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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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a dit avoir des ordres du gouvernement de me recevoir, et de me conduire en Angleterre avec ma suite, si cela m’était agréable. Je me suis présenté de bonne foi pour venir me mettre sous la protection des lois d’Angleterre. Aussitôt assis à bord du Bellerophon, je fus sur le foyer du peuple britannique.
    « Si le gouvernement, en donnant des ordres au capitaine du Bellerophon de me recevoir ainsi que ma suite, n’a voulu que me tendre une embûche, il a forfait à l’honneur et flétri son pavillon. Si cet acte se consommait, ce serait en vain que les Anglais voudraient parler à l’Europe de leur loyauté, de leurs lois et de leur liberté. La foi britannique se trouvera perdue dans l’hospitalité du Bellerophon.
    « J’en appelle à l’Histoire ; elle dira qu’un ennemi, qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement, dans son infortune, chercher un asile sous ses lois. Quelle plus éclatante preuve pouvait-il donner de son estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on en Angleterre à une telle magnanimité ? On feignit de tendre une main hospitalière à cet ennemi, et quand il se fut livré de bonne foi, on l’immola ! »
    N APOLÉON
    « À bord du Bellerophon, à la mer. »
    À la mer ! Cette date immense, s’exclamera Chateaubriand.

    Qui accompagnerait le proscrit ?
    Savary et Lallemand ont été écartés par le gouvernement britannique, car ils figurent l’un et l’autre sur une liste de proscription établie par Louis XVIII. Le duc de Rovigo étant donné son rôle dans l’enlèvement du duc d’Enghien, le second parce que, en 1815, lors du vol de clocher en clocher, il s’était rallié – lui et sa division – à l’échappé de l’île d’Elbe.
    Le choix est laborieux. Finalement, se trouvent désignés le grand-maréchal Bertrand, – en dépit des pleurs de Mme Bertrand –, ainsi que les généraux Montholon et Gourgaud. L’Empereur a d’abord choisi Planât de la Faye, mais Gourgaud argue de son grade et le colonel Planat est rayé de la liste. Mmes Bertrand et Montholon ainsi que leurs enfants partiront eux aussi. En surnombre, Napoléon parvient à faire accepter Las Cases en qualité de secrétaire du Cabinet. Son fils – Emmanuel – l’accompagnerait. Il y avait, en outre, onze domestiques, à la tête desquels se trouvait placé le fidèle Marchand, premier valet de chambre.
    Napoléon avait encore « le droit » de désigner un médecin. Pierre Maingault, qui a suivi l’Empereur depuis Malmaison, refuse de partir pour Sainte-Hélène. Lorsqu’il s’était porté volontaire pour accompagner Napoléon, il avait été question des États-Unis... on lui parle maintenant de Sainte-Hélène et il n’est plus d’accord ! On a beau insister – et employer tous les arguments possibles – Maingault refuse. Aussi l’Empereur demande-t-il à l’Irlandais O’Meara, chirurgien du Bellorophon, s’il veut bien l’accompagner. Après avoir consulté ses chefs, celui-ci accepte. Lord Keith est enchanté de voir dans l’entourage du proscrit un officier britannique, et espère bien que O’Meara n’alléguera pas le secret professionnel pour rejeter les demandes de ses chefs.
    Le dimanche 6 août au matin, un grand vaisseau de soixante-quatorze canons, le Northumberland, jette l’ancre non loin du Bellerophon. D’autres navires, deux transports de troupes, une frégate, cinq bricks et deux gabares, feront également partie de l’interminable voyage. Lord Keith se rend à bord du Bellerophon. Il vient présenter l’amiral Cockburn – le geôlier – à son prisonnier. Napoléon les attend sur le pont :
    — How do you do, général Buonaparte ? demande l’amiral.
    L’Empereur sursaute : il ne parviendra jamais à rayer de sa vie quinze années de gloire ! Cockburn vient lire au « général » les prescriptions de son gouvernement. Aussitôt courroucé, déjà cabré, le déporté écoute les décisions prises à son égard et qui sont autant de gifles : on va sans tarder procéder à l’inventaire de ses bagages et à la confiscation de ses armes. À Sainte-Hélène, le prisonnier ne pourra se promener que dans une enceinte limitée ; s’il désire la franchir un officier britannique devra l’accompagner. La correspondance du « général » et des personnes de sa suite devra être soumise au contrôle de la censure. On évoque même les décisions qui seront prises en cas de décès et les ministres de

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