Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
Puissances : « Il ne s’agit pas aujourd’hui de maintenir le traité de Paris, il s’agit de le refaire. »
    En face de l’armée napoléonienne va se dresser un demi-million de combattants, chiffre qui pourra être doublé si la première vague ne devait pas suffire à engloutir l’Usurpateur...
    Les Alliés font alors grand cas de leurs armements « modernes », supérieurs à ceux de Napoléon. Les troupes napoléoniennes étaient en effet encore armées du fusil « Gribeauval ». Charger un fusil de modèle 1777 équivalait à une lente – et presque dangereuse – expérience de laboratoire. Pour tirer, il fallait prendre une cartouche, la déchirer avec les dents, mettre la poudre dans l’arme par le canon, la tasser, avec une baguette, pousser le papier ayant contenu la poudre et devenu la bourre, ensuite glisser la balle, ouvrir le bassinet, placer un peu de poudre, s’assurer que la pierre se trouvait bien aiguisée, viser... sans point de mire, presser la détente, produire ainsi une étincelle allumant la poudre du bassinet qui, par la « lumière » communiquait, par temps sec, le feu à la poudre mise à l’intérieur du fusil. L’opération permettait toutes les trente secondes d’envoyer une balle de vingt-cinq grammes à deux cent trente mètres. Une fois sur quatre, la balle ne partait pas, tous les douze coups il fallait retailler le silex et, tous les trente, nettoyer l’arme.
    À la veille de la campagne de Russie, on proposa à Napoléon la cartouche libre, toujours enveloppée de papier, mais se chargeant d’un seul coup. S’il avait accepté, il lui eût fallu changer l’équipement de quatre cent mille hommes et emporter trois fois plus de munitions – par conséquent tripler son charroi – car ses soldats allaient tirer cinq ou six fois par minute ! Grâce à sa « rapidité de manoeuvre » Napoléon avait jusqu’alors réussi à vaincre. Pour lui, mieux valaient les inconvénients du fusil Gribeauval que de retarder son entrée en campagne par l’apport d’un nouveau matériel et ralentir ensuite les mouvements de son armée par la longueur de son train d’équipage.
    La même raison lui fit refuser l’obus à balles inventé par le major Shrapnel. L’armée française possédait alors « la boite à mitraille » lancée par canon. Il y en avait deux modèles : chargée l’une de quarante-deux biscaïens, l’autre, destinée aux distances plus courtes, bourrée de soixante à cent balles plus petites. Certes, la boite à mitraille s’avérait moins efficace que le projectile de Shrapnel, mais les dégâts produits n’en étaient pas moins assez considérables.
    Plutôt que de l’adopter, Napoléon préféra rendre son artillerie plus mobile en remplaçant les charretiers civils qui disparaissaient dès qu’ils entendaient siffler les premières balles, par des soldats montés – le train d’artillerie – qui amenaient le canon au combat.
    Ici, l’historien anglais Forester exulte : Wellington s’est servi de l’engin de Shrapnel en Espagne et il a été vainqueur. En fait, c’est l’absence de l’Empereur bien plus que l’efficacité de l’engin qui lui a assuré la victoire. Wellington n’a trouvé devant lui que des maréchaux qui suivaient encore la formule impériale du 14 février 1806 :
    — Tenez-vous-en strictement aux ordres que je vous donne ; exécutez ponctuellement mes instructions. Moi seul sais ce que je dois faire !
    Ce ne sont que des exécutants ! Livrés à eux-mêmes, le « cerveau de l’armée » à Vienne ou à Moscou, ils s’étaient montrés incapables de concevoir un plan de bataille. Tout au plus avaient-ils pu contraindre Wellington à faire une guerre défensive. Le général anglais – d’ailleurs plus tacticien que stratège – fut donc voué, en Espagne, aux batailles «de position ». Pour vaincre, il dut avant tout perfectionner son matériel, d’autant plus que ses soldats – il l’avouera lui-même – « n’étaient que de l’écume de la terre recrutés pour boire », et fournis par des marchands, au prix de quinze à vingt guinées par tête.
    Pour Napoléon, plus stratège que tacticien, « à la guerre, un homme est tout »... Cette définition prépondérante l’emporte sur les avantages d’une nouvelle boîte à mitraille !

    Au lieu d’attendre l’avalanche qui se prépare à dévaler vers la France, Napoléon décide de prendre les devants et d’attaquer

Weitere Kostenlose Bücher