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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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impériale demeurent fermés... car Napoléon a décidé de quitter la Préfecture sans être vu et a pris place, quelques instants plus tard, dans une calèche qui s’est rangée devant la terrasse de l’hôtel. C’est par le jardin, la rue des Fonderies et le quai des Vivres que le proscrit va rejoindre ses compagnons qui l’attendent à la sortie du faubourg. Bientôt, après avoir traversé la marécageuse plaine d’Aunis, les voitures atteignent Fouras, à l’embouchure de la Charente. La population du village s’est massée sur la grève de la Noue. « Nous pleurions comme des filles », a raconté un témoin.
    Sur le dos du marin Beau, Napoléon est porté jusqu’à la chaloupe envoyée au-devant de lui par la Saâle. Le bateau s’éloigne tandis que des « Vive l’Empereur ! » couvrent le bruit de la mer. Il vente, d’ailleurs, assez fort et les lames sont dures. Il faut une heure et demie pour atteindre la frégate à l’ancre dans la baie de La Noue – dans la fosse d’Enet – devant File d’Aix.
    Tout l’équipage de la Saâle est monté dans les vergues et acclame Napoléon^ tandis qUe les officiers – le capitaine Philibert à leur tête – saluent de l’épée nue. L’Empereur décidé de coucher à bord. Il passe une mauvaise nuit dans la chambre du conseil qui a été séparée en deux par une toile afin de ménager une place pour Béker. À l’aube du 9 juillet, l’Empereur va visiter l’île d’Aix.
    Aujourd’hui, ce petit morceau de terre, relativement élevée au-dessus de l’océan, ne compte même pas une centaine d’habitants. En 1815, c’est une vraie place forte où tient garnison le 14 e régiment de marine. L’Empereur le passe en revue et inspecte les ouvrages défensifs dont l’île est hérissée. La population l’acclame en criant :
    — À l’armée de la Loire !
    Une heure après son retour à bord, le préfet Bonnefoux apporte des dépêches du gouvernement provisoire, écrites la veille de l’entrée de Louis XVIII à Paris. Fouché autorise, sans doute, l’Empereur à embarquer sur un aviso – si le fugitif estime pouvoir passer ainsi plus facilement à travers les mailles du filet ennemi – mais avant tout il lui interdit de remettre le pied sur le continent et lui conseille de se rendre « immédiatement » à bord de la croisière anglaise.
    Fouché connaît bien son ancien maître !
    Napoléon n’a retenu que les derniers mots de la dépêche de Fouché. Aussi, dès le lendemain – 10 juillet – Savary et Las Cases, autrefois conseiller d’État, aujourd’hui chambellan, se rendent en plénipotentiaires à bord du Bellerophon.
    Le capitaine anglais Maitland – un homme maigre et pâle – va les jouer de main de maître. Il fait semblant d’être dans l’ignorance la plus totale des événements. C’est tout juste s’il ne déclare pas faire une croisière d’agrément ! Waterloo ? C’est la première fois qu’il entend ce nom ! L’Empereur a abdiqué ? Il est à l’île d’Aix ? Il demande si ses sauf-conduits sont arrivés ?
    — J’ignore tout, affirme-t-il. Je voudrais être à même de vous satisfaire. Je vais rendre compte à mon amiral qui est dans la baie de Quiberon...
    Or, Maitland est au courant de tout.
    Depuis le 7 juillet, Maitland sait par l’amiral Hotham que Napoléon se dirige vers Rochefort pour essayer de s’embarquer pour l’Amérique ; il est prévenu que le gouvernement anglais a refusé d’accorder au vaincu de Waterloo le sauf-conduit qu’il a demandé. Bien plus, il a reçu des ordres précis : « faire tous ses efforts pour empêcher Bonaparte de s’échapper ».
    Fouché a bien travaillé !
    Pendant le déjeuner – car il traite fort bien les deux envoyés de Boney, ainsi que l’on appelle Napoléon à Londres – arrive une corvette, le Falmouth, qui apporte des dépêches. Le capitaine les lit, puis, souriant, déclare :
    — Il n’y a pas un mot de ce que vous êtes venus m’apprendre. Je vois même qu’au moment du départ de ce bâtiment, on ignorait en Angleterre tout ce que vous m’avez fait connaître.
    Or, le texte de la dépêche, que venait de lire sans sourciller Maitland, est tout autre ! « Il vous est enjoint, ordonnait l’amiral, de faire les plus strictes recherches sur tout bâtiment que vous rencontrerez. Si vous êtes assez heureux pour prendre Buonaparte, vous devez le transférer sur le vaisseau que vous commandez, l’y tenir sous

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