Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
plus atroce de l’histoire maritime...
    Dès l’arrivée de l’Empereur, un conseil s’ouvre. Essayer de percer le blocus est déconseillé par le préfet. Pourquoi ne pas rallier plutôt la corvette la Bayadère qui stationne devant Royan ? Son commandant, le capitaine Baudin, aussitôt alerté, fait répondre qu’il se fait fort de mener l’Empereur jusqu’en Amérique. Mais Napoléon, sans toutefois repousser ce projet, ne parvient pas à se décider... Comme il serait plus digne de se rendre à bord du vaisseau anglais, plutôt que de fuir tel un malfaiteur sur une coquille de noix !
    Pour la même raison, il refuse la proposition du lieutenant Besson, commandant une petite goélette – un sloop – qui propose de cacher l’Empereur dans le fond d’une barrique « bien matelassée et garnie de tubes à air » ...Partir seul avec un valet de chambre – et en cet équipage ! – alors qu’il pourrait se présenter aux Anglais suivi d’une quinzaine d’officiers en grand uniforme et de soixante domestiques... sans parler d’une vaisselle somptueuse et de ses innombrables bagages.
    Durant quatre journées, tandis que la foule ne se lasse pas de crier « Vive l’Empereur ! », le conseil discute. Mais l’Empereur est toujours hésitant.
    Béker reçoit enfin la réponse de sa lettre de Niort à Fouché : « Napoléon doit s’embarquer sans délai... Vous devez employer tous les moyens de force qui seraient nécessaires... Quant au service qu’il offre, nos devoirs envers la France et nos engagements avec les puissances étrangères ne nous permettent pas de les accepter et vous ne devez plus nous en entretenir. »
    Fouché, qui voit déjà l’Empereur revenir au galop après avoir rallié l’armée de la Loire, n’a qu’une pensée : maintenir Napoléon quasi prisonnier sur la Saâle ou la Méduse, en l’empêchant à la fois de débarquer et de mettre à la voile. Il n’y aurait plus alors qu’à le livrer aux Anglais !
    — Que pensez-vous de tout ceci, général Béker ? demande Napoléon.
    — Prendre une prompte détermination ! Il faut s’attendre que le gouvernement envoie des agents à votre poursuite.
    — Mais, général, quoi qu’il arrive, vous seriez incapable de me livrer ?
    — En me sacrifiant, Sire, je ne vous sauverais pas. Le même peuple qui se presse tous les soirs sous vos fenêtres, proférerait demain des cris d’un autre genre si la scène venait à changer. Votre sûreté serait compromise et les commandants des frégates, recevant les ordres des ministres du roi Louis XVIII, méconnaîtraient les miens et rendraient votre salut impossible.
    — Eh bien puisqu’il en est ainsi, donnez l’ordre de préparer les embarcations pour l’île d’Aix !
    Béker voit juste. Louis XVIII n’ignore pas que, le 20 mars précédent, Napoléon a enjoint de l’arrêter, ainsi que son frère, sur la route de Lille. Aujourd’hui, le roi n’hésiterait pas non plus à envoyer une compagnie de gardes du corps « courir sus à M. de Bonaparte, traître à son roi... » Car Louis XVIII vient de rentrer « chez lui ». En ce même après-midi du 8 juillet, Paris, pavoisé de blanc, « pleure de joie » en acclamant « notre père de Gand » – selon le mauvais calembour lancé par Fouché. Le comte d’Artois et le duc de Berry chevauchent à la portière royale. L’enthousiasme est indescriptible... aussi indescriptible que le soir du 20 mars, lors du retour de l’Empereur ! Et sans ironie, le Moniteur écrira le lendemain : « Les étrangers, témoins de ce beau spectacle, ont reconnu le caractère français sous ses traits véritables. »
    Le futur Charles X, en pénétrant aux Tuileries, a serré la main de Fouché qui a voté autrefois la mort de son frère Louis XVI.
    — Monsieur le duc, vous me voyez heureux, très satisfait. L’entrée a été admirable et nous vous en avons toute l’obligation.
    À Rochefort, les vingt berlines impériales surchargées de domestiques et de bagages sont arrivées à la Préfecture et l’Empereur décide d’aller s’embarquer à Fouras. Déjà la Saâle et la Méduse ont reçu les provisions nécessaires à une longue traversée : six barils de boeuf en daube, vingt-quatre jambons, soixante-quinze dizaines d’oeufs et jusqu’à cent bouteilles de cognac.
    Le cortège s’organise et les voitures traversent la ville tandis que la foule crie Vive l’Empereur ! Les stores de la berline

Weitere Kostenlose Bücher