Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
d’habillement va mal ; ceux qui sont à la tête sont des sots et des fripons. Jamais on n’a été plus indignement servi et trahi. »
    Ce qui n’empêche pas l’Empereur, dès le lendemain – 4 novembre 1806 – d’entrer en Espagne. Est-ce ce jour-là qu’en passant une revue, un sous-lieutenant lui déclara que « depuis quatre ans il avait ce grade sans avoir pu monter plus haut » ?...
    — Moi, lui répondit l’Empereur en riant, j’ai été lieutenant pendant sept ans et ça n’a pas nui à mon avancement.
    Le 5 novembre, il est à Vitoria et demande à sonfrère de n’en plus bouger, jusqu’à ce que Madrid soit repris à «cette canaille fanfaronne », coupable d’être fidèle à sa monarchie légitime... La leçon – cette fuite à bride avalée au lendemain de Baylen – n’a guère profité à Joseph. Il se prend pour un foudre de guerre... et ne parle plus de son « tombeau » !
    — Je ne suis pas content du roi, déclare l’Empereur à Roederer. Je l’ai trouvé mal. Il veut qu’on le flatte. Il est devenu tout à fait roi... Joseph croit qu’on est général quand on s’avise de le vouloir. Il parle toujours de la charlatanerie du commandement. Sans doute, il y en a dans le commandement ; mais il y a aussi des talents qui y sont nécessaires, et qui manquent au roi : le coup d’oeil, la décision.
    Roederer sait faire parler Napoléon, et l’Empereur se confie :
    — Moi, je sais toujours ma position, j’ai toujours présents mes états de situation. Je sais toujours la position de mes troupes. J’aime la tragédie mais toutes les tragédies du monde seraient là d’un côté, et des états de situation de l’autre, et je ne laisserais pas une ligne de mes états de situation sans l’avoir lue avec attention. Ce soir, je vais les trouver dans ma chambre, je ne me coucherai pas sans les avoir lus... Les généraux ne prennent pas sur eux la responsabilité d’ordres dans lesquels ils n’ont pas confiance, l’exécution se fait mal. Alexandre m’a dit souvent : « Je sens que je ne suis pas empereur, comme vous, parce que je dépends de mes généraux... » Je n’ai qu’une passion, qu’une maîtresse, c’est la France : je couche avec elle. Elle ne m’a jamais manqué, elle me prodigue son sang et ses trésors. Si j’ai besoin de cinq cent mille hommes, elle me les donne, je veux que mes frères soient de même que moi. L’Espagne doit être française, et si dans quelque temps il me convient d’en réunir quelques provinces à la France, je le ferai.
    Ce jour-là, l’Empereur envisage de ne plus remettre son frère sur le trône, ce trône qu’il lui faut cependant tout d’abord reconquérir. En quelques jours, suivant sa tactique, Napoléon anéantit la gauche anglo-espagnole commandée par Blake, détruit la droite ennemie dirigée par Palafox, puis fonce sur le centre, c’est-à-dire sur Burgos où opère le marquis de Belveder à la tête de l’armée d’Estramadure. Bessières, Mouton et Lasalle effectuent la trouée et les Espagnols s’enfuient vers Madrid.
    On se lance à leur poursuite dans la sauvage Sierra de Guadarrama qui se dresse comme une véritable barrière. Une seule voie la traverse permettant de franchir le col de Somosierra. Mais le passage, moins abrupt que l’a décrit Ségur, n’en est pas moi us puissamment gardé par les troupes ennemies, commandées par Benito San Juan. Franchir le défilé semble impossible.
    — Je ne connais pas ce mot-là ! proteste l’Empereur qui se trouve à cet instant sur le pont qui franchit le ruisseau Durabu.
    Et il envoie l’un de ses officiers d’ordonnance, Philippe de Ségur, vers Korjietulski, commandant l’escadron polonais, arrêté devant le col.
    — Commandant, lui annonce le futur général de Ségur, l’Empereur nous ordonne de charger à fond, sur-le-champ.
    Le colonel Piré, des chasseurs de la Garde, s’exclame :
    — C’est impossible !
    — On l’a dit à l’Empereur et il n’en croit rien !
    — Eh bien, reprend Piré, viens-y donc regarder toi-même, et vois si le diable, tout fait au feu qu’il doit être, pourrait mordre là-dessus...
    Le colonel montre à l’officier d’ordonnance le chemin gravissant l’amphithéâtre bordé de « croupes rocheuses ». Au sommet, on aperçoit une redoute truffée de seize canons, tandis que vingt bataillons se sont déployés, couronnent en demi-cercle le sommet et empêchent le franchissement du

Weitere Kostenlose Bücher