Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
chemins glacés et balayés par le vent, il essaie d’apaiser la capitale que la défaite de la Rothière a consternée. « Pourquoi perdre ainsi la tête ? écrit-il à Cambacérès. Est-ce qu’on devient fou à Paris ? Le ministre de la Police dit et fait des sottises au lieu de s’instruire des mouvements de l’ennemi... »
    Et pour Joseph il trace ces lignes : « La situation des affaires n’en est pas où en est l’alarme... Tenez gaie l’Impératrice ; elle se meurt de consomption. »
    Les Alliés, après leur victoire de la Rothière, croient en effet la campagne terminée. Pour eux, la route de Paris est ouverte et ils commettent la faute grave de se séparer. Blücher et son armée de Silésie sont descendus le long de la Marne, tandis que Schwarzenberg et son armée de Bohême suivent les deux rives de la Seine. La décision de l’Empereur est vite prise : se tournant tantôt vers les Austro-Russes, tantôt vers les Allemands, il battra Autrichiens, Prussiens et soldats du tsar. Il va chausser ses bottes de 93 et écrire dans l’Histoire sa plus belle campagne !
    Napoléon passe la nuit du mardi 7 février à Nogent, dans la maison de Bertin-Delaunay, 20, Grande-rue Saint-Laurent, en face de l’église. Le matin du 8, Fain l’entend s’exclamer :
    — Je suis en ce moment en train de battre Blücher de l’oeil. Il s’avance sur la route de Montmirail : je pars, je le battrai demain, je le battrai après-demain ! Si ce mouvement a le succès qu’il doit avoir, l’état des affaires va entièrement changer et nous verrons alors !
    Blücher a en effet éparpillé ses forces en quatre groupes. L’Empereur doit donc les attaquer successivement !... Pourra-t-il y parvenir ? Aussi, ce même matin écrit-il à Joseph : « Si, par des circonstances que je ne puis prévoir, je me portais sur la Loire, je ne laisserais pas l’Impératrice et mon fils loin de moi, parce que, dans tous les cas, il arriverait que l’un et l’autre seraient enlevés et conduits à Vienne. Cela arriverait bien davantage si je n’existais plus... S’il arrivait bataille perdue et nouvelle de ma mort, vous en seriez instruit avant mes ministres. Faites partir l’Impératrice et le roi de Rome pour Rambouillet ; ordonnez au Sénat, au Conseil d’État et à toutes les troupes de se réunir sur la Loire ; laissez à Paris ou le préfet, ou un commissaire impérial, ou un maire... Si je meurs, mon fils régnant et l’Impératrice régente doivent, pour l’honneur des Français, ne pas se laisser prendre et se retirer au dernier village avec leurs derniers soldats. »
    Enfin, il ajoute ces lignes prophétiques qu’on ne peut lire sans un serrement de coeur :
    « Je préférerais qu’on égorgeât mon fils plutôt que de le voir jamais élevé à Vienne, comme prince autrichien ; et j’ai assez bonne opinion de l’Impératrice pour être aussi persuadé qu’elle est de cet avis, autant qu’une femme et une mère peuvent l’être. Je n’ai jamais vu représenter Andromaque que je n’aie plaint le sort d’Astyanax survivant à sa maison, et que je n’aie regardé comme un bonheur pour lui de ne pas survivre à son père. »
    La capitale continue à s’affoler, les Parisiens enterrent leur or, on éloigne les femmes et les enfants. Madame Mère – Marie-Louise l’annonce à son mari – « se meurt de peur ». Les bruits alarmistes se propagent. Mais Napoléon – ce 9 février – déconseille cependant à l’Impératrice d’aller en grand équipage implorer sainte Geneviève. De Sézanne, il adresse ce mot à Joseph : « Faites cesser ces prières de quarante heures et ces miserere. Si l’on nous faisait tant de singeries, nous aurions tous peur de la mort. Il y a longtemps que l’on dit que les prêtres et les médecins rendent la mort douloureuse. »
    Le lendemain matin il quitte Sézanne et court vers l’ennemi : « Je monte à cheval pour me porter à Champaubert. Je suis un peu contrarié par les chemins ; ils sont affreux, il y a six pieds de boue ». On se croirait en Russie !
    Ce même matin – jeudi 10 février — Blücher, grisé, annonce de son côté à sa femme : « Nous ne sommes plus qu’à quinze milles de Paris. Dans huit jours, nous serons certainement sous les murs de la capitale, et Napoléon perdra vraisemblablement sa couronne. »
    Mais l’Empereur, suivi de sa poignée d’hommes boueux, a rejoint Marmont devant Saint-Gond, et lance ses

Weitere Kostenlose Bücher