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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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dis aussi qu’il aurait pu avoir un peu plus d’argent à dépenser pour son anniversaire. Il exprima ses regrets, fit bon, l’année prochaine, l’année prochaine.
    J’en doutais.
     
    On regagna Bullhead reposés et prêts à foncer.
    On estimait, Slats et moi, que l’affaire de recouvrement proposée par Smitty était un cadeau, une occasion en or de renforcer ma crédibilité. En fait, c’était idéal, puisqu’on éviterait au type un passage à tabac inévitable. On décida de faire traîner, pour voir si on pouvait tirer davantage d’informations de Smitty. Nous étions des professionnels. Il fallait que je donne l’impression de vouloir savoir à quoi je m’engageais avant de me lancer.
    Quelques jours après notre retour de Dago, en compagnie de Timmy, je retrouvai Smitty sur le parking du Sand Bar Tavern. On se serra la main et Smitty nous demanda de suivre son pick-up blanc jusque chez lui.
    Les Smith habitaient un joli quartier populaire de mobile homes confortables et de petits ranchs. Leur rue s’appelait Swan Road {25} . Cela me plut.
    On s’arrêta devant la maison aux environs de vingt heures trente. La journée avait été torride : entre 40 et 45 degrés. De la lumière traînait encore dans le ciel, comme prise au piège par la chaleur, et Lydia, dans la cour, arrosait ses plantes. C’était une jolie cour. Carillons en verre de mer {26} , mobiles excentriques, pierres peintes, nains de jardin. Un signe de la paix en néon rouge, blanc et bleu était appuyé contre le flanc de la maison. Aucun de ces objets ne semblait luxueux.
    Lydia nous fit signe de la main quand on arrêta les motos. On fit de même. Elle semblait heureuse, ne paraissait ni défoncée ni avoir la gueule de bois. Elle portait un short en jean noir et une chemise nouée sous le sternum. Ses cheveux bruns étaient coiffés en queue de cheval. C’était sa tenue de jardinage.
    — Salut, Lydia. La cour est chouette. J’adore les nains, dis-je.
    — Merci, Bird. Salut, Timmy.
    Timmy la salua puis on gravit les marches en bois du perron, où Smitty nous faisait signe de le rejoindre.
    L’intérieur de la maison était propre et rangé. Les murs et les tables basses étaient couverts de souvenirs liés aux Hells Angels – plaques, trophées, articles de journaux et nécrologies encadrés, dessins –, et dans le séjour, près de la télévision, il y avait un moniteur en noir et blanc dont l’image était divisée en quatre. Trois carrés montraient l’extérieur de la propriété des Smith, le quatrième était noir. Lydia jardinait dans le carré inférieur gauche.
    Smitty nous montra la table de la salle à manger tout en sortant deux Coor Light du frigo. Il nous les donna et on les ouvrit. Il se servit ensuite un Crown au Coca, puis il s’assit près de nous. Lydia rentra et alla dans la cuisine.
    Smitty raconta qu’il s’était disputé, au travail, avec un collègue dont le fils s’était tué sur une moto qu’il lui avait vendue. Il fixa son Crown et Coca comme si c’était un oracle et ajouta :
    — Mon vieux, il y a trop de morts autour de moi depuis quelque temps. Laughlin, le fils d’un frère qui a été tué récemment, ce gamin. C’est trop, mon vieux, c’est trop.
    On ne dit pas grand-chose. On était des durs habitués à la mort et à son absurdité. Du point de vue de Smitty, nous étions des tueurs à gage… qu’est-ce que quelques morts de plus ou de moins pouvaient nous faire ?
    Il perçut notre indifférence, se redressa.
    — Je n’aime pas la mort, vous voyez ? Sauf si j’en suis la cause. Vous voyez.
    Il changea de sujet et nous parla du recouvrement. Il concernait huit mille dollars contestés qu’un nommé Porter devait à une femme que Smitty appelait « Crazy Carol ». L’affaire était en cours d’instruction, Carol ayant porté plainte contre Porter. Il nous donna un numéro de dossier et l’adresse du type.
    Soudain, Dennis entra sans avoir frappé.
    Personne ne parut étonné. Peut-être Smitty l’avait-il vu grâce au système de surveillance. Dennis alla dans la cuisine, prit une bière puis s’installa. Smitty lui demanda s’il connaissait Porter et Dennis répondit que non.
    Dennis était trempé de sueur et nerveux. Il prit sa bière, ouvrit la porte, regarda d’un côté et de l’autre puis descendit les marches.
    Après son départ, Lydia demanda :
    — Bird, tu sais comment on surnomme Dennis ?
    — Non.
    — Chef-Boy-Ar-Dee {27} ,

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