Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
diables d’affaires d’Espagne me coûtent cher !...
    Finalement, Napoléon et Alexandre cèdent l’un et l’autre et un traité est signé : la Russie pouvait s’emparer de la Finlande et des provinces danubiennes, et libre à la France de conquérir l’Espagne ! Quant à l’Autriche, si elle se montrait réticente devant le partage, ou si elle osait attaquer l’empire français, le tsar et Napoléon uniraient leurs forces contre elle. « Tout va bien, écrit Napoléon à Joséphine, je suis content d’Alexandre. Il doit l’être de moi ! S’il était femme, je crois que j’en ferais mon amoureuse. Je serai chez toi dans peu. Porte-toi bien, et que je te trouve grasse et fraîche. »
    Napoléon a bien essayé de parler au tsar d’un éventuel mariage avec la grande-duchesse Catherine, mais soudain, timide, il n’a pas osé s’aventurer. C’est Talleyrand qui a reçu la réponse d’Alexandre à cette délicate question :
    — S’il ne s’agissait que de moi, je donnerais volontiers mon consentement, mais il n’est pas le seul qu’il faille obtenir.
    Sans doute Catherine détestait-elle Buonaparte, mais à l’époque on ne prenait point la peine de demander l’avis des jeunes filles au sujet de leur mariage – et encore moins lorsqu’il s’agissait d’une princesse !... Il y avait surtout la tsarine mère qui n’autoriserait jamais une pareille union avec « l’aventurier corse ».
    Le 14 octobre, « satisfaits de leurs arrangements », mais « mécontents l’un de l’autre », les deux empereurs se séparent sur le chemin de Weimar, après s’être embrassés devant leurs états-majors.
    Ils ne devaient plus jamais se revoir.
    Le chancelier autrichien Stadion reçoit le baron Vincent, envoyé à Erfurt en « informateur », et peut tirer la conclusion des entretiens qui viennent de s’achever : « Si la guerre n’entre pas dans les calculs de Napoléon, elle doit essentiellement entrer dans les nôtres. »
    Et cet aveu nous prouve qu’il ne faut pas chercher toujours du même côté le responsable des guerres napoléoniennes...
    Avec l’Autriche, on se retrouvera à Wagram, mais, en attendant, il faut replacer don José primero sur le trône. Dès son retour, l’Empereur l’annonce aux membres du Corps législatif :
    — Je pars dans peu de jours pour me mettre moi-même à la tête de mon armée et, avec l’aide de Dieu, couronner dans Madrid le roi d’Espagne et planter mes aigles sur les forts de Lisbonne.
    Nombreux sont les députés qui font la grimace. La guerre d’Espagne est on ne peut plus impopulaire–,et cela dans tous les partis. Ainsi que l’expliquait Barante, « les diverses oppositions se touchèrent par un point commun : la cause espagnole, déjà sympathique aux anciens royalistes, inspirait de l’intérêt aux libéraux ». Quant aux soldats de la Grande Armée – ces soldats qui devaient tant manquer à l’Empereur dans ses guerres de 1809 et de 1812 contre l’Autriche et la Russie – ils se battront outre Pyrénées sans enthousiasme. Il ne s’agit nullement ici de donner son sang pour une cause française, mais pour sauver la couronne de l’incapable Joseph. L’indiscipline va naître au cours de cette affreuse campagne et un officier – le colonel de Gonneville – entendra l’un de ses hommes crier en parlant de l’Empereur :
    — Foutez-lui donc un coup de fusil !
    « Et ils s’accuseront de lâcheté de ne pas le faire. »

    Le 29 octobre, Napoléon quitte Paris pour l’Espagne et, le 3 novembre, il rejoint la nouvelle armée à Bayonne. Après avoir abandonné Madrid, les cinquante mille hommes placés sous le commandement théorique de Joseph, campent, démoralisés, derrière l’Elbe. Napoléon s’apprête à les rejoindre et à jeter sur l’Espagne cent cinquante mille de ses meilleurs soldats, pour lesquels l’équipement n’est d’ailleurs pas arrivé. « Je reçois votre rapport du 2 novembre avec l’état qui y était joint, écrit l’Empereur au général Dejean. Il en résulte que j’aurais à Bayonne quatre-vingt-trois mille paires de souliers, cent quarante mille chemises, vingt-trois mille havresacs, trente-neuf mille shakos, et des capotes en quantité. Tout cela sont des contes pour enfants. Je n’ai rien, je suis nu ; mon armée est dans le besoin et vos bureaux se moquent de moi. Les fournisseurs sont des voleurs qui seront payés et je n’aurai rien. Tout votre service

Weitere Kostenlose Bücher