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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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ou, au plus tard, demain.
    Et « demain » sera la journée d’Eckmühl où Davout, chargeant lui-même à la tête de l’infanterie, gagne son titre de prince. L’Empereur le confiera à Sainte-Hélène :
    — Les plus grandes manoeuvres militaires que j’aie jamais faites et pour lesquelles je m’estime le plus ont eu lieu à Eckmühl et étaient infiniment supérieures à celles de Marengo et à d’autres actions qui ont précédé ou suivi celles-là...
    Les Autrichiens, à travers la plaine marécageuse, se sont repliés sur Ratisbonne, mais Napoléon ne les poursuivra que le lendemain. Pourquoi marque-t-il ce bref temps d’arrêt ? Est-ce la vision de plus en plus atroce de la guerre qui l’accable ? Ces masses de cadavres qui jonchent le sol ? Est-ce la fatigue ? S’il ne connaît point de limites pour accomplir son travail qui, il le dira souvent, demeure son élément, il connaît la lassitude éprouvée par son corps et par ses jambes ! Le 23 avril, il reprend sa marche et se porte sur Ratisbonne. On le voit s’avancer témérairement vers les hauts remparts de la ville qui sont puissamment défendus. Y-a-t-il, comme vient de le faire Lannes, vouloir y dresser lui-même une échelle ? À cet instant, une balle tirée du haut de la muraille le blesse au talon, lui « rasant » le tendon d’Achille, ainsi qu’il annonce à Joséphine. Le docteur Yvan accourt.
    — Ce ne peut être qu’un Tyrolien, lui affirme-t-il, ces gens-là sont fort adroits.
    L’Empereur refuse de quitter la place, il s’assied sur un tambour, se fait panser et, en dépit des protestations de tous, remonte à cheval et, sans remettre sa botte, va se montrer au corps de Lannes. Les soldats, qui ont appris l’événement, l’acclament longuement. Galvanisées, les troupes se ruent à l’assaut de la ville qui est vite la proie des flammes. Ainsi setermine, à la « triste clarté des incendies », la quatrième journée de la campagne.
    L’ennemi, en retraite vers la Bohême, traverse le Danube, laisse la rive droite à l’Empereur, et prend la direction de Wagram, village situé, au nord et presque aux portes de Vienne. La route de la capitale est donc ouverte. Une route que les combats vont semer de cadavres. Le 3 mai, à Ebersberg – la ville n’est qu’une torche – on doit, à la pelle, frayer un passage à l’Empereur à travers un monceau de morts français et autrichiens. Le spectacle est horrible : « Des femmes, de malheureux enfants consumés dans les bras l’un de l’autre ; et, dans ce désastre général, une armée traversant ce théâtre de destruction au bruit d’une musique guerrière, les voitures roulant sur quinze cents morts, brisant leurs crânes et emportant les lambeaux de leur dépouille. »
    Quel crime ! murmure Napoléon. Quelle affreuse échauffourée !
    « Un bourbier de chair humaine », précise un autre témoin. L’Empereur s’exclame encore – inconscient :
    — Il faudrait que tous les agitateurs des guerres vissent une pareille monstruosité ; ils sauraient ce que leurs projets coûtent de maux à l’humanité.
    Sans doute, aujourd’hui, au cours de cette campagne contre l’Autriche, comme il y a trois ans contre la Prusse, Napoléon ne peut être considéré comme un « agitateur de guerre », mais ne l’a-t-il pas été l’année précédente, en Espagne et au Portugal ?
    La famille impériale fuit devant le Krampus – le diable cornu en Autriche. L’archiduchesse Marie-Louise se montre la plus révoltée. Cette fois elle n’a plus l’âge de brûler ses poupées en disant qu’elle fait « rôtir le Corsicain », comme au lendemain d’Austerlitz ! Mais elle affirme que les Français « font la guerre à la manière des Huns ». Quelle désolation pour elle en apprenant que « l’Antéchrist » assiège Vienne pour la deuxième fois et qu’il s’est à nouveau installé en son cher Schoenbrunn ! Le plus surprenant – mais la future impératrice l’ignorait – fut de voir certains Viennois massés sur le glacis – dont les rings ont aujourd’hui pris la place – acclamer leur vainqueur et pousser en son honneur des vivats. Était-ce pour se faire pardonner leur récente attitude ? Les jours précédents, du haut des remparts, ils avaient, en effet, copieusement injurié les assiégeants en leur adressant, nous dit Dupin, « les plus infâmes propos ».
    Vienne a capitulé le 13 mai et, le même jour, accompagné

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