Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
Villani, maître
écuyer du duc mais aussi, depuis ce jour, mari et, sans doute, maître de dame
Cecilia. Le jeune page ouvrit la porte, écarta le dernier rideau et annonça :
    — Le noble seigneur Sigismondo.
    Celui-ci, anobli de manière aussi subite que flatteuse, s’inclina
bas. Il avait vu dame Cecilia pendant le banquet, dans un moment d’exaltation, celui
de la mariée en l’honneur de qui tout est organisé. Elle aurait pu exhiber les
signes conventionnels du chagrin, tels que des larmes laborieusement extraites,
ou un gracieux désordre de cheveux. Or Sigismondo lui trouva simplement les
paupières gonflées et une attitude dénotant une grande maîtrise de soi. Le
filet doré retenait toujours la chevelure d’or, elle n’avait pas changé sa robe
de velours jaune, mais la dame Cecilia qu’il avait à présent devant lui n’était
plus celle qu’il avait vue au banquet.
    — Je crois savoir que vous jouissez de la confiance du
duc.
    Sigismondo tendit la main, la sardoine gravée aux armes de
Rocca tournée vers le haut et bien visible.
    Dame Cecilia hocha la tête et frappa dans ses mains.
    Un autre page, plus vigoureux que l’enfant de tout à l’heure,
apparut avec un tabouret pliant tapissé de velours rouge, qu’il installa avec
grâce pour le visiteur.
    Sur un geste de la jeune femme, Sigismondo s’y assit et
accepta une coupe de vin que lui tendait le page, lequel se retira sitôt que la
main de Sigismondo se fut refermée autour du pied argenté.
    — Vous avez vu Son Altesse la duchesse ?
    Le regard de dame Cecilia était encore tout empreint du
souvenir du corps sans vie.
    — Oui, madame. Le duc m’a fait mander sitôt la nouvelle
connue.
    — Il m’a envoyé chercher, moi aussi.
    Elle baissa les yeux vers ses mains, longues et pâles, croisées
sur ses genoux.
    — Il savait qu’elle l’aurait voulu ainsi. Nous avons toujours
été amies, enfants nous jouions dans la maison de son père. Je l’ai accompagnée
à Rocca quand elle s’est mariée. J’ai épousé un homme de Rocca de façon à
pouvoir demeurer auprès d’elle. Il était juste que j’accomplisse mes derniers
devoirs envers elle.
    Elle décroisa les mains, prit sa coupe sur le coffre sculpté
à côté duquel elle était assise, et but. Une bûche qui brûlait dans le grand
âtre s’effondra dans une gerbe d’étincelles. Dame Cecilia sursauta et reposa bruyamment
sa coupe.
    — Savez-vous qui l’a tuée ?
    Elle se tourna à nouveau vers Sigismondo, le filet doré
crissant doucement sur son col serti de joyaux.
    — N’est-ce pas Bandini ? Pourquoi n’est-il pas mort ?
    Sigismondo secoua la tête avec une lenteur délibérée.
    — Sa Seigneurie attend de moi que justice soit faite. Pour
l’instant, nous n’avons aucune certitude.
    — Leandro Bandini est en prison.
    Léger haussement d’épaules.
    — Leandro Bandini est inconscient. Quand il pourra
parler, nous en saurons plus.
    — Sa Seigneurie m’a pourtant dit qu’on l’avait trouvé
au pied du lit. Il portait une blessure au front, et une chandelle gisait à
côté de la main de la duchesse.
    Qui d’autre aurait pu commettre le crime ?
    À  présent, elle contemplait fixement le feu, sans regarder
l’homme assis en face d’elle.
    — Un homme a couché avec elle avant sa mort.
    Sigismondo acquiesça d’un fredonnement. Son silence valait
interrogation. Dame Cecilia voulut parler, mais s’interrompit. Le feu, qui
dévorait la bûche avec avidité, conférait un reflet rougeâtre à son visage.
    — Le duc était avec elle quand vous êtes arrivé.
    Sa remarque, qu’il ne démentit pas, flotta dans le silence
qui s’installa entre eux, avec des implications trop dangereuses pour être
formulées : si le duc était le dernier homme à avoir couché avec la
duchesse, ne pouvait-il pas être son assassin ? Ou bien, si le dernier homme
à avoir couché avec elle n’était pas le duc, s’il l’avait trouvée telle que
Sigismondo et dame Cecilia l’avaient vue, n’avait-il pas tué une femme adultère ?
    Sigismondo posa une question délicate, gros chat agaçant une
souris du bout de sa patte pour voir si elle allait chercher à s’enfuir.
    — Savez-vous si quelqu’un était amoureux de la duchesse ?
    Il n’y avait aucun mal à être aimée, c’était le fait d’aimer
qui était répréhensible.
    — Beaucoup aimaient la duchesse.
    La souris refusait de s’enfuir.
    — Les hommes peuvent se montrer

Weitere Kostenlose Bücher