Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
revenir à Vienne : « Je n’ai pas insisté, parce que je crois inutile de contrarier pour le moment un projet que, malgré cela, je ne lui laisse-rois jamais exécuter dans le temps, mais je ne veux pas avoir l’air d’y tenir à présent ; ainsi, je te prie de n’en [pas] parler, parce que cela gâterait le tout. »
    Elle confiera cependant ses projets au tsar, affirmant avec tant d’insistance à Alexandre son désir de rejoindre Napoléon que celui-ci – Marie-Louise le rapportera à son mari – s’exclamera :
    — Mais, Madame, on ne vous en empêchera pas, quoique peut-être vous ayez tort d’aller dans l’île d’Elbe !
    Sa femme et son fils sont désormais prisonniers. Napoléon ne les verra plus jamais. A-t-il su que le petit roi s’était jeté dans les bras d’Anatole de Montesquiou, le fils de sa gouvernante, pour lui dire tout en larmes :
    — Monsieur Anatole, comment se porte papa ? Monsieur Anatole, vous ne savez pas ? À présent, je ne peux plus porter l’uniforme des lanciers, je ne peux plus porter l’uniforme des chasseurs. Il faut que je porte l’habit des ennemis.

    Une seule consolation pour Napoléon durant cette lente agonie morale de Fontainebleau : il a le droit – le Traité l’y autorise – de désigner quatre cents hommes pour le suivre en exil. Comment choisir ? Tous veulent l’accompagner. Un matin, un cuirassier pénètre dans la galerie des Cerfs et s’avance vers le proscrit :
    — Mon Empereur, je réclame justice. J’ai vingt-deux ans de service, je suis décoré, et je ne suis pas porté sur la liste de départ. Si on me fait ce passe-droit-là, il y aura du sang de répandu.
    — Tu as donc envie de venir avec moi ?
    — Ce n’est pas une envie, mon Empereur, c’est mon droit, c’est mon honneur que je réclame.
    — As-tu bien réfléchi qu’il faut quitter la France, ta famille, renoncer à ton avancement ? Tu es maréchal des logis...
    — Je leur en fais la remise de l’avancement... Quant au reste, je m’en passerai... Et pour ce qui est de la famille, il y a vingt-deux ans que vous êtes ma famille, vous, mon général. J’étais trompette en Égypte, si vous vous rappelez.
    — Allons, tu viendras avec moi, mon enfant, j’arrangerai cela.
    — Merci, mon Empereur, j’aurais fait un malheur, c’est sûr !
    Les demandes sont si nombreuses que le chiffre est porté à six cents hommes. Sous les ordres du général Cambronne, la glorieuse phalange, drapeau en tête, quitte le château, précédée de sa musique : quatre clarinettes, une flûte, un cor et quelques tambours. Ils escortent quatre canons, les vingt-sept voitures de l’Empereur et ses chevaux favoris : Wagram, un pur-sang arabe gris pommelé, l’Émir, un alezan, Taurus, qui a été à la Beresina, le Roitelet, qui a porté Napoléon durant la campagne de France, et surtout le magnifique Intendant que l’Empereur montait pour les revues et les entrées triomphales. Les grognards l’appelaient plus familièrement Coco... et durant toute leur longue randonnée, jusqu’à Savone où ils embarqueront, le 23 mai, pour l’île d’Elbe, les vieux soldats veilleront sur Coco avec un soin jaloux.
    Les 17, 18 et 19 avril arrivent à Fontainebleau les commissaires alliés chargés d’accompagner l’Empereur déchu jusqu’à l’île d’Elbe : un Anglais, sir Neil Campbell, deux Autrichiens, le feld-maréchal Koller et le général Clam-Martiniz, un Russe, le général Schouvalov, et un Prussien, le général comte de Waldburg-Truchsess.
    Les geôliers dorés et empanachés ont le coeur battant en se présentant devant leur « prisonnier ». Le spectacle les stupéfie. « Il avait tous les signes de l’esprit le plus troublé, raconte Koller, se frottant le front avec les mains, puis se mettant les mains dans la bouche et s’en mordant les extrémités de l’air le plus agité. »
    C’est au tour de Sir Neil Campbell d’être présenté à l’Empereur déchu : « J’éprouvai une étrange confusion lorsque l’aide de camp, après m’avoir annoncé, se retira en fermant la porte et que je me trouvai soudain tête-à-tête avec l’homme extraordinaire dont le nom avait été, pendant des années, la pierre de touche de mes sentiments, soit comme Anglais, soit comme militaire, et dont la figure s’était offerte à mon imagination sous toutes les formes que l’exagération et la caricature pouvaient rendre le plus frappantes. Je vis devant

Weitere Kostenlose Bücher