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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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commandement de Lisbonne, de l’incapable Junot – une tête maladivement brûlée – depuis l’occupation de Rome, depuis le guet-apens de Bayonne suivi par ce ridicule chassé-croisé de rois à Madrid et à Naples, l’envoi à Erfurt de Talleyrand, en fourrier diplomatique, est assurément la faute qui pèsera le plus lourd sur l’avenir de l’Empire.
    En écoutant le ministre de Napoléon lui dévoiler le fond de sa pensée, Alexandre tressaille d’espoir.
    Et ce n’est pas tout ! Le prince de Bénévent fait ensuite comprendre nettement au tsar que, loin decalmer l’Autriche, il faut au contraire pousser Vienne à s’armer afin qu’Alexandre puisse avoir un jour auprès de lui un puissant allié qui lui permettra de vaincre le perturbateur de l’Europe.
    Dès les premiers entretiens, Napoléon s’étonne de ne plus trouver son ami le tsar « aussi facile » qu’à Tilsit.
    — Il est devenu méfiant, confie-t-il à Caulaincourt.
    Talleyrand était passé par là !
    Entre deux conversations, les maîtres de l’Europe, comme à Tilsit, se promènent en ville. Le 7 octobre, Napoléon visite avec le tsar le champ de bataille d’Iéna – pèlerinage qui a dû faire plaisir au roi de Prusse... De nouveau, des coups de feu claquent au bord de la Saale, mais, cette fois, on se livre seulement à un massacre cynégétique. Le lendemain Napoléon écrit à Joséphine : « Je viens de chasser sur le champ de bataille d’Iéna. Nous avons déjeuné dans l’endroit où j’avais passé la nuit au bivouac. J’ai assisté au bal de Weimar. L’empereur Alexandre danse, mais moi, non. Quarante ans sont quarante ans. »
    Un jour, Alexandre, en franchissant à cheval un fossé, laisse tomber son épée. Le jeune page Victor Oudinot la ramasse.
    — Garde cette arme, tu l’apporteras chez moi, ordonne l’Empereur.
    Le tsar, surpris, laisse faire.
    En regagnant son palais, Napoléon dit à Constant :
    — Conservez cette épée d’Alexandre et remettez-en une des miennes à Oudinot.
    Puis, s’adressant au page :
    — Porte cette arme à mon frère de Russie, tu le prieras en mon nom de consentir à l’échange de nos armes.
    Oudinot repart auprès du tsar qui remercie, apparemment ému, et le grand-duc Constantin qui se trouve présent, s’exclame :
    — Sachez, monsieur Oudinot, que si votre auguste maître me donnait une de ses épées, je coucherais avec elle.
    « Quand je rapportai ces paroles à Napoléon, racontera Oudinot, il me chargea de remettre immédiatement au grand-duc une épée, laquelle fut reçue avec des transports de joie, bien que n’étant pas entièrement conforme à celle que l’Empereur portait d’ordinaire. »
    Extérieurement, l’entente règne. La foule des rois et des princes se presse pour « approcher celui qui dispense tout : trônes, misères, craintes, espérances... » Un parterre de rois et de princes...
    — Une plate-bande, précise même quelqu’un.
    L’Aigle plane et interpelle les souverains : Roi deBavière ! Roi de Saxe ! Roi de Wurtemberg ! A-t-il été jusqu’à dire : « Taisez-vous, roi de Bavière, regardez l’homme avant de vous occuper de ses ancêtres » ?
    On peut lire dans ses instructions au maréchal Oudinot, gouverneur à Erfurt : « Pour les rois, dix hommes de la Garde et point d’hommes à cheval. » Les cavaliers sont, en effet, réservés aux deux empereurs... Tout est prévu ! Aussi un tambour-major de la Garde impériale, ordonne-t-il à ses hommes, avec le plus grand sérieux :
    — Un seul roulement : ce n’est qu’un roi !
    Un soir, ayant à sa droite le tsar, les rois de Westphalie et de Wurtemberg, à sa gauche les rois de Saxe et de Bavière, Napoléon entend le prince-primat parler de la Bulle d’Or, qu’il date « de 1409 ». Aussitôt, Napoléon reprend l’archevêque :
    — C’est en 1356, sous le règne de l’empereur Charles IV, qu’elle a été promulguée.
    — C’est vrai, sire, je me trompais. Mais comment se fait-il que Votre Majesté sache si bien ces choses-là ?
    — Quand j’étais simple lieutenant en second d’artillerie...
    La phrase a l’effet que l’on devine. Et l’Empereur de poursuivre :
    Quand j’avais l’honneur d’être simple lieutenant en second d’artillerie, je restai trois années en garnison à Valence. J’aimais peu le monde et vivais très retiré. Un heureux hasard m’avait logé près d’unlibraire instruit et des plus

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