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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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manoeuvre pendant deux jours. Non ! Jamais l’homme ne pourra peindre cette misère, toute notre artillerie était embourbée ; les pièces labouraient la terre ; la voiture de l’Empereur, avec lui dedans, ne put s’en tirer. Il fallut lui mener un cheval près de sa portière pour le sortir de ce mauvais pas pour se rendre à Pultusk, et c’est là qu’il vit la désolation dans les rangs de ses vieux soldats qui se faisaient sauter la cervelle. »
    L’Empereur se trouve le matin de Noël au château gothique de Lopaczyn, lorsqu’on vient lui annoncer que l’on compte une centaine de suicides dansl’armée. Pour la première fois le soldat grogne – et c’est au cours de ces journées atroces que l’Empereur donne à ses hommes le surnom de grognards.
    — Il faut que vous ayez un fameux coup dans la tête, lui lance l’un d’eux, pour nous mener sans pain par des chemins comme ça.
    — Encore quatre jours de patience, répond Napoléon, et je ne vous demande plus rien, alors vous serez cantonnés.
    — Allons, quatre jours encore ! Mais souvenez-vous-en, parce que nous nous cantonnerons tout seuls après.
    Au milieu des cris de Vive l’Empereur ! le général de Saint-Chamans entend beaucoup de soldats crier : Vive la paix ! D’autres enfin, scandent : Du pain et la paix ! « Les officiers d’état-major ne se sont pas déshabillés depuis deux mois et quelques-uns depuis quatre, racontera Napoléon à Joseph : j’ai moi-même été quinze jours sans ôter mes bottes... Nous sommes au milieu de la neige et de la boue, sans vin, sans eau-de-vie, sans pain, mangeant des pommes de terre et de la viande, faisant de longues marches et contremarches, sans aucune espèce de douceurs et nous battant ordinairement à la baïonnette et sous la mitraille. Les blessés obligés de se retirer en traîneau, en plein air, pendant cinquante lieues... Après avoir détruit la monarchie prussienne, nous nous battons contre le reste de la Prusse, contre les Russes, les Kalmouks, les Cosaques et les peuplades du Nord, qui envahirent jadis l’empire romain. Nous faisons la guerre dans toute son énergie et son horreur... »
    Le 29 décembre, Napoléon s’installe à Pultusk, dans une modeste petite maison – conservée aujourd’hui en pleine ville. Il dédaigne le château épiscopal qu’il utilise simplement comme observatoire pour épier la retraite de Bennigsen, de l’autre côté de la Narev, un affluent de la Vistule. « Le temps est affreux, écrit-il encore, nous avons de l’eau jusqu’au ventre. »
    Enfin, le 31 décembre, il annonce, tout heureux, à Joséphine : « Je crois que tout est fini pour cette année. L’armée va entrer en quartiers d’hiver. »





 
    VI
 
L’ÉPOUSE POLONAISE
    La vie privée d’un homme est un réflecteur où l’on peut lire et s’instruire fructueusement.
    N APOLÉON .
    L E matin du jour de l’an 1807, sur la route geléede Pultusk à Varsovie, tiré au grand galop parses chevaux ferrés à glace, Napoléon chantait— faux.
    La veille, encore à Pultusk, il avait appris qu’Éléonore Denuelle de la Plaigne, lectrice de sa soeurCaroline, avait mis au monde – le 13 décembre – ungarçon qu’elle affirmait né de ses amours avec l’Empereur. Il pouvait donc procréer ! C’était Joséphinequi était devenue stérile !
    Mais Napoléon doutait encore... Il se souvenaitsans déplaisir de ce joli visage d’Éléonore, aux beauxyeux noirs, de son corps mince et souple. Il ignorait cependant que cette petite coquette racontaitpartout que lorsque l’Empereur s’occupait d’elle, elleregardait le cartel suspendu au-dessus du lit et « trouvait le moyen de pousser la grande aiguille et de l’avancer de trente minutes ».
    — Déjà ! s’exclamait Napoléon en levant les yeux.
    Et il quittait bien vite la place.
    Il l’avait connue en 1805 au retour d’Austerlitz. Elle était âgée de dix-huit ans et déjà divorcée – ce qui lui avait été aisé, son mari, le capitaine Revel, ayant été emprisonné pour faux et vol. Éléonore avait tout fait pour se faire remarquer et y était fort bien parvenue puisque – en dépit de la pendule – le fruit de leurs amours venait de naître.
    Tout en roulant vers Varsovie, le visage de l’Empereur, peu à peu, se rembrunissait. L’enfant – le futur comte Léon – était-il de lui ? La mère le criait sur les toits, mais la petite rouée n’avait-elle pas eu également des

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