No Angel

informations qu’il détenait concernaient les Mongols de Kingman. Apparemment il connaissait leurs noms ainsi que leurs adresses, et les Angels tenaient absolument à les avoir. Surtout Joby.
    — Fils de pute. Ce Vert est un fils de pute. J’en ai rien à foutre. S’il déconne, je le buterai personnellement.
    Joby était venu de Kingman au volant de son pick-up et avait apporté avec lui le fusil de chasse qui s’y trouvait. Il visa la maison voisine.
    Dennis gémit vaguement.
    Joby fourra un morceau de steak saignant dans sa bouche. Tout en mastiquant, il dit :
    — Et il paraît que les Mongols fabriquent de la meth. Qu’ils en dealent et tout. Faut que je tue ces fils de pute. Faut !
    Dennis glapit :
    — Faut buter ces donneuses !
    Ils étaient saouls. Joby faisait une de ses crises de folie meurtrière… Son bon sens s’était évanoui. D’une façon perverse, cela me fit plaisir. J’étais heureux de piéger ces types. C’étaient de vrais affreux. Moi aussi j’étais un peu ivre.
    On finit la soirée à l’Inferno. JJ, Dolly et Lydia étaient comme des sœurs. Quand on se sépara, Lydia me souffla à l’oreille :
    — J’adore JJ, Bird, je l’adore.

21
 
CONSEILS
    Novembre 2002
     
    Le 9, JJ nous quitta pour deux semaines. Elle devait revenir le 30, pour la fête des Nomads.
    Après son départ, l’équipe fit le point sur son premier week-end. Slats, en particulier, estimait que c’était une réussite. Il constata avec satisfaction qu’il ne s’était pas bagarré en vain.
    Il était également soulagé – et je l’étais aussi – du fait que Rudy était hors course ; mais les difficultés liées à Rudy tourmentaient davantage Slats. En fait, c’est lui qui était responsable de Rudy, pas moi. Selon l’idée qu’il se faisait, il était responsable de nous tous.
    Je demandai à l’équipe s’il était possible de tirer immédiatement profit de l’arrestation de Rudy.
    L’esprit vif de Slats trouva le truc. Il fit nous remarquer que même si Smitty nous appréciait beaucoup, c’était en réalité Bad Bob qui s’était cassé le cul au profit des Solo Nomads. Tout le monde fut d’accord. Je dis que, d’après moi, c’était parce que Smitty et Bad Bob voulaient tous les deux qu’on devienne des prospects – j’étais convaincu que, de leur point de vue, nous étions les meilleurs candidats qu’ils aient trouvés depuis une éternité –, mais ils s’y prenaient différemment. Je crois que, puisque nous étions de Bullhead, Smitty avait cru que nous pourrions rester son petit secret. Ça n’avait pas marché. Nous étions allés à Mesa, où Bob s’était donné pour objectif de nous intégrer à son groupe, de profiter de son poste de président de Mesa pour se porter garant de nous et, par conséquent, de faire de facto de Mesa le chapitre que nous choisirions le jour où nous renoncerions à « Solo » et ajouterions « Hells » à notre nom d’Angels (et c’est « Hells », et non « Hell’s », l’explication officielle étant qu’il y a plus d’un enfer, que cela dépend simplement de qui l’on est et où l’on est). Bob n’avait pas encore exprimé ouvertement son désir de nous voir changer de club, mais je sentais que c’était ce qu’il souhaitait. J’étais persuadé que Smitty et Bad Bob se livraient une bataille souterraine en vue d’emporter notre décision.
    Et d’être aimés.
    Comme Bad Bob était officiellement président d’un chapitre, Slats me suggéra de lui demander conseil sur la gestion du club en l’absence de Rudy. Slats voulait que j’aille le voir et lui dise : « Salut, Bob, tu fais ça depuis des années. Je te serais vraiment reconnaissant – je serais honoré – si tu pouvais m’aider et me dire tout ce que je dois savoir sur la direction d’un club. En fait, j’ai beaucoup de chance de te connaître et je me suis dit que je pourrais te demander des infos. Si ça ne t’ennuie pas. »
    Je trouvai l’idée géniale. Je téléphonai à Bob le jour même, lui exposai la situation et lui demandai quand on pourrait se voir. Il proposa le 13, pour le petit déjeuner, au Five and Diner de Chandler.
    Je répondis que c’était super.
    On s’installa dans un box discret du fond. Notre commande arriva rapidement : omelette au fromage et hash brown pour nous deux, café pour moi, thé glacé pour lui. Après être revenu sur ce qui était arrivé à Rudy, Bad Bob mit les choses au