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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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l’écriture plus soignée ;
Mr Hale était envoyé au coin comme un enfant dissipé, pour avoir renoncé à
sa cure), parce qu’il réprouve sans doute la guerre, les soldats et les fanfares.
Je sais en tout cas que de nombreux dissidents sont membres de la Société pour la
Paix [73] .
Je crains qu’il n’aie pas envie de se joindre à nous. Mais s’il le souhaitait, ma
chère Margaret, dis-lui, je te prie, que Cosmo et moi ferons de notre mieux pour
qu’il soit heureux parmi nous. Je cacherai l’habit rouge de Cosmo et son épée, et
je demanderai à la fanfare de jouer toutes sortes d’airs graves et solennels ;
ou s’ils sacrifient aux pompes et aux vanités, ce sera sur un tempo très lent. Chère
Margaret, s’il souhaite venir avec ma tante et toi, nous nous efforcerons de rendre
son séjour agréable, encore que j’aie un peu peur d’un homme capable de tout sacrifier
pour des raisons de conscience. J’espère bien que tu n’as jamais rien fait de semblable.
Dis à ma tante de ne pas s’encombrer de vêtements chauds, quoique la saison risque
d’être fort avancée quand vous viendrez. Mais vous n’avez aucune idée de la chaleur
qu’il fait ici ! L’autre jour, j’ai voulu porter mon superbe châle d’Inde pour
un pique-nique. Aussi longtemps que j’ai pu, je me suis confortée dans ma résolution
avec des proverbes : « Il faut souffrir pour être belle » et autres
maximes pleines de sagesse ; mais en vain. Je ressemblais à la petite chienne
de maman, Menue, sous le harnachement d’un éléphant : étouffée, cachée, anéantie
par ma parure ; alors, j’en ai fait un tapis sur lequel nous nous sommes tous
assis, ce qui était parfait. Voici qu’on m’apporte mon petit garçon, Margaret –
si tu ne fais pas tes bagages en recevant cette lettre pour venir immédiatement
le voir, je me dirai que tu descends en ligne directe du roi Hérode !
    Margaret aurait donné cher pour vivre une journée de la vie d’Edith,
avec son absence de soucis, sa maisonnée si joyeuse, ce ciel toujours bleu. Si un
souhait eût pu la transporter, elle se fût envolée. Pour une journée, pas davantage.
Elle aurait eu tant besoin de la force qu’un tel changement lui eût procurée, en
la plongeant quelques heures seulement dans cette existence brillante où elle se
fût à nouveau sentie jeune. Elle n’avait pas vingt ans, mais avait dû subir tant
de contraintes douloureuses qu’elle se sentait vieille. Tel fut son premier sentiment
après avoir reçu la lettre d’Edith. Puis elle la relut et, oubliant ses soucis,
s’amusa de trouver la missive si semblable à la personnalité de sa cousine. Toute
à sa lecture, elle riait de bon cœur lorsque Mrs Hale entra dans le salon,
appuyée sur le bras de Dixon. Margaret se précipita vers le divan pour arranger
les oreillers. Sa mère semblait plus faible encore qu’à l’ordinaire.
    — Qu’est-ce qui te fait rire, Margaret ? demanda-t-elle,
dès qu’elle eut repris son souffle après l’effort qu’elle avait dû faire pour s’installer
sur le canapé.
    — Une lettre que j’ai reçue ce matin d’Edith. Voulez-vous
que je vous la lise, maman ?
    Elle la lut tout haut, et pour une fois, sa mère parut intéressée.
Elle se perdit en conjectures sur le prénom qu’Edith pouvait avoir donné à son fils,
suggérant tous les noms probables et toutes les raisons possibles pour lesquelles
on avait choisi tel ou tel. Au milieu desdites conjectures, Mr Thornton fit
son entrée, apportant une autre offrande de fruits à Mrs Hale. Il ne pouvait
– disons plutôt qu’il ne voulait – se refuser cette occasion de voir Margaret. Il
n’avait en cela d’autre but que la satisfaction du moment. Ainsi se manifestait
l’opiniâtreté profonde d’un homme parfaitement raisonnable et policé d’ordinaire.
Il entra, enregistrant d’emblée la présence de Margaret ; mais après un salut
froid et distant, il ne posa plus les yeux sur elle. Il ne resta que le temps d’offrir
ses pêches, en disant quelques mots aimables et bienveillants. Puis son regard froid
et blessé croisa à nouveau celui de Margaret pour un adieu grave lorsqu’il sortit
de la pièce. Elle se rassit, pâle et silencieuse.
    — Sais-tu que je commence à apprécier Mr Thornton,
Margaret ?
    Celle-ci ne répondit pas tout de suite. Enfin, elle se força
à articuler un « Vraiment ? » glacial.
    — Oui, vraiment. Je trouve que ses manières sont

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