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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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installées dans un salon de thé face au théâtre,
entourées de paquets. À une table voisine, elles aperçurent leur cousine
Corinne Delmas, qui venait d’épouser un riche propriétaire de Pauillac, et deux
de ses amies. Les trois jeunes femmes chuchotèrent vivement en reconnaissant
Léa et Françoise. Cette dernière rougit et baissa la tête, tandis que Léa les
regardait d’un air effronté.
    — Quel culot ! s’exclama une des
amies de Corinne à haute voix.
    — Comment osent-elles se montrer ?
fit l’autre.
    — Nous ne les voyons plus, s’empressa
de dire Corinne.
    — Partons, dit Françoise devenue très
pâle.
    — Pas question, fit Léa, les yeux
assombris.
    — Mes enfants, pas d’esclandre, murmura
Albertine.
    Léa se leva et se dirigea vers la table des
trois jeunes femmes.
    — Bonjour, Corinne. Le mariage semble
te réussir, tu as une mine superbe. La dernière fois que je t’ai vue avec oncle
Luc, tu étais plus maigre. Bonjour, mesdames.
    — Bonjour.
    — Françoise se marie dans trois
semaines, bien entendu tu es cordialement invitée avec ton mari.
    — Félicitations, balbutia Corinne, je
ne sais pas si ce sera possible.
    — Essaie, ma chérie, cela nous ferait
tellement plaisir. Au revoir, je te laisse, nous avons tant à faire. À bientôt,
tu recevras un faire-part.
    — Au revoir.
    Contente d’elle, Léa regagna sa table.
    — Je l’ai invitée à ton mariage.
    — Tu n’as pas fait ça ?
    — Rassure-toi, elle ne viendra pas ;
mais je ne suis pas mécontente d’avoir mis cette pimbêche dans l’embarras.
    — C’est moi que tu mets dans l’embarras,
dit Françoise tristement.
    — Pardonne-moi, petite sœur, je n’ai
pas voulu cela.
    — Garçon, l’addition, demanda Albertine.
    Parties dans la joie et les bavardages, elles
rentrèrent en silence, chacune perdue dans ses pensées.
    Enfin, le
lendemain, en fin de journée, François Tavernier et Laure arrivèrent en compagnie
de Sarah Mulstein et de Daniel Zederman. Depuis le début de l’après-midi, Léa
guettait leur arrivée, postée à l’entrée de Montillac, au bord de la route… Quand
la voiture entra, dans sa hâte, elle faillit passer sous les roues. Le
conducteur l’évita de justesse et sortit furieux du véhicule :
    — Mademoiselle, vous êtes complètement
folle, j’aurais pu vous écraser.
    La déception se peignit sur les traits de
Léa.
    — Mais ce n’est pas…
    — Je suis là.
    — Oh, François, j’ai cru que tu n’étais
pas venu !…, Qu’as-tu ? Tu as mal à la tête ?
    —  à cause de ta précipitation et du coup de frein de Daniel, je me suis cogné
contre le pare-brise.
    — Oh, je suis désolée, dit Léa en
éclatant de rire.
    François lui lança un regard furieux.
    — C’est tout l’effet que cela te fait ?
    Léa rit de plus belle, imitée par Laure et
Daniel puis par Sarah qui venaient de descendre à leur tour. Tavernier prit un
air menaçant ce qui redoubla l’hilarité. Bientôt lui aussi fut gagné par le
fou-rire. C’est en riant qu’il prit Léa dans ses bras.
    — Petite emmerderesse, toujours à te
mettre en travers de ma route, dit-il avec tendresse.
    Sarah s’avança vers eux, souriante sous son
turban noir.
    — Léa, je te remercie, c’est la
première fois que je ris de bon cœur depuis la guerre. Viens que je t’embrasse.
    Les deux amies s’étreignirent sans chercher
à dissimuler leur émotion.
    — Je comprends votre préférence, murmura
Daniel à François. Votre amie est magnifique.
    — Attention, ne tombez pas amoureux, sinon
vous aurez affaire à moi.
    — Pour une femme comme celle-ci, je
serais capable d’affronter pire que vous.
    Le ton avec lequel il prononça ces paroles, les
regards émerveillés qu’il lançait à Léa lui furent désagréables. « Il ne
manquerait plus que je sois jaloux », pensa-t-il.
    — Ma chérie, j’ai amené mon cousin
Daniel Zederman. C’est un peu cavalier. J’espère que tu ne m’en veux pas.
    — Mais non, la maison est grande.
    Laure courait déjà vers la propriété. Accrochée
aux bras de Sarah et de François, Léa allait rayonnante vers la maison.
    — Je suis heureuse de connaître enfin
ce Montillac dont tu me parlais tant. Je comprends que tu l’aimes, tout est si
harmonieux, si évident, si naturel avec cependant comme une sorte de réserve. C’est
une demeure qui ne doit pas se donner à n’importe qui, dit Sarah.
    Léa la regarda

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