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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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avec le général Friant et notre colonel. On m’appelle. De toute la journée je n’ai eu aussi peur ; voici le groupe qui s’ouvre devant moi, mon gosier se contracte.
    — Approche.
    « La voix de l’Empereur ! Je distingue seulement son visage et le blanc du plastron éclairé par le feu ; sa redingote grise et le petit chapeau se confondent avec l’ombre... » Putigny tremble. Pendant la bataille il a fait tomber le drapeau du régiment dans un fossé profond et n’est parvenu à le retrouver qu’en piteux état.
    — Tu vas à la pêche avec ton drapeau, s’exclame l’Empereur. Allons, rassure-toi, il est encore plus beau qu’avant. Tu es un brave, je te donne l’étoile de ma Légion d’honneur !
    La nuit tombe vite le 2 décembre et le brouillard – un brouillard glacé qui se transforme en pluie fine – voile les êtres et les choses. L’Empereur recommande le silence « afin de pouvoir entendre les gémissements de nos malheureux soldats mutilés ». Napoléon lui-même va les secourir, leur faisant donner par Yvan et son mamelouk Roustam de l’eau-de-vie de sa cantine. Le plateau et la plaine sont jonchés de morts, les villages pleins de traînardset de blessés. Il traverse tout le champ de bataille pour aller passer la nuit à la Lecht-auberge, deux ou trois bâtiments qui sont encore debout en contrebas de la chaussée, peu avant la route d’Austerlitz.
    Le lendemain, il va coucher au très beau château baroque d’Austerlitz – deux corps de logis reliés par un bâtiment en retour aujourd’hui propriété de l’État. De ses fenêtres du rez-de-chaussée, il voit le dos du plateau de Pratzen qui lui a donné la victoire. C’est là, sur une table de style XVIII e siècle précieusement conservée, qu’il trace sa proclamation célèbre :
    « Soldats !
    « Je suis content de vous. Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire ; une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée, ou dispersée. Quarante drapeaux, les étendards de la Garde impériale, de la Garde russe, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers sont les résultats de cette journée à jamais célèbre !... Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France. Là, vous serez l’objet de mes tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : « J’étais à la bataille d’Austerlitz », pour qu’on vous réponde : Voilà un brave ! »
    Il date sa proclamation d’Austerlitz, ce petit bourg morave qui donne son nom à la bataille, alors que Pratzen eût davantage mérité cet honneur.
    À Joséphine, il écrira ce même mardi : « L’armée russe est non seulement battue, mais détruite. » Le surlendemain il lui adressera ces nouvelles précisions : « La bataille d’Austerlitz est la plus belle de toutes celles que j’ai donné : quarante-cinq drapeaux, plus de cent cinquante pièces de canon, les étendards de la garde de Russie, vingt généraux, trente mille prisonniers, plus de vingt mille tués : spectacle horrible ! L’empereur Alexandre est audésespoir... Les Russes sont partis et fuient loin d’ici. Ils s’en retournent en Russie, bien battus et fort humiliés. »
    Le 4 décembre, après avoir reçu le prince Jean de Liechtenstein venu demander l’armistice, Napoléon se dirige vers la Hongrie et s’arrête à quinze kilomètres d’Austerlitz, dans le val de Ziarochitz – Zarosice – au « Moulin brûlé » – Spaleny Mlyn – dont les bâtiments, non loin du croisement de la route de Damborice, existent toujours. C’est là – à « mon bivouac », dira fièrement Napoléon – qu’il doit rencontrer l’empereur d’Autriche. Le moulin ne plaît guère à l’Empereur, aussi préfère-t-il que la réunion se déroule en plein air. Il y a là, à mi-pente de la colline, sous un tilleul, « une espèce d’anse ». Les sapeurs y allument un feu, tandis que deux chasseurs installés sur la colline surplombent et surveillent la scène {6} . Il est deux heures après-midi. Le vaincu d’Austerlitz se fait attendre assez longtemps, Napoléon commence à s’impatienter. Enfin, voici

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