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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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conduit par ces canailles sur la place Major : là, après lui avoir coupé les sourcils des yeux, et arraché les ongles, on l’avait scié par morceaux, et jeté aux cochons... les soldats moins malades avaient été lapidés, coupés en pièces et jetés à la voirie... »
    Les survivants adopteront, à leur tour, les méthodes de la lutte inhumaine.
    — Quelle guerre ! pourra un jour soupirer Lannes. Être contraint de tuer tant de braves gens ou même de furieux ! La victoire fait peine !
    Outre Pyrénées, les succès céderont bientôt le pas aux défaites et Napoléon constatera plus tard – trop tard :
    — Cette malheureuse guerre m’a perdu ; toutes les circonstances de mes désastres se rattachent à ce noeud fatal. Elle a compliqué mes embarras, divisé mes forces, détruit ma moralité en Europe...

    Le 27 janvier 1809, Fouché, le premier, est appelé aux Tuileries et courbe l’échiné sous la semonce. Cependant l’Empereur ne le renvoie pas : il a trop besoin de lui et se refuse à lui appliquer sa formule :
    — Il faut disgracier ceux qu’on ne peut plus récompenser !
    Le lendemain, c’est au tour de Talleyrand. Cambacérès, Lebrun, Montesquiou, Decrès et Fouché assistent à la scène.
    Elle est terrible.
    Après avoir déclaré que les ministres doivent « cesser d’être libres de leurs pensées et de leurs expressions », Napoléon précise qu’il leur faut se considérer comme le simple reflet du maître. S’ils « doutent » de lui, ils le trahissent ! Puis l’Empereur, en regardant fixement Talleyrand, se lève. Tous l’imitent et le prince de Bénévent se dirige en claudicant vers une console sur laquelle il s’accoude. Napoléon fonce alors sur lui et tonne :
    — Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi ; vous ne croyez pas à Dieu ; vous avez, toute votre vie, manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde ; il n’y a pour vous rien de sacré ; vous vendriez votre père. Je vous ai comblé de biens et il n’y a rien dont vous ne soyez capable contre moi. Ainsi, depuis dix mois, vous avez eu l’impudeur, parce que vous supposez, à tort et à travers, que mes affaires en Espagne vont mal, de dire à qui veut l’entendre que vous avez toujours blâmé mon entreprise sur ce royaume, tandis que c’est vous qui m’en avez donné la première idée, qui m’y avez persévéramment poussé !
    L’Empereur, tout en jetant feu et flamme, fait les cent pas entre la cheminée et la console où s’appuie toujours le prince de Bénévent, « pâle comme la mort », et qui n’ose répondre. Talleyrand avait également prétendu être « étranger » à l’assassinat du duc d’Enghien. Soudain l’Empereur pense au mort de Vincennes et la tempête monte encore :
    — Cet homme, ce malheureux, par qui cependant ai-je été averti du lieu de sa résidence ? Qui m’a excité à sévir contre lui ? Étranger à la mort du duc d’Enghien ! Mais oubliez-vous que vous me l’avez conseillée par écrit ? Étranger aussi à la guerre d’Espagne ? Mais oubliez-vous que vous m’avez conseillé de recommencer la politique de Louis XIV ? Oubliez-vous que vous avez été l’intermédiaire de toutes les négociations qui ont abouti à la guerre actuelle ? Quels sont vos projets ? Que voulez-vous ? Qu’espérez-vous ? Osez le dire ! Vous mériteriez que je vous brisasse comme du verre ; j’en ai le pouvoir ; mais je vous méprise trop pour en prendre la peine ! Oh ! tenez, vous êtes de la m... dans un bas de soie !
    Talleyrand blêmit, mais ne dit toujours rien. Impassible, face de plâtre, il regarde Napoléon l’insulter durant trois effroyables heures. Voulant le blesser encore davantage, ulcéré en se rendant compte que les injures et les outrages glissent sur le personnage, l’Empereur lance une dernière bordée :
    — Vous ne m’aviez pas dit que le duc de San Carlos était l’amant de votre femme ?
    Cette fois, Talleyrand répond par la célèbre insolence qui désarçonne Napoléon :
    — En effet, Sire, je n’avais pas pensé que ce rapport pût intéresser la gloire de Votre Majesté et la mienne !
    Napoléon ne sait que répondre. Il se dirige vers la porte et, regardant également Fouché, il menace :
    — Apprenez que, s’il survenait une révolution, quelque part que vous y eussiez prise, elle vous écraserait les premiers !
    Il fallait aussi pour Talleyrand un mot de la

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