince dit qu’il vaut mieux qu’un chevalier. »
    — Sire…
    L’enfant éclata de rire, et jeta sa pierre droit devant lui. Le caillou retomba sur les degrés supérieurs de la pyramide, non loin de Baudouin.
    — On prétend, dit Baudouin, que l’arc qui permettrait d’envoyer un projectile plus loin que la base de cette pyramide n’existe pas…
    — L’arc, peut-être pas, dit Morgennes. Mais le bras…
    Joignant le geste à la parole, il se baissa pour ramasser une pierre, ramena sa main le plus possible derrière lui, banda ses muscles et lança. La pierre décrivit une courbe, qui l’amena haut, très haut, avant de s’écraser loin, très loin d’eux. Si loin qu’ils ne la virent plus.
    — Croyez-vous qu’elle ait dépassé la base de la pyramide ?
    En guise de réponse, Morgennes posa le doigt sur sa bouche et fit signe à l’enfant d’écouter. Baudouin tendit l’oreille et n’entendit d’abord que le bruit du vent, suivi d’un cri de douleur.
    — Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-il.
    — Il faudra le demander à l’archer qui n’a pas voulu vous porter jusqu’ici… Je crois que vous êtes vengé, Majesté !
    En effet, Morgennes avait si bien visé, sa force était si extraordinaire que l’archer s’était pris la pierre sur la tête.
    Guillaume de Tyr avait vu la pierre arriver droit sur l’archer, et lui ouvrir une plaie sur le crâne, avant de retomber sur le sable en même temps qu’un peu de sang clair. Furieux, l’archer se passait la main dans les cheveux afin de calmer sa douleur, sans comprendre d’où venait ce caillou.
    — La vengeance des dieux, peut-être ? fit Guillaume à tout hasard.
    L’archer regarda les dés qu’il s’apprêtait à jeter, et dit à ses camarades :
    — Allons nous amuser plus loin.
    Guillaume eut un sourire, comme s’il avait compris qui avait pu jeter cette pierre et pourquoi. « Décidément, se dit-il, ce Morgennes est plein de promesses… Il me faudra en parler au roi, car il pourrait nous être utile pour contrer les actions des ophites, dont c’est ici le nid. »
    Au sommet de la pyramide, Morgennes et Baudouin mirent à profit la position dont ils jouissaient pour observer le panorama. À l’ouest, le désert blanc, courant dans la direction du couchant comme une langue ivoirine, une langue de mort. Au sud, le désert et les autres pyramides, parmi lesquelles les tentes de l’ost royal figuraient de minuscules pyramidions, petites sœurs des grandes pyramides. De longues colonnes d’Hospitaliers à cheval patrouillaient à leur base, leurs étendards et leurs uniformes noirs à croix blanche formant comme une coulée d’encre entre les monuments. À l’orient, Morgennes et Baudouin purent admirer, d’abord le vaste Nil et l’île de Roddah, puis Le Caire proprement dit, avec ses minarets couverts d’or et ses toits en terrasse peuplés d’arbres. Au nord, enfin, le désert, encore et toujours le désert, d’ivoire et de craie, pâle et menaçant sous le ciel d’un bleu insolent.
    Un grouillement semblait provenir du Caire – dont ils ne distinguaient presque rien, sinon une impression de densité, de chair très ancienne en train de muer, comme un serpent.
    — Où est Fostat ? demanda Baudouin.
    — Par ici, je crois, dit Morgennes en montrant à Baudouin la vieille ville, au sud du Caire.
    — Guillaume m’a dit qu’elle s’appelait également « Babylone ».
    — Pourquoi pas, dit Morgennes. Après tout, rien n’interdit aux villes d’avoir plusieurs noms.
    — Il dit aussi qu’il s’y trouve une secte d’adorateurs du serpent.
    — Peut-être, dit Morgennes sur un ton songeur. Vous a-t-il dit où exactement ?
    — Non. Il a seulement dit : « À Babylone. »
    — Il doit avoir raison. Personne à Jérusalem n’est plus érudit que Guillaume.
    — Je sais, dit

Weitere Kostenlose Bücher