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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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champ de bataille. Son état-major est effrayé à juste titre.
    — Allez, mes amis, répète-t-il, ne craignez rien, le boulet qui doit me tuer n’est pas encore fondu !
    Mot qui fera la fortune de plusieurs générations d’imagiers.
    « Les Français se battent à un contre trois ! » ne cesse-t-on de répéter à Paris. Ce qui vaut au duc de Rovigo cette mercuriale du maître : « Il faut en vérité que vous ayez perdu la tête à Paris pour dire que nous étions un contre trois, lorsque, moi, je dis partout que j’ai trois cent mille hommes, lorsque l’ennemi le croit et qu’il faut le dire jusqu’à sa satiété. Voilà, comment, à coups de plume, vous détruisez tout le bien qui résulte de la victoire. Vous devriez savoir qu’il n’est pas question ici d’une vaine gloriole et qu’un des premiers principes de la guerre est d’exagérer ses forces. Mais comment faire comprendre cela à des poètes qui ne cherchent qu’à me flatter et à flatter l’amour-propre national ? »
    Le soir du samedi 19, à Montereau, dans sa chambre N° 2 de l’Hôtel du Grand-Monarque – on peut encore l’occuper — Napoléon reçoit une lettre de l’Impératrice accompagnée de «  son bonbonnière » ornée du portrait du roi de Rome exécuté par Mlle Thibaud. Le « petit roi » a abandonné ses jouets ; il est représenté, priant à genoux, les mains jointes, le visage douloureusement penché. Dès le lendemain, avant de se mettre en route, il dicte cette lettre à l’intention de Champagny, l’intendant général de la Couronne : « L’Impératrice m’a envoyé un petit portrait du roi de Rome qui prie Dieu et m’a paru entièrement intéressant. Il faudrait que Denon fît graver cette légende : Je prie Dieu pour mon père ei pour la France. Cette petite gravure, si elle peut être faite en quarante-huit heures, serait d’un bon effet. »
    Il enverra la gravure un peu plus tard à l’empereur François qui sera peut-être attendri en voyant son petit-fils prier pour son père, mais du côté autrichien, il n’y aura aucun résultat – il est vrai que l’enfant priait, en somme, également pour -la retraite des troupes de « Papa François »...
    Et Napoléon poursuit sa marche. Les maréchaux, une fois de plus abattus et déprimés, exigent la paix. Le lundi 21 février, à Nogent, Ney et Oudinot viennent trouver leur chef dans sa maison de la grand-rue qu’il a déjà occupée le 7 février.
    — Alors, messieurs ?
    Ce qu’ils veulent ? Traiter avec l’ennemi ! Comment imaginer que l’on pourra toujours battre les « forces innombrables des Alliés » ?
    — Que dites-vous là ? Vous ignorez notre situation, je vais vous la montrer. Ney, asseyez-vous là et écrivez.
    Et Ney est obligé d’additionner les régiments que l’Empereur prétend encore posséder et dont les maréchaux contestent le nombre. Comme Oudinot, à un certain moment, se baisse pour ramasser une bûche qui a glissé de la cheminée, Napoléon le maintient à genoux en le tenant par la nuque.
    — Ah ! Monsieur, lance-t-il, contenant mal sa colère, je vous tiens. Avouez que vous vous êtes entendus tous les deux pour venir ici me décourager !
    La scène s’achève par cette proposition de l’Empereur :
    — Quoi qu’il en soit, nous allons déjeuner ensemble.
    Mais le repas manque d’entrain.
    Ce jour-là, l’Empereur est plein d’allant, et il écrit à Augereau : « Quoi ! Six heures après avoir reçu les premières troupes venant d’Espagne, vous n’étiez pas en campagne ! Six heures de repos leur suffisaient !... J’ai détruit quatre-vingt mille ennemis avec des bataillons composés de conscrits n’ayant pas de gibernes et mal habillés !... Si vous êtes toujours l’Augereau de Castiglione, gardez le commandement ; si vos soixante ans pèsent sur vous, quittez le commandement, remettez-le au plus ancien de vos officiers généraux. La Patrie est menacée, en danger ; elle ne peut être sauvée que par l’audace et la bonne volonté, et non par de vaines temporisations... Soyez le premier aux balles. Il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93 ! »
    Mais Napoléon se rend assurément compte que les maréchaux ont raison. Ce même 21 février, toujours de Nogent, il s’adresse à son beau-père pour lui proposer la paix. Le 23, le prince Wenceslas de Lichtenstein se présente aux avant-postes, à Châtres, afin de demander une suspension

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