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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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j’estimais que nous n’avions pas besoin d’en organiser une de plus. La technique de Slats était méthodique, tandis que la mienne reposait sur l’improvisation – Slats devait plus tard qualifier cette attitude de « clopes et blagues ». J’étais impatient de me mettre vraiment au travail, mes nerfs frémissaient, l’adrénaline commençait à couler à flots. Je compris que Slats devait être nerveux lui aussi, et, estimant que ce serait notre dernière réunion avant le début proprement dit de l’opération, j’acceptai de le voir. Il me demanda de le retrouver au Jilly’s Sports Bar, à Tempe.
    J’y allai dans la peau de mon personnage, descendis de ma moto et entrai en roulant les mécaniques afin de tester le style que je voulais adopter. Je me disais que je ne risquais rien dans un bar de yuppies. Je poussai la porte, flingues bien visibles, en maillot de corps, pantalon de camouflage et tongs, avec une boucle de ceinture qui aurait fait la fierté de Ty Murray {18} . Après le soleil de Phoenix, mes yeux mirent longtemps à s’accoutumer à l’obscurité du bar. Après un moment, je vis Slats, souriant, avec sa famille, Carlos, et surtout Gwen, Dale et Jack. J’avais complètement oublié que c’était mon anniversaire. Je renonçai à mon personnage et redevins moi-même. On mangea du gâteau, on déballa les cadeaux et on parla de tout sauf du travail. Pendant trois heures, je fus surtout soucieux de montrer aux enfants que je les aimais énormément. Ce fut un de mes plus beaux anniversaires. À la fin, Carlos me donna un coup de coude dans les côtes et dit :
    — Chouette, hein ? Slats voulait que tu voies Gwen et les mômes une dernière fois avant qu’on meure en rase campagne.
    J’acquiesçai. C’était chouette.
     
    Le lendemain matin, l’équipe se retrouva pour le petit déjeuner au Waffle House du carrefour de l’I-17 et de Bell Road. On termina avant que Rudy arrive et on dut l’attendre. Il fit enfin son apparition sur le parking, avec une bonne femme crade cramponnée à ses sissy bars. Il descendit de moto et lui ordonna de rester dehors.
    Quand il entra d’un pas tranquille, Carlos demanda :
    — Qui est cette reine de beauté ?
    — Je me souviens pas de son nom. Je l’ai ramassée sur le parking du Wal-Mart d’Apache Junction.
    — Débarrasse-toi d’elle.
    — Pas question. Si on débarque sans gonzesse, ils nous prendront pour une bande d’homos. C’est pas cool.
    — Bon, compris. Mais si elle devient encombrante, elle gicle. Je crois que Jay et Timmy seront d’accord.
    On acquiesça. Rudy nous dit de ne pas nous en faire.
    Mormon Lake se trouve à environ trois cents kilomètres au nord de Phoenix, non loin de l’I-17. On roula en tête, Rudy et moi, lui à gauche, moi à droite, positions habituelles du président et du vice-président d’un gang de motards. Les membres suivaient. Les deux véhicules transportant l’équipe chargée de nous couvrir, un pick-up blanc de location et un minibus, se trouvaient derrière nous, à bonne distance.
    Après environ cent cinquante kilomètres, on s’arrêta à Cordes Junction pour faire le plein. On entra sur l’aire d’une station Mobil et on descendit de moto. Mes jambes et mes épaules me faisaient un mal de chien.
    Je me sentis aussi vieux que la route était longue.
    Rudy se prélassait sur sa moto comme un vacancier dans un hamac. Il cria :
    — Prospect ! Va me chercher un paquet de Marlboro rouges et oublie pas de dire à cette connasse de caissière qu’on fait le plein. Paie tout.
    Il s’adressait à Timmy. Le sourire absent de la femme sans nom qui tenait Rudy par la taille s’estompa. On avait l’impression qu’elle avait vécu trois vies. Rudy lui donna une claque sur la cuisse et elle posa lentement les bras sur ses épaules, comme une chienne lasse exécutant un tour qui ne lui vaut plus de récompense.
    Timmy secoua la tête, mais fit ce qu’on lui demandait. C’était un flic expérimenté, qui fréquentait depuis des années les délinquants et les informateurs tels que Rudy. Il savait que nous nous rendions à un rassemblement réel et que nous jouions tous une comédie destinée à établir notre authenticité. Dans son rôle de prospect, Timmy devrait prendre l’habitude de recevoir des ordres.
    J’entrai moi aussi dans la boutique, et achetai un paquet de Marlboro Light et deux boîtes d’Advil. J’avalai deux cachets sans eau et tapotai le paquet de

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