Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
Vom Netzwerk:
voir tel qu’il serait, debout près de mon lit à trois heures du matin, un chevron à la main.
     
    La comédie mettant en scène Big Lou plut à Slats. Il n’était pas certain qu’elle nous ait apporté quelque chose, mais elle l’avait amusé. Cependant elle l’inquiéta. Il trouvait que nos scénarios devenaient trop complexes et risqués.
    — Donne un peu de mou, n’en fait pas trop.
    Il me rappela qu’il pouvait tout arrêter quand il le voulait. Il ajouta :
    — Si vous vous approchez trop du feu, je l’éteindrai.
    — Bon, d’accord.
    Slats voulait entendre ces mots, donc je les dis. Mais je savais que je mentais. Les hangarounds – bientôt prospects – n’ont pas la vie facile. Je croyais avoir vécu le pire en mars, que mes jours et mes nuits avaient atteint le point de saturation. Je me trompais. Depuis que nous étions devenus hangarounds, les obligations quotidiennes s’étaient multipliées. Si ce n’était pas Slats, c’étaient les Hells Angels. Si ce n’étaient pas l’un ou les autres, c’était ma famille. Si ce n’était pas ma famille, c’était moi. J’étais incapable de décrocher.
    Chaque journée commençait par les Hydroxycut. J’en prenais avec du café ou un Red Bull, puis j’en avalais encore dans l’après-midi, et si je sortais le soir, j’en reprenais après la tombée de la nuit. J’en prenais avant de boire de l’alcool, avant de faire de la musculation, avant de rédiger des rapports. Mon orthographe en pâtissait, mais je devenais plus adroit à moto. Mon aptitude à parler sans cesse s’améliorait… ce que je n’aurais pas cru possible. J’étais nerveux et mon estomac se crispait sans arrêt. Quand les cachets cessaient de faire effet, je plongeais dans une profonde dépression chimique… ou due à l’absence de produits chimiques. Presque tous les soirs, après avoir griffonné des rapports que je cachais dans un coffre, sous mon lit, je m’allongeais et espérais un sommeil qui venait rarement. À cette époque, au moment où je tentais de prendre un peu de repos pendant quelques heures, il m’arrivait souvent de m’effondrer. Les larmes étaient dues à l’épuisement, à la tension, à la double vie que je menais. Tous ceux qui me regardaient voyaient toujours le même Bird : Bird le collecteur de dettes, Bird le flic, Bird le moulin à paroles. À l’intérieur, il me semblait que j’étais autre chose, quelque chose que je n’avais jamais été. Il m’arrivait de basculer, complètement et en un éclair, de l’assurance au doute, de la conviction de bien faire à la culpabilité. Si j’avais été capable d’introspection, peut-être aurais-je pris conscience des transformations qui s’opéraient en moi, mais j’en étais incapable. À cette époque, je ne pouvais que ressentir, réagir et chercher les moyens de me faire accepter par les Angels.
    Je fixais le miroir, en rasant mes joues creuses avec un coupe-chou, n’y voyais que les yeux bleus et froids de Jay « Bird » Davis.
    Quoi qu’il en soit, on s’installa à Prescott. On trouva un mobile home qu’on plaça dans un coin d’un terrain qui leur était réservé : trembles et petite pelouse sur l’arrière, table de pique-nique au pied du perron. C’était beaucoup trop petit et pas convivial du tout.
    Je ne voulais pas le reconnaître, mais Slats avait raison sur un point : nous n’étions plus libres. Nous avions de nouvelles responsabilités vis-à-vis de nos frères, qui nous obligeaient à passer beaucoup de temps avec les Angels. Le pire, en fait, compte tenu de notre désir de devenir membres à part entière, était que nous avions envie de traîner avec les gars. Le temps se mua en un continuum de cachets, de motos, de balades, d’armes, de tours de garde, de cours sur les règles, de monotonie. Il était rare de pouvoir distinguer une journée des autres. Il fallait que j’écoute les enregistrements, que je lise et rédige les rapports quotidiens pour me souvenir de quelque chose.
    24 avril : réunion au clubhouse. Celui de Skull Valley se trouvait au bord d’une jolie route de campagne, au milieu des fermes et des champs. Bobby et Staci habitaient un appartement au rez-de-chaussée, Teddy à l’étage. Joby avait transformé un grand placard en chambre. La pièce principale était un entrepôt.
    Avant la réunion, je demandai à Joby ce que nous devions faire si nous rencontrions un Mongol.
    — Tuez-le ou dérouillez ce pédé.

Weitere Kostenlose Bücher