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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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se hâta d’intervenir
le docteur Donaldson. Miss Hale a suivi mes consignes. Peut-être ont-elles
été mal inspirées, mais cruelles, non. Je suis sûr que demain, vous ne reconnaîtrez
plus la malade. Elle a eu des convulsions, comme je le craignais, sans en avoir
parlé à Miss Hale. Elle a pris le sédatif que j’ai apporté, et dormira longtemps.
Demain, cette expression qui vous a tant alarmés aura disparu.
    — Mais non le mal ?
    Le docteur Donaldson jeta un coup d’œil à Margaret. En voyant
son attitude, tête penchée et visage levé, cet observateur perspicace de la nature
humaine comprit qu’elle n’attendait aucun répit provisoire, et préférait connaître
toute la vérité.
    — Non, pas le mal. Malgré les techniques dont nous sommes
fiers, nous ne pouvons rien contre le mal. Nous ne pouvons que ralentir ses progrès,
atténuer la douleur qu’il provoque. Soyez courageux, monsieur, conduisez-vous en
chrétien. Ayez foi en l’immortalité de l’âme qu’aucune douleur, aucune maladie mortelle,
ne peut ni attaquer, ni affecter !
    Pour toute réponse, il obtint ces mots articulés d’une voix étranglée :
    — Vous n’avez jamais été marié, docteur Donaldson. Vous
ne savez pas ce que c’est.
    Puis des sanglots profonds, virils, déchirèrent le calme de la
nuit comme les lourdes pulsations d’une douleur intolérable.
    Margaret s’agenouilla à côté de son père et lui prodigua des
caresses éplorées. Personne, pas même le docteur Donaldson, ne sut comment s’écoulèrent
les instants qui suivirent. Mr Hale fut le premier à oser parler des impératifs
du présent.
    — Que devons-nous faire ? demanda-t-il. Dites-le-nous
à tous les deux. Margaret est mon soutien, mon bras droit.
    Le docteur Donaldson donna des consignes claires et pleines de
bon sens. Il n’y avait aucune crainte à avoir pour la nuit, et le lendemain devait
être paisible, comme d’ailleurs de nombreux jours à venir encore. Mais il n’y avait
pas d’espoir durable de rétablissement. Le médecin conseilla à Mr Hale d’aller
se coucher et de laisser une seule personne veiller sur le sommeil de la malade
qui, il l’espérait, serait paisible. Il promit de revenir de bonne heure dans la
matinée. Et, après leur avoir serré chaleureusement la main, il prit congé.
    Ils n’échangèrent que peu de mots, trop épuisés par le choc pour
décider d’autre chose que de la marche à suivre dans l’immédiat. Mr Hale tenait
à rester présent toute la nuit, et Margaret eut toutes les peines du monde à le
convaincre de s’étendre sur le canapé du salon. Dixon refusa tout net d’aller se
coucher ; quant à Margaret, il était tout bonnement impensable qu’elle pût
quitter sa mère, quand bien même tous les docteurs du monde lui eussent recommandé
de « ménager ses forces », en affirmant qu’il était « inutile que
la malade fût veillée par plus d’une personne ». Dixon s’installa donc dans
un fauteuil ; ses yeux devinrent fixes, papillotèrent, puis ses paupières se
fermèrent, mais elle se ressaisit avec un sursaut à plusieurs reprises, avant d’abandonner
la partie et de se mettre à ronfler. Margaret avait ôté sa robe, la jetant de côté
d’un geste impatient mêlé de dégoût, et passé sa robe de chambre. Elle avait l’impression
qu’elle ne dormirait plus jamais, que tous ses sens étaient d’une importance vitale,
et doublement aiguisés afin de mieux veiller. Chaque son, chaque image, chaque pensée
même, touchait un nerf au vif. Pendant plus de deux heures, elle entendit son père
s’agiter dans la pièce voisine. Il allait sans cesse à la porte de la chambre de
sa femme et s’arrêtait pour écouter. Margaret, qui ne s’était pas rendu compte qu’il
était là, tout proche et invisible, finit par aller ouvrir et lui donna des nouvelles,
en réponse aux questions que ses lèvres desséchées pouvaient à peine formuler. Enfin,
il s’endormit lui aussi et l’on n’entendit plus un bruit dans la maison. Assise
derrière le rideau, Margaret réfléchissait. Ce qui l’avait occupée ces derniers
jours lui paraissait très loin dans l’espace et dans le temps. Il n’y avait pas
plus de trente-six heures, elle s’inquiétait pour Bessy Higgins et pour son père,
et son cœur saignait pour Boucher ; à présent, ces émotions ressemblaient au
vague souvenir d’une vie antérieure. Tout ce qui s’était passé hors de la maison
semblait

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