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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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l’empereur François, escorté par une division des hussards de Kienmayer et par des uhlans de Schwarzenberg. Il est accompagné de plusieurs généraux, parmi lesquels le prince Jean de Liechtenstein. Les tambours de la Garde battent aux champs, les trompettes sonnent la marche. « Le spectacle était magnifique », nous dit un témoin. Napoléon s’avance sur la chaussée, aide François à descendre de sa voiture, et l’embrasse en lui adressant quelques paroles que les assistants ne peuvent saisir. « Mais il lui parla certainement des Anglais, racontera Thiard, car j’entendis l’empereur d’Autriche prononcer très distinctement ces mots :
    — Les Anglais, ce sont des marchands de chair humaine. »
    Napoléon conduit alors l’empereur François vers l’endroit qu’il a choisi, où ils demeurent seuls, près d’un feu qui pétille. La masse impressionnante de la Garde demeure immobile, l’arme au pied et dans le plus profond silence. Un des officiers entend encore l’empereur d’Autriche dire à son vainqueur :
    — Il n’y a point de doute, dans sa querelle avec l’Angleterre, la France a raison.
    François demande alors une trêve pour l’armée russe.
    — L’armée du tsar est cernée, pas un homme ne pourrait échapper, mais, ajoute Napoléon, je désire faire une chose agréable à l’empereur Alexandre ; je laisserai passer l’armée russe, j’arrêterai la marche de mes colonnes ; mais Votre Majesté me promet que l’armée russe retournera en Russie et évacuera l’Allemagne et la Pologne autrichienne et prussienne.
    — C’est l’intention de l’empereur Alexandre, répond l’empereur d’Autriche ; je puis vous l’assurer : d’ailleurs, dans la nuit, vous pourrez vous en convaincre par vos propres officiers.
    À la fin de la longue conversation, François s’écrie :
    — Allons ! C’est donc une affaire arrangée ! Ce n’est que depuis ce matin que je suis libre ! J’ai dit à l’empereur de Russie que je voulais vous voir ; il m’a répondu qu’il m’en laissait maître.
    Napoléon lance encore :
    — Ainsi, Votre Majesté me promet de ne plus recommencer la guerre ?
    — Je le jure et je tiendrai parole.
    L’entretien terminé, Napoléon reconduit François d’Autriche jusqu’à sa voiture, l’embrasse puis s’incline tandis que l’équipage s’éloigne.
    Comme il monte à cheval, il répète encore pour l’état-major :
    — Messieurs, nous retournons à Paris. La paix est faite.
    Au galop de son cheval arabe, il reprend le chemin d’Austerlitz. Les musiques jouent. La Garde « fait retentir les airs de cris mille fois répétés » de Vive l’Empereur !
    En apprenant la nouvelle d’Austerlitz, la jeune archiduchesse Marie-Louise a éclaté en sanglots. « Il me paraît impossible que ces tristes nouvelles soient vraies, écrit-elle ; il me semble que je rêve ; je ne puis pas croire qu’une semblable calamité nous arrive, mais il le faut cependant. Je ne veux pas encore douter que Dieu ne nous accorde la victoire sur ce Napoléon abhorré et l’achève... »
    La petite archiduchesse, pour se venger, appelle les punaises qui infestent les logis de rencontre de la famille impériale en fuite des napoléons, et laisse son frère François-Charles brûler l’une de ses poupées en déclarant « qu’il rôtit le Corsicain ». Tout cela n’a pas empêché l’empereur de la Révolution de mettre la vieille monarchie autrichienne à genoux et la pieuse Marie-Louise n’a d’autre recours que la prière : « Nous espérons beaucoup de Dieu, qui ne nous a sûrement pas oubliés et qui ne nous refusera pas sa protection. La victoire finira par revenir à papa et il arrivera certainement un moment où cet usurpateur sera abattu. Peut-être Dieu a-t-il permis qu’il aille aussi loin pour mieux lui couper toute retraite et le conduire à sa ruine... »

    Voici Napoléon de retour à Schoenbrunn où – le 13 décembre – il écrit à Joseph : « Ce n’est pas en criant Paix ! qu’on l’obtient... La paix est un mot vide de sens ; c’est une paix glorieuse qu’il nous faut ! » La paix signée à Presbourg sera glorieuse pour l’Empire, mais affreusement sévère pour l’Autriche. Le 27 décembre, l’empereur François doit abandonner le Tyrol et Venise. Il perd son influence sur la Suisse et l’Italie, tandis que la Bavière, Bade et le Wurtemberg se voient agrandis à ses dépens. Napoléon a

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