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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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toujours plantée au milieu de la route, enfouissant son clair visage dans le bouquet de fleurs que l’Empereur lui avait offert en guise d’adieu... un adieu qui serait peut-être un au revoir.
    Tout en roulant vers Varsovie, Napoléon est surpris de garder si présent à l’esprit le souvenir de la petite Polonaise. Cette paysanne qui parle le français l’étonné et l’intrigue... Et puis, quelle tendresse émane de tout son être !
    — Duroc, je vous charge de la retrouver !
    Aussitôt arrivé, le général se met en campagne.
    Minutieusement, il décrit celle que l’Empereur appelle « l’inconnue de Bronie » au prince Joseph Poniatowski, chef du gouvernement provisoire polonais. Grâce à l’indiscrétion de la cousine de Marie, qui a conté l’épisode du bouquet, Marie est identifiée. Aussitôt prévenu, Napoléon ordonne que la comtesse Walewska soit conviée à la réception donnée par Poniatowski en son honneur. À moins que ce ne soit le chef du gouvernement, poussé d’ailleurs par Talleyrand ravi de voir l’Empereur « occupé » par une aventure, qui ait proposé à l’Empereur d’inviter Mme Walewska. Quoi qu’il en soit, Poniatowski se rend lui-même au palais Walewski. Marie commence par refuser l’invitation : elle ne va à aucun bal.
    — Votre présence est indispensable. Napoléon l’exige.
    Elle refuse encore.
    — Qui sait ? murmure Poniatowski qui a deviné les sentiments de l’Empereur. Le Ciel se servira peut-être de vous pour rétablir la Patrie ?
    Marie s’entête. Poniatowski appelle à la rescousse des « hommes d’État dont l’autorité repose sur la considération, Testime publique et la déférence dues à leur conduite et à leurs lumières ». Démarche en pure perte. Il faudra l’insistance du comte Walewski lui-même – il ignore l’incident de Bronie – pour que Marie accepte enfin de se rendre au bal du palais Blacha. Pour qui l’a prise Napoléon ? Elle se révolte et revêt sa robe la plus modeste – un fourreau de satin blanc sous une tunique de tulle blanc. Pas un brillant, pas une perle, mais un simple diadème defeuillage orne ses cheveux d’or. Napoléon comprendra assurément ce que signifie ce refus de se parer en son honneur. Elle n’est pas prête au sacrifice !
    Dès qu’elle apparaît dans la salle de bal, Poniatowski s’avance pour l’inviter. Elle l’arrête d’un geste :
    — Vous savez que je ne danse pas et je n’ai nulle envie de danser.
    — Comment ! Mais l’Empereur a parlé de vous à plusieurs reprises et a dit qu’il serait heureux de vous voir danser.
    — C’est possible, mais je m’en abstiendrai.
    Avec le même petit air buté, elle refuse tous les danseurs qui viennent l’inviter. Louis de Périgord, aide de camp de l’Empereur, et le général Bertrand papillonnent autour d’elle. Napoléon qui voit leur manège appelle Berthier et lui ordonne d’expédier sur-le-champ Périgord au 6 e Corps, sur la Passarge, et Bertrand au quartier général de Jérôme devant Breslau.
    Tous se regardent avec inquiétude. Pour la première fois depuis les lointaines amours où Joséphine le trompait au vu et au su de tous avec ce freluquet d’Hippolyte Charles, Napoléon est jaloux. Et ici rien n’est encore commencé !...
    Mais la danse s’arrête. L’heure de la « revue » traditionnelle des invités a sonné. Napoléon paraît fébrile. Arrivé devant Marie, il la regarde, fait semblant de ne pas la reconnaître, jauge la robe, admire son teint éclatant et, afin de montrer qu’il a compris la raison de cette simplicité, lance à voix haute :
    — Le blanc sur le blanc ne va pas, Madame.
    Puis il ajoute, plus bas et pour elle seule :
    — Ce n’est pas l’accueil auquel j’avais le droit de m’attendre après...
    Marie n’a évidemment pas répondu, mais ses joues nacrées se sont colorées de rouge... et son trouble augmente lorsque, l’Empereur passé, elle se trouve le point de mire de toute l’assistance. On chuchote derrière les éventails. Que lui a dit Napoléon à voix basse ? Et les commentaires marchent leur train...
    En rentrant au palais Walewski elle trouve un bouquet de fleurs avec ce billet : « Je n’ai vu que vous, je n’ai admiré que vous, je ne désire que vous. Une réponse bien prompte pour calmer l’impatiente ardeur de N. »
    — Le messager attend, déclare la femme de chambre.
    — Il n’y a pas de réponse, lance Marie profondément

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