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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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crevettes et moi des T-bones. On évoqua les débuts de Jack, à l’automne, dans une équipe de softball. Fini le T-ball. Mon père dit que je lui apprendrais à agir sous pression. Je répondis que cela ne posait pas de problème. On parla de ce que je ferais à San Diego et je répondis que, hormis les cours et les sorties avec mes collègues, je surferais.
    La nuit, au lit, je pensais à l’affaire. Nous avions bien progressé, mais je demeurais anxieux. La peur que j’avais ressentie quand nous étions allés à Mesa s’estompait et commençait à se muer en assurance ; néanmoins je voulais avancer lentement. On mettrait le pied au plancher plus tard, quand on estimerait être en mesure de passer en toute sécurité à des questions et à des activités plus risquées. Si l’on n’attend pas d’avoir une crédibilité suffisante, l’opération peut très vite mal tourner.
    Ma mauvaise expérience la plus récente était l’affaire des Sons of Silence. Les Sons étaient une petite bande de motards de Colorado Springs. Nous avions constitué un club, les Unforgiven – tous les membres étaient des flics, notre insigne central représentait saint Michel –, et nous voulions démontrer que les Sons défendaient leur territoire grâce à l’intimidation et à la menace de violence. Si nous y parvenions, nous pourrions intégrer cela à l’inculpation dans le cadre de la loi sur le crime organisé, que nos services élaboraient. Ce soir-là, nous avions décidé de passer à l’action en les mettant sous pression, à savoir en prenant leur place, ce qui les obligerait à se dévoiler. C’étaient des minables et j’étais très confiant.
    Mes équipiers, John « Babyface » Carr et Chris « Chrisser » Bayless, m’accompagnèrent dans le bar des Sons. On s’installa à leur place, on but et on attendit. On n’eut pas besoin d’attendre longtemps.
    Un type me demanda qui j’étais ; je lui répondis que j’étais les Unforgiven, et toi, putain, tu es qui ? Il dit qu’il était le sergent d’armes* des Sons of Silence. Je mentis et répliquai que je n’avais jamais entendu parler d’eux. Il comprit que je racontais des craques. Il dit qu’on devait ôter nos blousons, ne pas bouger et attendre que ses frères viennent nous botter le cul. Je lui dis d’aller se faire enculer, qu’on restait ou partait quand j’en avais envie, pas quand on nous en donnait l’ordre.
    C’était stupide. Soudain, on aurait pu entendre une mouche voler. Puis le silence fut rompu par le bruit des verrous de la porte principale.
    La plupart du temps, après avoir pris une raclée, les hommes racontent des conneries sur la taille de leur adversaire, affirment qu’ils n’avaient pas la moindre chance. Je ne suis pas une mauviette, mais ce type était un vrai colosse : un mètre quatre-vingt-quinze et un peu moins de cent cinquante kilos.
    Il arma le bras et me balança un coup de poing destiné à me mettre K-O. Ma tête fut projetée en arrière comme celle d’une poupée de chiffon. Babyface me dit plus tard qu’il avait vu mes yeux se révulser au moment où le type m’avait frappé. Je basculai et seule une colonne, qui se trouvait au milieu du bar, me permit de rester debout.
    Moins de cinq secondes plus tard, Babyface prit un coup de coude tandis que Chrisser et moi défendions notre vie face à tous les clients de l’établissement : mecs, nanas, tout le monde. Queues de billard, verres, chaussures renforcées de métal, lampes-torches. Nous avions deux gars, dehors, qui parvinrent finalement à entrer et nous aidèrent à mettre un terme à la bagarre, mais on prit une dérouillée. On fit une si forte impression que le président des Sons, quand il fut mis au courant des événements, dit : Je sais pas qui sont ces mecs, mais ils devraient faire partie de notre club. Le prix à payer pour cette marque de respect consista à pisser du jus de raisin pendant environ une semaine.
    C’est pourquoi j’aime le jardinage, et j’en fis beaucoup pendant ce week-end d’août.
    La fin du week-end arriva, et tandis que je chargeais la Mercury, Jack me rejoignit en courant. Il leva la tête, tendit la main, me donna un petit caillou lisse provenant du jardin. Il le posa sur ma paume et replia mes doigts dessus. Il serra mon poing entre ses mains. C’était, pour un enfant de huit ans, un geste plein de maturité. Tout en souriant à mon fils, je me demandai ce que ce caillou signifiait au juste,

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