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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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souverain, qui lui fit remarquer :
    — Tu as entendu ? Je n’ai pas b-b-bégayé une seule fois… Et cela n’a rien changé.
    — Leur décision était déjà prise, Majesté. Il y a fort à parier que les Hospitaliers n’avaient nullement l’intention de partager avec Constantinople les terres que vous leur aviez promises.
    — Il n’y aura rien à partager.
    Amer, Amaury se leva du trône, marcha jusqu’à une fenêtre et considéra la populace qui continuait à s’époumoner : « Babylone ! L’Égypte ! »
    — Je regrette d’avoir une aussi mauvaise mémoire, car j’avais quelque chose à leur dire. Une phrase d’Hannibal, qui les aurait convaincus de ne p-p-point attaquer. Elle parlait de paix et de destinée, mais je l’ai oubliée ! Ah, quel dédommage que Morgennes n’ait pas été là. Lui, au moins, il s’en serait souvenu…
    Le roi resta silencieux un instant, puis tressaillit comme agité par un début de fou rire.
    — Et maintenant Majesté, qu’allez-vous faire ?
    Amaury se retourna vers Guillaume et lui dit en montrant la foule :
    — Voici mon peuple. Je suis son chef. Je dois le suivre.
    Des larmes se mirent à couler sur ses joues. Les dernières paroles d’Amaury que le pigeon avait entendues, alors qu’un officier l’entraînait au sommet de la plus haute tour du palais, furent celles-ci :
    — Ce n’est pas pour eux, ni pour moi, que je suis triste. C’est pour mon fils.
    « Planer dans les airs, sentir le vent gonfler mes plumes, plonger pour avaler quelques petits insectes, et remonter vers le soleil à m’en étourdir ! Ah, quelle pitié que je ne sache pas rire comme les humains, car alors j’aurais ri à gorge déployée. Libre ! Enfin libre ! Je n’ai plus pour barreaux que les rayons du soleil – et ce sont des barreaux délicieux ! »
    Me dirigeant vers le sud, je dépassai rapidement plusieurs escadrons de cavaliers – une quarantaine d’hommes à chaque fois, alignés sur deux rangs –, suivis par plusieurs divisions de frères sergents, écuyers, turcopoles et soudards – qui formaient le gros de cette armée. Seuls les étendards et les chevaux de rechange cassaient les lignes bien ordonnées de cet ample mouvement en route pour se battre. Quelle armée ! Et dire que j’en faisais partie ! J’en étais même l’avant-garde ! Quel honneur !
    « Battre des ailes en souplesse, ramener mes pattes sous mon corps, allonger le cou… Je n’ai rien oublié des leçons de mon maître, Matlaq ibn Fayhân, le cheikh des Zakrad. Je revois encore son turban, qu’il faisait tourner autour de sa tête, m’incitant à le rattraper et me récompensant d’un savoureux mélange d’orge et de millet à la fin de l’exercice. »
    Ô ciel enchanteur ! Douceur du vent rafraîchissant mes ailes, chaleur du soleil et paysages, terres nues, roches, sable et sable, s’étendant à l’infini comme un parchemin déroulé. Du coin de l’œil, je distinguais même une famille de marmottes endormies sur un rocher. Elles devraient se méfier, et moi aussi, car les faucons ne sont jamais très loin.
    Tout en gardant mon œil gauche tourné vers le bas, afin d’admirer le panorama, j’orientais le droit vers le haut, afin de m’assurer qu’aucun oiseau de proie ne me survolait.
    D’ordinaire, les premières lieues n’étaient pas les plus dangereuses, car elles étaient – comme on dit – « nettoyées ». Des rapaces spécialement dressés par les humains pour ne s’en prendre qu’à leurs frères vidaient la zone des éventuels dangers qui auraient pu me guetter.
    Pigeon voyageur, quel beau métier !
    Le cheikh avait raison : « Tu vas voir du pays. » Et quel pays ! J’avais toujours rêvé de voir Jérusalem. Et maintenant, je rentrais en Égypte !
    Si j’avais dû y aller à cheval, j’aurais mis une dizaine de jours. Mais grâce à mes courtes – mais puissantes – ailes, je ne mettrais pas plus d’une journée. Si les vents m’étaient favorables, je serais au Caire ce soir. Ce soir, dans le plumage de ma belle !
    Avant de gagner le Sinaï, je passai d’abord au-dessus de montagnes, pareilles à d’antiques citadelles de sable. Au loin, je voyais briller les eaux de la mer Morte, qui renvoyaient un sinistre éclat nullement comparable à celui, couleur émeraude, de la Méditerranée. Je m’en éloignai, afin de m’engager dans un courant d’air chaud qui me ferait perdre au début quelques lieues mais me

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