Napoléon
seulement consenti à ramener de cent à cinquante millions l’indemnité que l’Autriche est contrainte de lui verser.
Le 28 décembre, l’Empereur quitte Schoenbrunn pour aller retrouver Joséphine à Munich, où doit êtrecélébré le mariage d’Eugène avec la princesse Augusta de Bavière. L’Électeur Max-Joseph a fait des difficultés pour donner son consentement. Il aurait voulu
— Napoléon le racontera plus tard – voir l’Empereur divorcer et épouser lui-même la princesse ! Pour le faire céder, il faudra la promesse de faire de lui un roi de Bavière – ce sera chose faite le 1 er janvier 1806
— et la menace, s’il continuait à jouer les récalcitrants, de donner en mariage au fils de Joséphine une archiduchesse, fille de l’empereur d’Autriche. La seule, d’ailleurs, en âge d’être mariée, se trouvait être la petite Marie-Louise qui allait avoir quinze ans...
Napoléon, par le mariage de son beau-fils, entre dans la famille des rois. La Révolution est bien terminée !... Aussi, le premier janvier 1806 – ce jour où Napoléon fait le premier roi d’une liste qui deviendra impressionnante – le calendrier révolutionnaire laisse-t-il la place au calendrier grégorien et le premier janvier redevient le jour de l’An.
Napoléon commande au temps...
Les Français approuvent et « plébiscitent » le nouvel état de choses. Sur tout le long du parcours, de Stuttgart à Paris, les arcs de triomphe, les villes illuminées, les inscriptions de toutes sortes, ne sont rien, nous dit l’un dès vainqueurs d’Austerlitz, « auprès du délire de son peuple ». Des pétitions circulent pour que l’on accorde au vainqueur d ’Osterlitz les « honneurs du triomphe », comme autrefois à Rome. Saint-Cloud a préparé un arc fleuri au bas de la rampe conduisant au château. On peut y lire ces mots : « À son souverain chéri, la plus heureuse des communes ». Afin que personne « n’y pût passer avant Sa Majesté », la municipalité pose une échelle au travers du « monument ». Mais le factionnaire s’endort. À l’arrivée des souverains, la voiture impériale passe à côté de l’obstacle... et de la sentinelle endormie. En riant, l’on baptisera alors Saint-Cloud « la plus dormeuse des communes ».
Les drapeaux pris à l’ennemi traversent la capitaleau milieu d’un enthousiasme indescriptible. À la Bourse, la rente monte de treize points.
Demeurent cependant l’Angleterre, victorieuse à Trafalgar, et la Prusse qui vient d’échapper à la guerre. Son roi n’attend qu’une occasion pour démontrer que son armée est toujours celle du grand Frédéric...
La quatrième coalition est déjà en route.
IV
« LA GLOIRE DE MON REGNE »
Aux yeux des fondateurs d’empire, les hommes ne sont pas des hommes, mais des instruments.
N APOLÉON .
Sous l’ancien Régime, tous les sept printemps,Limoges célébrait la fête de l’Ostension. Encette année 1806, la vieille coutume est reprise.
Or, dans la procession, parmi les enfants « vêtus ensaints », on voit un petit garçon et une petite fille, lacouronne sur la tête, représenter l’Empereur et l’Impératrice. La garde – et ce fait révolte le généralDufour, commandant la région – présente les armeset raccompagne les deux enfants chez eux après lacérémonie. Par contre, le Préfet et la plupart desassistants trouvent la chose parfaitement naturelle,tout aussi naturelle que la demande adressée, cemême printemps, au ministre de l’Intérieur, par cedistillateur d’Orléans « tendant à ce qu’il lui soitpermis de présenter à l’exposition du mois de maiprochain deux liqueurs de sa composition : l’huile Napoléon et l’huile Joséphine ». Tandis que la première est évidemment composée de laurier, la seconde est un délicat mélange de myrte et de rose.
La lecture des bulletins de Police écrits à cette époque est bien savoureuse. « Le vicaire général du diocèse de Metz, précise une note du printemps 1806, expose qu’il règne encore dans le clergé quelques doutes sur la légitimité du gouvernement de Sa Majesté. Une religieuse, qui ne manque pas d’esprit, lui a demandé si Bonaparte n’était pas l’Antéchrist... Il a pensé que cette idée pouvait lui avoir été suggérée par quelque partisan des Bourbons. »
Pour la fête de l’Empereur – le 15 août – un portique placé devant le théâtre de la Porte
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