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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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troupes à l’attaque contre les Russes. Dès que les hauts bonnets à poil couronnent les hauteurs de Champaubert, les troupes du tsar hésitent et fléchissent. Une charge des dragons de la Garde coupe l’ennemi en deux masses. Les soldats d’Alexandre jettent leurs armes et se sauvent dans les bois où les paysans viennent prêter main-forte à la petite armée impériale. « On voyait jusqu’à des gamins de douze ans, racontera Planat de La Faye, portant chacun deux fusils sur leurs épaules, faire marcher devant eux deux ou trois de ces gaillards et les amenant en triomphe à l’Empereur. »
    De Champaubert, à sept heures du soir, de la Maison bleue où il va passer quelques instants – elle existe encore, un boulet incrusté dans sa façade — Napoléon peut écrire à l’Impératrice : « Ma bonne Louise, Victoire ! J’ai détruit douze régiments russes, fait six mille prisonniers, quarante pièces de canon, deux cents caissons, pris le général en chef et tous les généraux, plusieurs colonels ; je n’ai pas. perdu deux cents hommes. Fais tirer le canon des Invalides et publier cette nouvelle à tous les spectacles. Je suis Sacken qui est sur La Ferté-sous-Jouarre. Je serai à minuit à Montmirail et le serrerai de près. »
    Entre deux batailles, le général Girod de l’Ain croque cette scène sur le vif : « L’Empereur avait mis pied à terre au milieu d’un champ, pour satisfaire certain besoin, quand la colonne que je suivais lui vint directement dessus... Il ne se dérangea pas le moins du monde, et laissant complètement à découvert ce que, d’ordinaire, on met quelque soin à dissimuler, se laissant coudoyer successivement depuis la tête jusqu’à la queue de cette épaisse colonne par les hommes sur le chemin desquels, il se trouvait, il acheva tranquillement son affaire ; témoin involontaire de ce tableau, je restai là à cheval en face de lui et jusqu’après le défilé de toute la colonne »...
    L’Empereur a avec lui près de cinq mille grognards, quatre mille sept cents cavaliers et moins de dix-huit cents jeunes recrues, baptisées les. Marie-Louise. À neuf heures du matin, ce vendredi 11, Napoléon rencontre à Montmirail le Poméranien Sacken qui se trouve à la tête d’un corps d’armée russe. Quatorze mille contre trente mille ! La Garde et la division Ricard enlèvent avec tant d’ardeur la ferme de la Cour d’Airain, à Marchais, que, sans remettre au lendemain, Napoléon distribue mille sept cent cinquante croix de la Légion d’honneur. Puis, il se met au lit dans la ferme des Gréneaux, entre Marchais et Fontenelle. Le « palais » est sans carreaux et les murs sont criblés de boulets. L’un de ceux-ci sera même conservé et – émouvante relique – sera encastré dans la maison qui prendra plus tard sa place.
    Le vendredi soir, le général Girod de l’Ain pénètre dans le Quartier général endormi : « Après avoir traversé une grande cour encombrée d’hommes et de chevaux couchés pêle-mêle sur les fumiers, qui la remplissaient, je pénétrai au rez-de-chaussée, dans une petite chambre éclairée de bougies brûlant sur une petite table, des cartes étaient déployées sur cette table et même sur le plancher ; un homme que je reconnus pour le fidèle mamelouk de l’Empereur, dormait couché par terre, à peu près en travers de la porte ; au fond de la chambre étaient une petite alcôve et un lit sur lequel reposait, tout habillé, l’Empereur lui-même... »
    Quels sont ses rêves ? Continuer à battre l’ennemi à un contre trois ? Le chasser hors de France ? Ce même jour, Sens a été pris. Parviendra-t-il à rejoindre Blücher en retraite vers Château-Thierry ?
    Il y parviendra et, pour la troisième fois en trois jours, remportera une nouvelle victoire. Le plateau de Nesle est pris. Mais l’adversaire en retraite a brûlé les ponts sur la Marne, et Napoléon ne peut le poursuivre. Quelle guerre effroyable ! Lorsqu’il entre à Château-Thierry – le dimanche 13 à trois heures de l’après-midi – le sac de la ville par les Prussiens d’York lui étreint le coeur et lui donne la nausée. Les Cosaques se comportent tout aussi affreusement. Une seule consolation : les atrocités commises par l’ennemi vont armer les paysans. C’est la guerre, la faux à la main – et même la guerre au couteau.
    Au cours de la nuit du 13 au 14 février – il loge à Château-Thierry, chez le maître

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