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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’hôtel et à leur cantine – plus sérieuse celle-ci. Enfin des palefreniers transportent les portefeuilles et les cartes. Un page est chargé de « la lunette sur le devant de sa selle, des sacoches qui renferment un mouchoir et une paire de gants pour Sa Majesté et un petit assortiment de bureau contenant papier, plumes, encre, crayons, compas, cire d’Espagne, le tout conforme à l’état B ; il porte sur le derrière de sa selle un petit portemanteau avec des armes à son usage ». Lorsque l’Empereur saute à cheval, tout ce monde s’élance, non à sa suite, mais à sa poursuite...
    À la fin du mois de mai, le jour où il reçoit l’ambassadeur de Turquie, Napoléon apprend la prise de Dantzig – dernière place forte prussienne. Quatorzemille hommes se sont rendus et un considérable approvisionnement tombe entre les mains de l’armée impériale, à la veille même de sa nouvelle entrée en campagne. Aussitôt l’Empereur demande sa berline et prend la route de la Baltique.
    Et la machine impériale s’ébranle derrière lui.
    « Tous les officiers qui devaient ou pouvaient venir à la suite n’osaient pas devancer l’escorte, nous racontera l’Allemand Odeleben, les officiers de haut rang avaient seuls le droit d’avancer, soit derrière, soit des deux côtés de la voiture. On se précipitait ainsi, comme un orage, au grand trot, de jour ou de nuit, en parcourant plusieurs lieues ; et celui qui était obligé de suivre ce tourbillon pendant la nuit était assez mal à son aise. Là où la route était étroite, on courait pour ainsi dire les uns sur les autres avec un zèle brutal. Ceux qui se trouvaient le moins gênés étaient les deux officiers d’ordonnance qui précédaient la voiture, ainsi que les deux chasseurs qui étaient encore plus en avant. Tous les autres risquaient de se casser le cou ou les jambes, car les domestiques qui conduisaient les chevaux de Napoléon se regardaient comme les chefs du cortège ; le chasseur du portefeuille, les officiers d’ordonnance et les pages n’étaient pas plus modestes. Effectivement, chacun devenait important quand Bonaparte l’appelait : aussi tout le monde se pressait, se hâtait, se précipitait les uns sur les autres pendant la chaleur, au milieu de la poussière, du brouillard et dans l’obscurité de la nuit^ »
    Dans sa berline tirée à six chevaux, des compartiments ont été aménagés pour enfermer les papiers et les cartes. Napoléon dicte des lettres, des rapports, des notes pour Duroc et Berthier – les ordres seront expédiés dès le prochain relais. Quand il n’écrit pas, l’Empereur lit un livre de sa bibliothèque de voyage, un livre de petit format imprimé spécialement pour lui, qui, s’il ne l’intéresse pas, est jeté par la portière... Le bureau de campagne démontable – le musée de Malmaison possède l’un d’eux – un fauteuil, une table accompagnent Napoléon dans une voiture de suite. Puis viennent les fourgons-pourvoyeurs, lesfourgons-cuisine dans une voiture en forme de coucou, la cave pourvue de vins fins pour l’état-major et du chambertin pour l’Empereur, vendu 6 francs la bouteille, marqué d’un N, et fourni par la maison Soupé et Pierrugues, 338, rue Saint-Honoré. Sous la bâche, on place la batterie de cuisine et un fourneau portatif. Quelquefois, l’Empereur fait une halte en plein champ, s’assied sous un arbre et demande son déjeuner. Roustam et les valets de pied sortent de leurs étuis de cuir la vaisselle et les petites casseroles d’argent couvertes où se trouvent des plats tout préparés. Chacun mange sur ses genoux. « On allumait du feu pour chauffer le café, nous explique Constant, et moins d’une demi-heure après tout avait disparu. Les voitures roulaient dans le même ordre qu’avant la halte. » L’effectif complet comptait cinquante-deux voitures et six cent trente chevaux et mulets !...
    Arrivé à l’abbaye d’Oliva, près de Dantzig, Napoléon accueille le maréchal Lefebvre par ces mots :
    — Monsieur le duc de Dantzig, l’empereur des Français vous salue et vous adresse ses chaleureuses félicitations.
    Le mari de Mme Sans-Gêne semble ne pas comprendre. L’Empereur lui tend alors un petit paquet :
    — Duc de Dantzig, acceptez ce chocolat ; les petits cadeaux entretiennent l’amitié.
    Le maréchal trouve à l’intérieur cent mille écus en billets de banque. Ainsi fut créé le premier duc d’Empire et, désormais,

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