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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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Si vous pouvez le faire, c’est le genre de merdier qui crée les héros et les légendes. On sera solidaires. On est des Hells Angels.
    Je n’aurais pas été scandalisé s’il avait placé la main au centre de notre cercle et si nous nous étions mis à psalmodier : Huit-un, Huit-un, Huit-un.
    On se sépara et les positions furent assignées. Joby envoya Pops et Phil du côté opposé de la chaussée, Timmy et moi au coin du parking donnant sur la rue. Trigger, Ghost et Sockem gagnèrent l’autre côté du parking.
    On attendit. Je fumais comme si Philip Morris allait fermer. On attendit encore. À huit heures et demie, la réunion se termina, les gars montèrent sur leurs motos et une file de Hells Angels quitta les lieux. C’était fini. Les Banditos n’étaient pas venus. Une fois de plus Gayland nous avait rendu service.
    Le groupe d’aspirants défenseurs se retrouva vers vingt heures trente à une station-service 76. On se serra la main, heureux d’avoir relevé le défi et plus heureux encore d’avoir échappé à une fusillade. Joby dit que ça arrivait, qu’il valait mieux y être préparé que se faire avoir, ou pire encore. Pops me présenta à Phil. Ils avaient parlé armes pendant qu’ils attendaient. Phil avait très envie de faire ma connaissance, dit qu’il était « le fournisseur de flingue des HA de la côte ouest ». Il ajouta qu’il avait toutes sortes de trucs : grenades, C4, Mac-10, bombes à déclenchement à distance, silencieux. Je donnai une carte à Phil et lui dis de me téléphoner.
    On rentra à Skull Valley.
    Dans la Jeep, Joby nous répéta inlassablement qu’il était fier de nous. On le déposa chez son amie, à Kingman, où l’on se donna l’accolade et se promit de se voir le lendemain.
    J’appelai Slats. Il me demanda si je voulais parler à Gayland. Je voulais.
    Gayland demanda :
    — C’était bien, Vegas ?
    — Génial. On a gagné au craps et on a eu douze lap dances gratuites. Qu’est-ce qui est arrivé à nos amis ?
    — On en a serré quelques-uns. Ce soir, les Banditos dorment au poste. On les relâchera demain matin. Pour le reste, c’est calme ici. Je crois que Slats veut m’inviter à dîner. Il m’a fait les yeux doux pendant toute la soirée.
    Je ris. Je le remerciai et lui demandai de remercier aussi Slats. J’ajoutai :
    — Tu nous as sortis du merdier. Encore une fois.
     
    Après cet incident, Slats aurait pu tout arrêter. Manifestement, les Angels n’hésiteraient pas à nous placer dans des situations dangereuses et une catastrophe se produirait tôt ou tard parce que nous n’exercions aucun contrôle sur les événements.
    Mais Slats nous laissa continuer.
    J’y vis un encouragement à poursuivre la mise en œuvre de mon plan. Slats nous avait laissés aller à Vegas et, malgré ce qu’il disait, il paraissait prêt à jouer un rôle dans des situations qui risquaient de mal tourner. D’une certaine façon, il me sembla que j’avais eu raison.
    Les gars de Skull Valley étaient heureux, eux aussi. Quand on arriva au clubhouse, Teddy et Bobby nous attendaient comme des parents inquiets. Ils nous donnèrent une accolade vigoureuse. Teddy tenta de sourire mais il manquait d’entraînement. Il répéta qu’il nous avait envoyés en mission à contrecœur mais que la poursuite de fantômes caractérise les Hells Angels. Il nous dit de rentrer chez nous et de nous reposer.
    Après cette soirée, les gars de Skull Valley se détendirent un peu. Ils nous donnaient toujours des ordres mais montraient qu’ils se contentaient de nous casser les couilles. Teddy, par exemple, expliquait longuement comment il aimait le poulet frit : à l’ancienne mode, pas trop cuit, recette originale, pas cette saloperie extra-croquante. Ils nous donnaient un peu d’argent en plus pour qu’on aille le chercher. Ils nous respectaient et nous appréciaient.
    Un jour, alors que je m’ennuyais pendant une réunion, je crayonnai sur des assiettes en carton. Je dessinai des bonshommes bâtons représentant les gars et écrivis leur nom dessous. De petites bulles, au-dessus de leurs têtes, indiquaient notamment : « J’aime Bird » (Bobby) et « Va au McDonald’s » (Teddy). Concentré, je ne m’étais pas rendu compte que Teddy s’était approché de moi. Quand je m’aperçus qu’il fixait mes mauvais dessins, sa respiration sifflant dans ses tubes, il était trop tard.
    — Qu’est-ce que c’est que cette connerie ?
    Je crus

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