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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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paix. » Le même jour, il adresse ces lignes à Soult : « J’ai passé ici un marché avec un commerçant de Meseritz, qui vous fournira à votre passage cinq cents pièces de drap pour capotes. Ces cinq cents pièces font de huit mille à dix mille aunes. Vous profiterez du peu de moments que vous aurez pour les faire couper ; et les soldats les feront coudre comme ils pourront ». Le 3 décembre, il ordonne à Daru : « Ecrivez à l’ordonnateur du maréchal Ney, qui est à Bromberg, que Bromberg et Thorn sont des pays à ressources où l’on peut avoir des souliers, et si l’on ne peut avoir de souliers, qu’on prenne du cuir avec lequel nos soldats sont assez industrieux pour se raccommoder leurs vieux souliers. »
    La Posnanie se considère comme libérée du jougprussien et accueille les Français avec beaucoup de gentillesse. Quant à Varsovie, les Russes y sont si mal reçus que le tsar donne l’ordre à ses troupes de se replier. Décision qui permet à Murat, le 28 novembre, de faire dans la capitale polonaise une entrée à grand spectacle. Coiffé de plumes, ceinturé d’or, il a adopté le costume polonais le plus représentatif : chapska rouge doublée de martre. Il est acclamé. Grisé par cet accueil, le beau-frère de l’Empereur échangerait volontiers son grand-duché de Berg contre le titre de roi de Pologne. Napoléon, le 2 décembre, anniversaire du sacre, le rappelle à l’ordre avec superbe : « Faites sentir à la Pologne que je ne viens pas mendier un trône pour un des miens : je ne manque pas de trônes à donner à ma famille. » Puis il précise : « Les Polonais, qui nous montrent tant de circonspection, et demandent des garanties avant de se prononcer, sont des égoïstes que l’amour de la patrie n’enflamme pas. Je suis vieux dans le commerce des hommes. Ma grandeur n’est pas fondée sur le secours de quelques milliers de Polonais. C’est à eux de profiter avec enthousiasme de la circonstance, ce n’est pas à moi de faire le premier pas. »
    Certes, l’Empereur ne demande pas mieux que de donner la liberté à la malheureuse Pologne, par trois fois dépecée, mais à certaines conditions qu’il énonce le 6 décembre à Murat :
    « Je ne proclamerai l’indépendance de la Pologne que lorsque je reconnaîtrai qu’ils la veulent véritablement soutenir, et je verrai qu’ils la veulent et peuvent soutenir quand je verrai trente à quarante mille hommes sous les armes, organisés, et la noblesse à cheval, prête à payer de sa personne. » Tandis que les Russes retraitent devant les troupes de Murat, de Davout et d’Augereau, Napoléon prend la décision de quitter Posen pour Varsovie. En roulant vers la Vistule, il découvre le terrible climat de l’hiver polonais : le brouillard, la pluie, la neige, le gel et le dégel se succèdent... Cette fois, c’est la boue qui recouvre les pistes baptisées chemins, des chemins sans chaussée et sans fossés, dans lesquels lavoiture de Duroc se brise, un bourbier où les chasseurs de l’escorte s’enlisent jusqu’à mi-cuisse. On traverse les marais grâce à des troncs d’arbres jetés sur la vase.
    Le 19 décembre, à Blonie, dernier relais avant Varsovie, Napoléon abandonne sa voiture, monte à cheval, distance son escorte et arrive seul au palais. L’armée va-t-elle hiverner au bord de la Vistule et reprendre les hostilités au printemps ?
    Mais il faut s’élancer à la rencontre du général russe Bennigsen, qui se moque du froid et a formé le projet de déborder la Grande Armée par la gauche, coupant ainsi ses communications avec Berlin.
    Napoléon suit l’armée dont le moral est détestable, mais qui remportera pourtant le dur combat de Pultusk.
    Après quelques journées de froid intense, c’est de nouveau le dégel, sous une pluie diluvienne. Les communications sont quasi impossibles, les chemins affreux. Cavalerie, infanterie, artillerie se perdent dans les fondrières. « Il fallait prendre des cordes pour attacher nos souliers sur le cou-de-pied, racontera Coignet, et quand nous arrachions nos jambes de ce sable mouvant, les cordes cassaient et les souliers restaient dans la boue détrempée. Parfois, il fallait prendre la jambe de derrière pour l’arracher comme une carotte, et la porter en avant, puis aller rechercher l’autre avec ses deux mains et la rejeter aussi en avant, avec nos fusils en bandoulière pour pouvoir nous servir de nos mains. Et toujours la même

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