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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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mec – en fait je le savais –, mais je suis venu parce qu’on travaille ensemble, Slats et moi.
    Je restai un instant silencieux, puis j’ajoutai :
    — Je suis un agent fédéral.
    Rudy lâcha ma main et, incrédule, inclina la tête en arrière. Mes phalanges cessèrent de me faire souffrir. J’eus envie de secouer la main mais je m’abstins. Il dit :
    — Connerie.
    — Non. C’est la vérité vraie. Je reçois un chèque tous les quinze jours pour m’habiller comme ça et traîner avec des types comme toi.
    Rudy éclata de rire, se tourna vers Slats et me montra du doigt.
    — C’est pas juste. Comment on pourrait gagner face à des fils de pute qui ont cette allure ?
    Slats haussa les épaules.
    — Vous ne pouvez pas, mec.
    D’un geste, je proposai qu’on s’assoie et je repris :
    — C’est pour ça qu’il y a des types qui ont la même allure que moi… et ils sont sûrement plus nombreux que tu l’imagines.
    Il réfléchit. Peut-être passa-t-il des visages et des noms en revue à la recherche de candidats potentiels.
    — Et merde. Pas la peine de s’en faire pour ça en ce moment.
    Je m’assis, ôtai mes lunettes de soleil et les posai sur la table. Je glissai ma cigarette derrière l’oreille et croisai les doigts. Mes bagues jouèrent une petite symphonie métallique. J’étais calme et je voulais que ça se voie. Je dis, aussi gentiment que possible :
    — Écoute, on te tient, c’est vrai. Je sais que Slats te l’a déjà expliqué. Tu es un vieux de la vieille, tu sais aussi bien que nous comment ça marche. C’est une bonne occasion pour toi, mec, une bonne occasion de réparer les torts du passé, si tu le veux. Dans le cas contraire, tu sais ce qui t’attend.
    — Écoute, mec, je veux travailler.
    — Bien. Dans ce cas parlons.
    Je lui dis tout sur Bird et rien sur Jay Dobyns. Je lui racontai que j’étais vaguement parvenu à me présenter à plusieurs Angels qu’il affirmait connaître. On parla de Smitty et de Bad Bob. J’expliquai à Rudy qu’il serait un élément essentiel de la phase suivante de l’opération. Slats répéta que nous avions besoin de lui. Il est toujours bon de flatter un informateur, surtout quand on est séparé de lui par un flot de sentiments contradictoires. Avec ce genre d’hommes, il faut construire une relation de confiance, du moins une illusion de relation de confiance. Slats exposa les grandes lignes du plan. Rudy écouta attentivement, hocha la tête et sourit de temps en temps. Quand Slats eut terminé, il dit que c’était risqué, surtout pour lui. Mais il ajouta que c’était si dingue que ça marcherait peut-être et que nous avions eu raison de le choisir. Je répondis que nous ne pouvions pas le faire avec n’importe qui, que nous avions besoin de lui précisément et pas d’un autre.
    Je pris la cigarette que j’avais glissée derrière l’oreille et l’allumai. Chacun en alluma une.
    Rudy me fit remarquer :
    — Tu n’as pas besoin de me flatter comme ça.
    — Peut-être. Mais, pour tout le monde, tu seras le patron, et il ne faudra pas que tu oublies qu’en fait tu ne l’es pas. Si ça marche, si on parvient à constituer une unité dont tu seras le « chef », il faudra que tu te souviennes que c’est nous – et plus précisément moi – qui décidons sur le terrain. Pigé, mec ?
    — Mmmmm.
    Je le fixai. Il portait toujours ses lunettes de soleil. Je compris que je ne verrais pas ses yeux ce jour-là. Peut-être avait-il honte de se trouver dans une situation inextricable, peut-être la perspective d’entreprendre quelque chose d’aussi couillu l’excitait-elle… ? Quoi qu’il en soit, son regard demeura caché derrière ses lunettes. Je ne pouvais pas le lui reprocher. Il n’avait pas le choix et personne n’a envie de regarder dans les yeux celui qui a pris le contrôle de sa vie, pas juste après avoir fait sa connaissance.
    Je demandai :
    — Alors ?
    Il resta silencieux une minute. Puis il montra mon bras gauche.
    — Ce tatouage.
    — Ouais ?
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — Saint Michel.
    — Ah.
    — Tu le connais ?
    — Je crois. C’est le saint patron des flics, hein ?
    — Exact. Et des épiciers. J’ai cherché sur Internet.
    — Sans blague ?
    — Sans blague.
    Il ne trouva pas ça marrant. Peu importait.
    — Faudra que tu trouves une autre explication si tu veux te faire accepter par ces types.
    Il s’appuya contre le dossier de sa

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