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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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aille se faire enculer.
    Il raccrocha.
    Bobby demanda si tout allait bien. Je répondis que tout allait mieux que bien, que Big Lou avait parié sur le match des Mets et gagné cinquante mille dollars. Bobby leva les sourcils et hocha la tête, impressionné. Il fallait que je donne une explication et je croisais les doigts pour qu’il n’aborde pas le sujet pendant l’entretien.
    On se gara sur le parking et on descendit. Je n’appréciais pas de m’engager à l’aveuglette dans ce genre de situation. J’ignorais tout d’un mec que j’étais censé connaître depuis des années.
    Le bar était vaste et sombre, bas de plafond. Des néons rouges éclairaient les tables, des écrans plats passaient des matchs de baseball et des courses de chevaux. Il y avait un Keno dans un coin. Je vis Slats et Gayland. Ils nous adressèrent un bref regard puis reportèrent leur attention sur un match. Ce fut naturel et bien joué. Ne pas jeter un coup d’œil sur nous – comme faisaient tous les clients du bar – aurait été aussi propre à éveiller les soupçons que nous dévisager.
    Je cherchai mon type de Vegas.
    Ça ne prit pas longtemps.
    Venant du fond du bar, un homme de petite taille, trapu, déplumé, dont les cheveux rescapés étaient coiffés en bandes luisantes, se dirigea vers nous les bras écartés. Il portait de grosses lunettes carrées dont la moitié supérieure des verres était ambrée. Il avait une soixantaine d’années. Il portait un costume sombre – difficile d’en distinguer la couleur exacte dans cette lumière – à larges rayures blanches, une chemise bleue à carreaux et une cravate unie rouge. Il avait une chevalière au petit doigt et une épingle de cravate en cuivre. Ses mocassins noirs à pompons brillaient. Deux colosses – le premier gras et le deuxième très musclé – l’encadraient, légèrement en retrait derrière lui. Ils étaient en survêtement.
    Je me dis que c’était trop. Des prototypes de voyous.
    Puis il prit la parole.
    — Jaybird ! Mon gars ! JJ ! Amenez-vous que je vous regarde.
    Il inclina la tête et agita les doigts, nous faisant signe d’approcher. Je le rejoignis. Il leva le bras, posa la main sur ma nuque, m’obligea à me pencher et m’embrassa bruyamment sur les deux joues. Quand il fut près de l’oreille que Bobby ne pouvait voir il souffla :
    — T’en fais pas. On est bons.
    Il m’éloigna de lui et me regarda de la tête aux pieds. Je posai les mains sur ses épaules.
    — Monsieur Lou. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus en chair et en os.
    — Ça tu peux le dire, nom de Dieu. Et regarde qui est là ! JJ ! Ça fait combien de temps ? Un an ? plus ?
    — Ouais, plus, Lou, répondit JJ, comme si Lou était son oncle préféré. C’est à peine si je m’en souviens.
    — Mais je t’oublierai jamais. Jamais, ma chérie.
    Il se dirigea vers elle, prit sa main droite et l’embrassa.
    Je crus que tout était fichu. Ce type était trop. J’eus envie de regarder Bobby, Slats ou Gayland – quelqu’un dont le visage pouvait m’indiquer que ça marchait – mais c’était impossible.
    Lou entraîna gentiment JJ jusqu’à une table réservée, fit claquer les doigts pour appeler une serveuse. Il dit à JJ qu’on devait parler affaire et lui proposa de se détendre. Elle s’assit. Je dis :
    — Lou, voilà le type dont je vous ai parlé.
    Lou regarda Bobby comme s’il ne l’avait pas vu auparavant. Il plissa les paupières.
    — Ouais, d’accord.
    Comme si Bobby lui avait posé une question.
    Bobby tendit la main et se présenta. Lou la prit et la serra avec indifférence.
    — Ça va ?
    Lou se tourna vers moi et haussa les épaules. Puis il lâcha la main de Bobby et le fixa droit dans les yeux.
    — Bobby, c’est ça ?
    — Ouais.
    — Bien, bien. Bon, Hells Angel Bobby, pose ton cul !
    Les hommes de main avancèrent d’un air menaçant. Bobby fut si complètement pris au dépourvu qu’il s’assit. Sans doute luttait-il contre une violente envie d’envoyer le vieux au tapis… personne ne s’adresse impunément de cette façon à un Hells Angel.
    Lou pointa un index gras sur Bobby et dit :
    — Maintenant écoute bien, Bobby, parce que je répéterai pas. J’en ai absolument rien à foutre des Hells Angels. Vous m’intéressez autant que des putains de chats. Vous faites ce que vous faites, je fais ce que je fais. Mais ma bande est plus nombreuse que la tienne, plus mauvaise et

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