Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
qui vous irait mal. Mille baisers sur vos mains, et un seul sur votre charmante bouche. »
    Marie veut le retrouver à Finckenstein. Ému par sa proposition, il lui répond :
    « Votre lettre m’a fait grand plaisir. Vous êtes toujours la même et vous ne doutez pas des sentiments que je vous porte. Eh quoi ! vous voudriez affronter les fatigues de la route ? Je vous verrai avec un plaisir que vous pouvez concevoir. Mais au moins n’allez pas vous fatiguer et altérer votre santé. J’ai l’idée que je vous verrai bientôt, Marie. En attendant, un baiser sur votre belle main. À propos, l’on m’a dit que vous aviez bien des soupirants à Varsovie : on en nomme un très assidu, est-ce vrai ? »
    Marie se met en chemin et, en roulant vers lui, elle reçoit cette nouvelle lettre datée du 23 avril :
    « Madame,
    « Je reçois votre charmante lettre. Vous avez eu vilain temps, vous êtes bien fatiguée du mauvais chemin, mais vous vous portez bien, c’est le principal. Je compte sur votre promesse. Vous savez tout le plaisir que j’ai à vous voir. Mille choses aimables partout, et un tendre baiser sur votre charmante bouche, Marie ! »
    Voici Marie maintenant près de lui. Son « épouse polonaise » s’attache chaque jour davantage à lui. Un jour il reçoit en cadeau de la part du shah de Perse une collection de châles destinés à l’Impératrice... Aussitôt il insiste pour que Marie fasse d’abord son choix. Qu’elle prenne les plus beaux ! Joséphine n’enest pas privée... Marie finit par accepter et choisit un petit châle bleu – le moins précieux de tous.
    — J’ai une amie qui aime le bleu. À mon retour, je le lui offrirai.
    — Vos hommes sont braves et dévoués, lui dit alors l’Empereur en souriant, et les femmes jolies et désintéressées. Cela fait une belle nation. Je vous promets tôt ou tard de rétablir la Pologne.
    Il n’en faut pas plus pour que la jeune comtesse se jette aux genoux de l’Empereur pour le remercier avec effusion !
    — Ah ! ah ! ce cadeau-là, vous l’accepteriez sans faire de façons !... Mais attendez, il faut de la patience, on ne fait pas de politique comme on gagne des batailles, ce n’est pas aussi facile et demande plus de temps.
    Elle l’aime maintenant, ce grand homme qui lui faisait si peur, elle l’aime et comprend qu’en dépit de ses promesses, il ne peut encore créer le royaume polonais.
    Ils prennent tous les jours leurs repas ensemble, servis par Constant. Lorsque l’Empereur n’est pas là, Marie passe son temps à lire, mais dès qu’elle l’entend dans la cour commander la parade ou passer une revue, bien vite elle abandonne son livre pour le regarder à travers les jalousies de la chambre. « Voilà quelle était sa vie, nous rapporte Constant, comme son humeur, toujours égale, toujours uniforme. Son caractère charmait l’Empereur, et la lui faisait chérir tous les jours davantage. »
    Lorsque Napoléon partira pour la France, après Tilsit, il la suppliera de le suivre. Elle refusera, préférant se retirer à la campagne.
    — Je sais, lui répondit-il, que tu peux vivre sans moi... Je sais que ton coeur n’est pas à moi... Mais tu es bonne, douce, ton coeur est si noble et si pur ! Pourrais-tu me priver de quelques instants de félicité passés chaque jour près de toi ? Je n’en puis avoir que par toi, et l’on me croit le plus heureux de la terre.
    Et elle le suivra. Elle cède – car elle cédera toujours...

    Dans son château, à six cents lieues des Tuileries, durant plus de deux mois, Napoléon gouverne l’Empire. Il a sous la main, non seulement les sacs de cuir contenant les plans, les cartes, les états, les rapports des corps d’armée – matière première pour établir ses fameux bulletins–,mais encore les fourgons du « Cabinet », toute cette paperasserie concernant les affaires civiles, suivent l’Empereur en campagne. Sans cesse les courriers fourbus, endormis sur leur cheval, ayant cent fois changé de monture depuis Paris, arrivent au quartier général. Mais ce sont les dépêches portées par les estafettes qui atteignent le plus vite le maître. Le portefeuille en cuir portant gravés sur une plaque de cuivre ces mots : «  Dépêche de l’Empereur  » a été fermé à clef à Paris par les services de La Valette, et passe de main en main, de poste en poste, d’estafette en estafette jusqu’au « palais » où réside l’Empereur. Le secrétaire

Weitere Kostenlose Bücher