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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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coupé.
    — Hé, c’est ton équipe, hein ? Je m’appelle Iwana.
    J’allumai une cigarette.
    J’aurais dû éprouver de la compassion pour les gens tels qu’Iwana, je n’y parvenais pas. Au-delà d’un certain âge, avec tant de kilomètres au compteur, après de telles quantités de drogue – et parce que mon travail m’avait mis en contact avec de très nombreuses personnes comme elle –, j’avais fini par trouver plus simple de les considérer comme des causes perdues. Je savais que je me mentais par complaisance. Je n’aurais pas hésité une seconde à faire d’Iwana mon indic si j’avais pensé qu’elle pouvait m’être utile. Rudy était un exemple frappant de ce type d’arrangement. On ne lui agitait pas seulement sous le nez la possibilité d’échapper à la prison, on lui offrait également une porte de sortie. Souvent, la possibilité de changer de camp – et de bénéficier d’une nouvelle identité, ailleurs – était l’occasion ultime d’échapper à une existence de déceptions successives. Toutes les personnes concernées savaient tacitement que ces changements étaient improbables… les flics les considéraient comme des rêves, et les délinquants s’accrochaient à l’espoir qu’il restait un peu de pureté au fond de leur cœur. Même s’ils avaient les meilleures intentions, les Iwana et les Rudy avaient aussi de gros handicaps. Les habitudes ont la vie dure, l’argent est difficile à se procurer et la tentation est une salope.
    Un gamin apparut près de la cuisse d’Iwana et tira sur sa chemise. C’était un garçon d’environ cinq ans. Il n’avait probablement pas pris de bain depuis des jours.
    Iwana le repoussa.
    — Pas maintenant, Dale, on a des invités.
    Il s’enfuit en courant.
    Il portait le même prénom que ma fille. Mon cœur se serra quand il baissa la tête et fila.
    On entra. Il y avait deux autres personnes et Rudy fit les présentations : Mark et Sharon. Sharon dit :
    — Je suis la femme de Nathan. Il a fait une overdose hier soir.
    Sans blague. Timmy demanda :
    — Il a besoin de quelque chose ?
    — Nan. On lui a déjà donné des trucs.
    Rudy :
    — C’est Mark qu’il faut voir.
    On le suivit. Il nous conduisit dans un studio obscur auquel on ne pouvait accéder que par la cour située derrière le mobile home, où le petit Dale faisait rouler un pneu. Tandis que Carlos et Timmy suivaient Mark, je m’approchai du gamin.
    — Tu t’amuses bien ?
    Il s’arrêta ; le pneu tournoya et tomba sur le sol.
    — Tu veux voir le jouet que Nathan m’a donné ?
    — Sûr, petit, où il est ?
    Je croyais qu’il allait m’entraîner sur le flanc de la maison et me montrer un tricycle, un toboggan ou un pistolet à eau. Mais il alla jusqu’au pneu, le redressa et le poussa en direction de la paroi du mobile home. Le « jouet » la heurta, tournoya et tomba une nouvelle fois.
    Dale se tourna vers moi avec un large sourire.
    — Cool, hein ?
    Je souris. Ce gosse me faisait de la peine.
    — Ouais, petit, c’est génial. Il faut que je parle à Mark.
    — OK. À plus, monsieur.
    À plus, pensai-je. Et je m’ajoutai à la longue liste de ceux qui l’avaient laissé tomber.
    Dans le studio, Mark donnait à Timmy un fusil H&R .410 à canon scié. Il annonça que Rudy lui en avait déjà proposé cinquante dollars. Je cherchai Rudy des yeux et demandai à Timmy où il était. Il haussa les épaules. Timmy ouvrit le fusil pour s’assurer qu’il n’était pas chargé, puis le referma.
    — J’ai aussi ça.
    Mark faisait face à un plan de travail bas et son dos cachait ce qui se trouvait dessus. Il se retourna, brandit un AK-47.
    Carlos, qui se tenait près de Mark, saisit la crosse en bois du fusil d’assaut. Je posai la main sur celle caoutchoutée d’un de mes Glock, mais sans dégainer.
    Mark lança :
    — Pas de panique ! Il est pas chargé !
    Carlos pointa le canon sur le plafond.
    — Ouais, on m’a déjà dit ça. C’est un jeu marrant jusqu’au moment où quelqu’un se fait crever un œil.
    — Je croyais que ça pourrait vous intéresser. Merde. C’est ce que vous faites, hein ? Vous achetez des armes.
    Je précisai :
    — On achète certaines armes, mec. Jetons un coup d’œil.
    Mark donna le fusil d’assaut à Carlos, qui sortit du studio pour l’examiner à la lumière du soleil couchant. Il était chinois ; pas de numéro de série, pas de chargeur, rien dans la culasse. Il était

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