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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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devenues
beaucoup plus courtoises.
    Margaret, dont la voix s’était raffermie, répondit :
    — Il est très aimable et attentionné, cela ne fait aucun
doute.
    — Je me demande pourquoi Mrs Thornton ne vient jamais.
Elle doit savoir que je suis malade, à cause du lit à eau.
    — Sans doute a-t-elle de vos nouvelles par son fils.
    — Peut-être, mais j’aimerais la voir. Tu as si peu d’amis
ici, Margaret.
    Margaret devina ce que sa mère avait en tête : le tendre
souci de s’assurer la sollicitude d’une autre femme envers sa fille, qui serait
bientôt orpheline. Mais elle fut incapable de répondre. Après une pause,
Mrs Hale reprit :
    — Crois-tu que tu pourrais aller demander à Mrs Thornton
de venir me voir ? Une seule fois. Je ne veux pas l’importuner.
    — Tout ce que vous voudrez, maman. Mais si... mais quand
Frederick viendra...
    — Ah, bien entendu ! Nous devrons tenir nos portes
fermées et ne laisser entrer personne. Je ne sais trop si je dois souhaiter sa venue
ou la redouter. Quelquefois, je me dis que je préférerais qu’il ne vienne pas. Quelquefois
aussi, j’ai des cauchemars épouvantables à son sujet.
    — Oh, maman ! Nous serons très vigilants. Je mettrai
mon bras en travers de la porte [74] plutôt que de le laisser encourir le moindre risque. Je veillerai sur lui comme
une lionne sur ses petits.
    — Quand pourrons-nous avoir de ses nouvelles ?
    — Sans doute pas avant une semaine, peut-être plus.
    — Nous devrons envoyer Martha chez elle à temps. Il faut
à tout prix éviter qu’elle se trouve ici lorsqu’il arrivera, ce qui nous obligerait
alors à la faire partir précipitamment.
    — Nous pouvons compter sur Dixon pour nous le rappeler.
Je me disais que si nous avons besoin d’aide à la maison pendant qu’il est là, nous
pourrions peut-être demander à Mary Higgins de venir. Elle a du manque à l’ouvrage,
et c’est une bonne fille, qui s’efforcerait de nous servir de son mieux. Elle rentrerait
coucher chez elle et ne monterait pas au premier, comme cela, elle ne saurait pas
qui est dans la maison.
    — Comme tu voudras. Comme voudra Dixon. Mais, Margaret,
ne prends pas l’habitude d’utiliser ces horribles expressions de Milton. « Du
manque à l’ouvrage », c’est une tournure très provinciale. Que dira ta tante
Shaw, si elle t’entend parler ainsi à son retour ?
    — Oh, maman, n’essayez pas de faire un épouvantail de ma
tante, dit Margaret en riant. Edith a pris une foule d’expressions militaires au
capitaine Lennox, et jamais ma tante n’y a prêté la moindre attention.
    — Mais toi, tu utilises l’argot de la filature.
    — Puisque j’habite dans une ville de filatures, je suis
bien forcée d’utiliser la langue des filatures si besoin est. Je pourrais vous citer
nombre de mots que vous n’avez jamais entendus, maman. Je suis sûre que vous ne
savez pas ce qu’est un « jaune ».
    — Non mon enfant. Tout ce que je sais, c’est que cela sonne
très vulgaire, et je ne veux pas l’entendre dans ta bouche.
    — Très bien, maman chérie. Je ne le prononcerai plus. Mais
je serai obligée d’avoir recours à une périphrase à la place.
    — Je n’aime pas cette ville, reprit Mrs Hale. Edith
a raison de dire que c’est la fumée de Milton qui m’a rendue si malade.
    Margaret sursauta en entendant la remarque de sa mère. Son père
venait juste d’entrer, et elle redoutait fort que les soupçons qu’il nourrissait
à propos de l’air de Milton et de son influence néfaste sur la santé de sa mère
ne s’aggravent et ne soient confirmés. Ne sachant pas s’il avait entendu la dernière
phrase de Mrs Hale, elle se mit à parler avec volubilité d’autres sujets, sans
s’apercevoir que Mr Thornton était derrière lui.
    — Maman m’accuse d’avoir appris beaucoup d’expressions vulgaires
depuis notre arrivée à Milton.
    Les « expressions vulgaires » dont elle parlait étaient
simplement des mots locaux, et elle avait repris ce qu’avait dit sa mère dans leur
précédente conversation. Mais le front de Mr Thornton s’assombrit et Margaret
comprit soudain que sa remarque pouvait prêter à confusion. Alors, naturellement
désireuse d’éviter de le froisser sans raison, elle se força à s’avancer pour le
saluer et continua à parler en s’adressant expressément à lui.
    — Dites-moi, Mr Thornton, quoi que le mot « jaune »
ne soit pas très élégant, n’est-il pas

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